Allergies alimentaires : pourquoi les tests sanguins sont-ils déconseillés ?

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En augmentation ces dernières années, les allergies alimentaires nécessitent une prise en charge spécifique, après un diagnostic en plusieurs étapes. Présentation de ces dernières et zoom sur les tests sanguins ou dosage sanguin des igE spécifiques. 

Allergies alimentaires : causes et symptômes

On parle d’allergie alimentaire lorsque la consommation d’un aliment provoque un ensemble de réactions immunitaires anormales. L’aliment concerné devient alors allergène et l’allergie se déclare au niveau de la paroi du tube digestif, en deux étapes : 

  • Un premier contact sans apparition de symptômes, mais qui provoque une sensibilisation de l’organisme à l’aliment, ainsi qu’une production d’anticorps dirigés contre lui.

  • Lors du deuxième contact, des cellules chargées de défendre l’organisme (les mastocytes) réagissent en libérant certaines substances qui provoquent des réactions telles que de l’eczéma ou une rhinite.

 

Les principaux symptômes de l’allergie alimentaire, outre la rhinite et la poussée d’eczéma, sont la crise d’asthme, une urticaire, ainsi que des troubles digestifs tels que des douleurs abdominales et des diarrhées, principalement.

 

L’allergie alimentaire est de plus en plus fréquente en France : la liste des aliments allergènes est d’ailleurs régulièrement révisée et augmentée. 

Les tests sanguins : une utilité controversée face aux allergies alimentaires

Également appelés dosages sanguins des IgE spécifiques, ces tests sont décriés par de nombreux professionnels de santé, dont des gastro-entérologues et des allergologues qui déconseillent de les prescrire. Selon eux, les tests sanguins proposés actuellement et dirigés contre certains aliments n’ont pas de réel intérêt médicalement parlant. En effet, les immunoglobines E spécifiques sont produites par les mastocytes lorsque ces dernières sont en contact avec des allergènes. 

Or, en réalité, dès la petite enfance notre organisme produit ce type d’anticorps, dirigés contre de nombreux allergènes provenant de l’environnement (comme les pollens) et qui peuvent être inhalés aussi bien que consommés. Par conséquent, la trace d’IgE dans l’organisme relevée lors des tests sanguins ne peut pas indiquer d’allergie à un aliment en particulier, puisque de nombreux allergènes fréquentés quotidiennement peuvent être impliqués. Plutôt qu’une allergie alimentaire avérée, la présence de ces marqueurs sanguins peut même révéler la présence d’une ancienne allergie désormais guérie, mais aussi d’une simple immunisation plutôt qu’une allergie.

Les tests sanguins pour dépister une allergie alimentaire sont donc déconseillés voire risqués sur le long terme. Et pour cause, la détection d’igG anti-aliments ou IgE conduit parfois chez les patients à des restrictions alimentaires strictes, pouvant entraîner des carences.

Diagnostic d’allergie alimentaire : 4 étapes indissociables

Les étapes du diagnostic des allergies alimentaires doivent être interprétées dans leur ensemble pour établir un diagnostic fiable. Pour rappel, les tests sanguins ne sont pas automatiques et même déconseillés.

#1 L’enquête alimentaire

Incontournable, l’enquête alimentaire prend la forme d’un interrogatoire mené par votre médecin traitant ou allergologue. Ce dernier vous questionne en détails sur : 

  • Vos antécédents personnels et familiaux d’allergies ; 
  • Les circonstances précises dans lesquelles sont apparus les symptômes allergiques (quels aliments ont été consommés, avec quelle composition, etc.) ;
  • Si vous suivez des traitements actuellement. 

 

Les étapes suivantes dépendent directement de vos réponses aux questions du médecin. C’est pourquoi il est essentiel d’y répondre aussi précisément et justement que possible.

#2 Les tests cutanés

Également nommés prick tests, ceux-ci consistent à mettre des allergènes en contact avec votre peau. A partir des informations que vous lui aurez transmises lors de l’enquête alimentaire, le médecin dépose quelques gouttes de chaque allergène suspecté sur votre peau. Avec une petite aiguille, il pique votre peau à-travers la goutte pour que cette dernière puisse légèrement y pénétrer. Au bout de 15 minutes, le médecin évalue la réaction provoquée par ces différents contacts, notamment en mesurant la rougeur et le gonflement qui en découlent. 

#3 Les tests sanguins

Si les tests cutanés ne sont pas réalisables ou si leurs résultats ne sont pas suffisamment concluants, un dosage des IgE spécifiques peut vous être prescrit. Ce test consiste en une prise de sang pour évaluer la quantité d’immunoglobines produites par le corps lors d’une réaction allergique. Cet examen, bien que déconseillé, peut néanmoins être utile au diagnostic s’il est associé aux étapes précédentes. Il peut également aider votre médecin à suivre l’évolution de votre allergie : si votre taux d’IgE diminue au fil du temps, cela signifie que votre organisme peut être devenu tolérant à l’allergène responsable de vos symptômes.

#4 L’éviction et réintroduction

Pour confirmer le diagnostic d’allergie alimentaire, ce test est un bon révélateur : il consiste à supprimer l’allergène suspecté de votre alimentation pendant 2 à 4 semaines, tout en observant l’évolution des symptômes en conséquence. Une fois ce délai écoulé, l’aliment concerné est réintroduit sous surveillance médicale, afin d’étudier si les signes d’allergie alimentaire réapparaissent également. 

 

Si votre allergie alimentaire est confirmée, votre médecin vous indique toutes les mesures à suivre au quotidien pour vous adapter à votre régime d’éviction et à votre traitement.