Briser le tabou de la perte auditive liée à l’âge : quand et comment réagir ?

De nombreux Français de tous âges sont concernés par la perte auditive, quelle qu’en soit la cause. Mais elle est bien sûr plus fréquente chez les seniors et nécessite une prise en charge rapide, associée à un suivi régulier. Explications.

La perte auditive, qu’est-ce que c’est ?

Légère ou sévère, la perte auditive se définit par une baisse de l’audition, et donc une difficulté à percevoir les sons. La perte auditive est encore un sujet tabou en raison du déni souvent opéré par les personnes qui sont touchées par ce trouble. Pourtant, les conséquences sont lourdes sur le long terme, d’autant plus si la prise en charge est tardive. 
Bien que les troubles de l’audition puissent exister dès la naissance, ils augmentent d’autant plus avec l’âge : 65% des plus de 65 ans sont concernés, d’après l’Inserm. Au total, 10% des Français sont touchés, d’après l’Assurance maladie. Et sur l’ensemble de la population atteinte, seulement 17% portent un appareil auditif. 

 Les différents types de perte auditive chez les seniors

Il existe deux types de surdité : la surdité de transmission et la surdité de perception. La première s’explique par un problème de transmission du son dans l’oreille externe et moyenne qui peut être causé par :

• Un bouchon de cérumen. 

• La présence d’un corps étranger.

• Les séquelles d’un précédent traumatisme. 

• La dégénérescence et le blocage des osselets de l’oreille moyenne : l’otospongiose, une maladie osseuse de l’oreille dans laquelle l’os normal est progressivement remplacé par un os de mauvaise qualité qui finit par bloquer les osselets. 

La surdité de perception regroupe des anomalies qui se produisent au moment où le son est transformé en influx nerveux puis interprété par le cerveau. Elle est généralement causée par des maladies de l’oreille interne. Cette dernière est également responsable de l’équilibre, pour rappel. Là aussi, plusieurs causes peuvent l’expliquer : 

• L’exposition prolongée aux bruits (en particulier s’ils sont forts) : cela détruit peu à peu les cellules de l’oreille interne, jusqu’à une surdité irréversible.

• Une exposition professionnelle à certains toxiques comme les solvants aromatiques, le monoxyde de carbone et l’acide cyanhydrique peuvent aggraver l’effet du bruit sur la perte auditive.

• Certains médicaments : les antibiotiques de la famille des aminosides, l'acide salicylique, des diurétiques et certains médicaments utilisés dans le traitement des cancers peuvent s’avérer temporairement ou définitivement toxiques pour l’oreille interne. 

• Un traumatisme de l’oreille interne qui peut être causé lors de l’exercice de plongée sous-marine, par exemple.

• La maladie de Ménière : elle se définit par une augmentation de la pression dans le labyrinthe de l’oreille qui entraîne des lésions à long terme. Crises de vertiges, nausées, acouphènes et bien sûr baisse de l’audition en sont les symptômes. 

Zoom sur la presbyacousie : la perte auditive liée à l’âge

Également appelée hypoacousie, la perte auditive est alors de 0,5 décibel par an à partir de 65 ans. Dès 75 ans, c’est 1 décibel par an de perdu, puis 2 décibels par an à partir de 85 ans. En parallèle, le seuil acoustique augmente et la perception des sons aigus diminue. Ce trouble s’explique par le vieillissement naturel de l’oreille, mais cela n’empêche pas que d’autres causes puissent lui être associées : exposition au bruit, traumatismes, etc. 

Quels signes doivent vous faire penser à une perte auditive ?

Chez l’adulte et en particulier senior, certains signes sont caractéristiques d’une perte auditive : 

• Vous devez tourner la tête pour écouter avec l’oreille qui entend le mieux ;

• Vous craignez de mal comprendre ce que dit votre interlocuteur et vous le faites souvent répéter ;

• Vous répondez parfois à côté par rapport à la question qui vous a été posée ;

• Le téléphone est problématique : vous avez du mal à entendre les sons qu’il émet et n’entendez pas toujours la sonnerie ;

• Vous êtes mal à l’aise en milieu bruyant et avez du mal à suivre une conversation quand plusieurs personnes parlent en même temps ;

• Vous augmentez le son de la télévision et de la radio ;

• En extérieur, vous n’entendez pas toujours arriver un véhicule ni le chant des oiseaux.

Perte auditive : quelle prise en charge ?

Le premier réflexe si vous subissez ces symptômes est de consulter votre ORL. Ce dernier procède à un examen des tympans permettant de révéler une surdité de transmission. Ce spécialiste effectue d’autres examens complémentaires : 

• Une audiométrie : un examen qui permet de mesurer à quelle intensité minimale un son est perçu à différentes fréquences. 

• Une mesure des potentiels évoqués auditifs : l'analyse objective électrique de l'audition.
  D’autres examens sont prescrits si vos symptômes s’accompagnent de vertiges. 

Quand consulter en cas de perte auditive ?

La perte auditive est un symptôme qui, dans tous les cas, doit vous amener à consulter un ORL, en particulier s’il s’accompagne de :

• Vertiges ; 

• Acouphènes ;

• Bouchons de cérumen réguliers ;

• Antécédents d’otites ;

• Exposition au bruit ; 

• Si des membres de votre famille ont subi une perte auditive avant l’âge de 50 ans ; 

•  Si vous avez pris des traitements à risque pour l’oreille interne.

Mais cette consultation est plus ou moins urgente, en fonction de votre situation. Consultez en urgence si : 

•  La perte auditive survient brutalement ; 

• Vous venez de subir un traumatisme crânien ;

• Vous venez de vous exposer à un bruit intense ;

• Vous ressentez des douleurs aux oreilles ;

• Vous avez de la fièvre ;

• Il y a un écoulement de pus ou de sang par l’oreille ;

• La perte auditive s’accompagne d’une paralysie faciale.

Perte auditive : 7 conseils pour la limiter 

Certaines habitudes peuvent vous aider à prévenir ou à limiter la perte auditive : 

• Bannissez le coton-tige de votre toilette auriculaire ou si vous ne pouvez pas vous en passer, ne l’introduisez pas à l’intérieur de votre oreille. 

• Pour vous nettoyer les oreilles, utilisez les coins d’une serviette humide (et propre, évidemment). 

• Evitez de mettre la tête sous l’eau pour préserver vos tympans.

• Evitez certains médicaments sans l’avis de votre médecin ou pharmacien : aspirine, anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS)...

• Evitez de vous exposer au bruit de manière prolongée et si vous ne pouvez faire autrement, protégez vos oreilles avec des bouchons d’oreille ou un casque anti-bruit. 

• Si vous écoutez de la musique dans des écouteurs, mettez le volume aussi bas que possible.

• Si vous êtes régulièrement en contact avec du bruit, réservez-vous des moments de silence dans la journée, pour reposer vos oreilles.