Fertilité : tout ce que vous avez toujours voulu savoir

Comment augmenter ses chances de concevoir un enfant ? Quels sont les freins et obstacles et comment y remédier ? État des lieux, solutions et perspectives pour la fertilité.

Fertilité : pourquoi ça bloque ?

La fertilité se définit comme la capacité biologique d’un homme et d’une femme à concevoir un enfant. Or, un couple sur quatre est aujourd’hui concerné par l’infertilité en France et la fécondité est en baisse chez les deux sexes. La fertilité est devenue un véritable enjeu de santé publique. 

On parle d’infertilité lorsqu’un couple ne parvient pas à concevoir un enfant malgré des rapports sexuels réguliers, au bout de 12 mois de tentatives. Environ 10 % des couples restent infertiles après 2 ans d’essais. Cette infertilité peut être d’origine masculine, féminine, ou les deux. Dans un quart des cas, on parle d’infertilité inexpliquée. Il faut dire qu’elle peut être provoquée par de nombreux facteurs. 

Infertilité : des causes environnementales à ne pas négliger

Pour de nombreux médecins experts de la procréation, l’augmentation de l’infertilité va de pair avec la crise environnementale. Et pour cause, de nombreux polluants sont notamment des perturbateurs endocriniens, lesquels interfèrent directement avec le fonctionnement du système hormonal. Plus précisément, ces substances se fixent sur les récepteurs d’hormones sexuelles et thyroïdiennes, ce qui provoque des impacts considérables sur la fertilité. Aliments, emballages, produits ménagers, matériaux de construction, engrais… Les perturbateurs endocriniens ont envahi les villes aussi bien que les campagnes. Leurs effets sur la santé sont déjà perceptibles : 

• Augmentation des cas d’endométriose.
• De dérèglements ovariens.
• De testicules ectopiques (lorsqu’un des testicules est absent des bourses et situé en-dehors du trajet normal de migration).
• Du nombre de fausses couches.
• Diminution des formes normales de spermatozoïdes, etc.

En parallèle, le stress pourrait jouer un rôle important dans l’infertilité, entraînant des réactions physiologiques et psychologiques bloquantes. Enfin, le tabagisme (actif et passif), la consommation excessive d’alcool, la prise de drogues et de certains médicaments peuvent aussi influencer la fertilité.

Infertilité : quand la santé s’en mêle

Certains problèmes de santé et pathologies peuvent aussi favoriser l’infertilité. Le surpoids et l’obésité, notamment, risquent d’altérer la qualité du sperme et favorisent l’apparition de certains troubles hormonaux chez la femme, tel que le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK). Ici, l’un des ovaires sécrète des androgènes en excès, ce qui provoque une accumulation anormale de follicules (futurs ovules) dans ce dernier, pouvant entraîner des troubles de l’ovulation et donc de la fertilité.

Les troubles de l’ovulation sont d’ailleurs nombreux et d’origines diverses. Ils se manifestent par des règles absentes ou irrégulières ; des cycles menstruels anormalement courts ou longs. Parmi les plus courants, on distingue : 

• L’anovulation : absence d’ovulation
• La dysovulation : ovulation raréfiée
• L’insuffisance ovarienne : le stock de follicules (présent dès la naissance) diminue dans les ovaires. Si ce phénomène est attendu une dizaine d’années avant la ménopause, il survient parfois de façon précoce et donc anormale. 
• Le SOPK, précédemment décrit et qui entraîne une augmentation de la production de testostérone, normalement présente en quantité restreinte chez les femmes.
• Un trouble hypothalamo-hypophysaire qui se développe à partir du système central (autrement dit, du cerveau) et peut se rencontrer chez une patiente hyperactive notamment. Ce trouble est la conséquence d’une défaillance neuronale. 
• Une anomalie des hormones thyroïdiennes (hypothyroïdie et hyperthyroïdie) peut également entraîner un trouble de l’ovulation.

Mais d’autres troubles ou pathologies peuvent également entraîner l’infertilité chez une femme : 

• L’endométriose : en hausse ces dernières années, cette pathologie se définit par la migration de certaines cellules de l’endomètre vers d’autres organes environnants. Mais ces cellules continuent de réagir aux différentes fluctuations du cycle menstruel.
• Une obstruction des trompes de Fallope : l’ovule est freiné, voire bloqué dans l’une des trompes, ce qui rend sa rencontre avec les spermatozoïdes impossible. Plusieurs facteurs peuvent expliquer la survenue de ce trouble (inflammation, endométriose, infection sexuellement transmissible…). 
• Un déséquilibre hormonal, en particulier lorsqu’il touche les hormones ovariennes (FSH, LH, progestérone et œstradiol). 
• Une anomalie de l’utérus ou du col de l’utérus, qui peut être congénitale, d’origine infectieuse ou survenir à la suite d’une intervention chirurgicale. 

Du côté des hommes, les causes d’infertilité sont également nombreuses. Près de 40 % des infertilités sont d’ailleurs d’origine masculine. La principale cause est la perte de qualité du sperme, ce qui a pour conséquence la présence de spermatozoïdes moins nombreux, moins mobiles ou de forme anormale. 

Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés : 

• Génétique : certains troubles hérités ou causés par une mutation génétique peuvent entraîner des perturbations de la spermatogénèse : microdélétion du chromosome Y (petites pertes de portions du chromosome), fibrose kystique ou syndrome de Klinefelter.
• Une infection telle que la chlamydia (infection sexuellement transmissible), une infection urinaire provoquée par un staphylocoque, ou encore une infection de la prostate.
• Neurologique : une lésion de la moelle épinière peut notamment provoquer l’anéjaculation (absence d’éjaculation malgré l’érection) ou une éjaculation rétrograde (le sperme est expulsé vers la vessie). Certaines perturbations hormonales empêchant la fertilité peuvent aussi être provoquées par le système nerveux central (cerveau).
• Vasculaire : la varicocèle en particulier entraîne la dilatation des veines du cordon spermatique (situé au-dessus et autour des testicules) et donc un mauvais fonctionnement des valves présentes dans ces veines. Cette anomalie peut avoir un impact sur la production de spermatozoïdes 
• Médical : à la suite d’une intervention chirurgicale de type vasectomie, ou d’un traitement de chimiothérapie, radiothérapie…  

Fertilité : l’âge compte !

L’âge a bien un impact considérable sur la fertilité, aussi bien pour la femme que pour l’homme. La moyenne d’âge des couples qui consultent un médecin spécialiste de la procréation est en constante augmentation (36,6 ans actuellement), de même que les problèmes de santé qui en découlent et freinent leur fertilité. 

Si cette dernière baisse à partir de 35 ans chez la femme, c’est aussi le cas pour l’homme, bien que ce soit à un âge plus tardif (à partir de 45 ans). L’âge tardif a en outre des conséquences négatives sur la future grossesse, puisqu’il multiplie par deux les risques de fausse couche, notamment. 

En résumé, pour augmenter ses chances de concevoir un enfant, les professionnels de santé sont unanimes : mieux vaut essayer en étant jeune si on le peut !

Comment améliorer votre fertilité ?

Rassurez-vous, l’infertilité est rarement irrémédiable. En effet, des solutions naturelles comme médicales existent pour l’améliorer.

10 conseils pour améliorer naturellement votre fertilité

En plus de l’âge à prendre en compte, vous pouvez influencer positivement votre fertilité en suivant certaines recommandations. Si le bébé tarde à venir malgré tout, les femmes peuvent consulter leur gynécologue à partir de 12 mois d’essais infructueux (pour un couple jeune et sans antécédents). 

• Ayez des rapports sexuels réguliers (2 à 3 par semaine), bien qu’il ne s’agisse pas de les effectuer « mécaniquement », en ne pensant qu’à votre projet de concevoir. 
• Evitez de vous focaliser sur votre désir d’enfant : plus facile à dire qu’à faire, et pourtant l’aspect psychologique peut provoquer un impact considérable sur votre fertilité. 
• Apprenez à connaître votre corps, et plus particulièrement le cycle menstruel. Certains indicateurs (comme l’aspect de la glaire cervicale ou la température corporelle) peuvent aider le couple à déterminer le moment le plus opportun pour tenter de concevoir un enfant.
• Arrêtez de fumer : le tabac peut influencer l’ovulation, mais aussi la qualité des spermatozoïdes. 
• Consommez de l’alcool avec modération.
• Ne prenez pas de drogues.
• Mangez de façon saine et équilibrée : surpoids comme sous-poids ont des conséquences sur la fertilité, mais aussi sur la future grossesse. 
• Pratiquez une activité physique régulière : ni trop, ni trop peu ! Pour rappel, il est recommandé d’effectuer 30 minutes d’activité physique par jour, au moins 3 fois par semaine. 
• Limitez un maximum votre exposition aux polluants : soyez vigilants quant aux produits que vous achetez, quelle que soit leur nature.
• Evitez de prendre des bains trop chauds ou de porter des vêtements trop serrés : un conseil particulièrement recommandé aux hommes, puisque ces deux comportements peuvent altérer la qualité du sperme. 

La consultation pré-conceptionnelle : un rendez-vous essentiel à effectuer en couple 

Autrefois appelé consultation prénuptiale, ce rendez-vous médical peut avoir lieu avec votre médecin traitant ou votre gynécologue. Il devient pertinent dès lors que vous envisagez de concevoir un bébé. L’occasion pour votre médecin de vous délivrer de nombreux conseils, notamment concernant l’hygiène de vie à adopter. 

D’un point de vue médical, cette consultation permet de vérifier, grâce à l’interrogatoire et au bilan sanguin prescrit, que la patiente est immunisée contre la rubéole et la toxoplasmose ; mais aussi, plus généralement, de contrôler la sérologie.

Insuffisance rénale, maladie auto-immune, pathologie cardiaque, diabète, dépression, maladie héréditaire… Vérifier la présence de ces pathologies chez les deux membres du couple permet de s’assurer que la conception peut avoir lieu en tout sérénité. Si l’une de ces maladies est présente, c’est l’occasion d’adapter le traitement pour qu’il soit compatible avec une grossesse. 

Infertilité : Quelles sont les solutions existantes ?

Au bout de 12 mois d’essais en moyenne, il arrive que la conception n’ait toujours pas lieu. Il est alors temps de consulter un gynécologue spécialisé, afin d’effectuer les examens nécessaires avant d’avoir recours à la solution la plus adaptée : bilans hormonaux, spermogramme, échographie pelvienne, hystérosalpingographie (pour vérifier la perméabilité des trompes) font notamment partie des examens incontournables. 

La stimulation ovarienne

Ce traitement est prescrit en cas de trouble de l’ovulation. Comme son nom l’indique, il permet de stimuler les ovaires en provoquant l’ovulation à l’aide de médicaments spécifiques (sous forme de cachets ou d’injections). 

Le traitement chirurgical

La chirurgie peut intervenir dans des circonstances particulières, lorsque la cause de l’infertilité est opérable :

• En cas de fibrome utérin (une tumeur bénigne qui se développe au sein du muscle de l’utérus).
• De malformation de l’utérus
• D’obstruction d’une trompe de Fallope
• D’endométriose
• De varicocèle (dilatation anormale des veines du cordon spermatique, situé au niveau des bourses, entraînant un disfonctionnement des valves à l’intérieur des veines)

Les techniques de procréation médicalement assistée (PMA)

PMA ou AMP (aide médicale à la procréation) : plusieurs techniques sont disponibles et choisies en fonction de la situation des patients concernés. 

• L’insémination artificielle : deux ovules obtenus à la suite d’une stimulation ovarienne sont mis au contact de spermatozoïdes (d’un donneur ou du patient, en fonction du spermogramme de ce dernier), directement dans l’utérus de la patiente. La fécondation peut ensuite avoir lieu naturellement. 
• La fécondation in vitro ou FIV : la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde a lieu en dehors du corps de la patiente. L’œuf fécondé est ensuite implanté dans son utérus. Avant cela, il est nécessaire, comme pour l’insémination artificielle, d’avoir recours à une stimulation ovarienne pour obtenir plusieurs ovules fécondables. Puis, ils sont ponctionnés afin de réaliser la fécondation « in vitro ». 
• La fécondation in vitro avec micro-injection ou ICSI (Intracytoplasmic Sperm Injection) : la FIV a lieu par le biais d’une micro-injection d’un seul spermatozoïde dans l’ovocyte recueilli et préparé. Cette technique est de plus en plus souvent utilisée dans un parcours de PMA.

On résume…

• La fertilité est devenue une problématique de santé publique, en raison de sa diminution progressive.
• L’environnement représente l’une des principales causes d’infertilité, d’autant plus qu’il peut provoquer de nombreux troubles et pathologies aux répercussions directes sur la fertilité.
• L’âge est aussi un facteur décisif : plus un couple tente tardivement de concevoir, plus ses difficultés risquent d’être importantes pour y parvenir.
• L’infertilité, ça se soigne ! Aussi bien naturellement que médicalement.