Considérée comme l’un des maux du siècle, en particulier dans les pays occidentaux et chez les femmes, l’insomnie est le plus souvent multifactorielle. Explications.
L’insomnie, une pathologie qui associe des causes psychologiques et neurobiologiques
L’insomnie se définit par une insuffisance de qualité et de quantité de sommeil, malgré des conditions environnementales favorables. Difficultés d’endormissement, éveils nocturnes, réveils précoces… Ce sont autant de signes caractéristiques de l’insomnie, laquelle entraîne chez celles et ceux qui en souffrent de l’irritabilité, des difficultés de concentration, de la fatigue et une somnolence diurne. Ces effets peuvent avoir des conséquences plus ou moins graves sur la vie sociale : absences répétées au travail, risque d’accident de la route multiplié par 8…
Pour ne rien arranger, en plus d’une dégradation de la qualité de vie, l’insomnie aggrave également les symptômes de pathologies somatiques ou psychiatriques telles que les douleurs chroniques ou la dépression.
Un Français sur 5 est concerné par l’insomnie, d’après l’Institut national du sommeil et de la vigilance, et les femmes semblent de plus en plus touchées. Le risque de faire de l’insomnie augmente également avec l’âge.
Insomnie ponctuelle ou chronique : quand faut-il s’inquiéter ?
Les insomnies ponctuelles ou transitoires sont fréquentes. Elles s’expliquent généralement par un événement ou un comportement perturbant : épisode de stress ou de déprime, changement de vie, arrêt du tabac, repas copieux, douleur passagère, consommation d’excitants… D’une durée d’une à plusieurs nuits, ces insomnies finissent par rentrer dans l’ordre avec la disparition ou l’atténuation du facteur déclenchant.
En revanche, si ces insomnies surviennent plus de trois fois par semaine depuis au moins trois mois, il s’agit d’une insomnie chronique. Il peut alors être plus difficile de trouver des causes, et adapter son comportement ou son environnement ne suffit pas à la faire disparaître.
Insomnie chronique : dépendante de trois facteurs
L’insomnie chronique découle généralement de trois facteurs qui s’articulent entre eux :
- Un facteur prédisposant, autrement dit une sensibilité plus importante aux troubles du sommeil qui peut s’expliquer par des causes génétiques, biologiques ou psycho-sociales (évoluer dans un environnement bruyant jusqu’au moment du coucher, par exemple).
- Un facteur précipitant. Le moment où le patient bascule dans l’insomnie peut être lié à un événement familial, professionnel, personnel ou médical. Par exemple, l’hyperthyroïdie, les reflux gastro-œsophagiens ou RGO, l’asthme nocturne ou encore les rhumatismes favorisent l’insomnie, de même que certaines maladies propres au sommeil : le syndrome des jambes sans repos et les apnées du sommeil, notamment. Enfin, certaines pathologies neurologiques comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson sont connues pour perturber le sommeil.
- Un facteur d’entretien (ou de chronicisation). A la suite du facteur précipitant, le trouble s’installe dans la durée à cause d’un mécanisme de conditionnement qui peut s’auto-entretenir par la peur de ne pas dormir et la recherche du sommeil à tout prix. Mais il peut aussi s’agir d’un comportement inadapté, comme la pratique d’une activité stimulante le soir, la consommation d’excitants, des repas trop copieux, un rythme de vie irrégulier, une consommation excessive d’alcool…
Quelles sont les causes de l’insomnie chronique ?
Biologiquement parlant, l’insomnie chronique serait causée par une mauvaise régulation entre les mécanismes de veille et de sommeil. Autrement dit, les personnes souffrant d’insomnie resteraient en situation « d’hyper-éveil », laquelle se traduit par une hyperactivité du cerveau et de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, chargé de répondre au stress. Cette situation les empêche ainsi de plonger dans le sommeil, qui ne dépasse pas le stade léger. Les éveils nocturnes sont favorisés, ainsi que la fatigue en journée.
Le stress, l’anxiété et la dépression favorisent tout particulièrement l’insomnie chronique. D’après l’Inserm, les patients concernés auraient 7 à 10 fois plus de risques de souffrir d’insomnie chronique. En cas d’anxiété, le patient a du mal à se relaxer, ce qui l’empêche de s’endormir. Il est en proie à des pensées et des préoccupations qui surviennent particulièrement à l’heure du coucher. Quand il s’agit de stress, la deuxième partie de la nuit est particulièrement atteinte, en association avec des épisodes de somnolence au petit matin. Enfin, la dépression entraîne plutôt des réveils précoces en milieu et en fin de nuit.
On notera au passage que la nicotine, mais aussi certains médicaments (corticoïdes ou décongestionnants notamment) peuvent perturber le sommeil et causer des insomnies. Mentionnez-le à votre médecin.
Enfin, certaines pathologies physiques sont connues pour entraîner des troubles du sommeil, notamment de l’insomnie. Parmi elles :
- L’hyperthyroïdie ;
- L’asthme ;
- Les reflux gastro-œsophagiens ;
- Le syndrome des jambes sans repos ;
- Les maladies provoquant des douleurs intenses (cancers, rhumatismes…), etc.
Insomnie : quand consulter ?
Si vous avez de bonnes habitudes d’hygiène du sommeil mais que votre insomnie persiste, prenez rendez-vous avec votre médecin traitant. En amont, essayez de noter l’ensemble des impacts de votre insomnie sur votre vie quotidienne, ainsi que les heures auxquelles vous vous réveillez. Toutes ces informations permettront à votre médecin de mieux orienter son diagnostic. Il est possible qu’il vous demande de tenir ce type de registre pendant plusieurs semaines après votre consultation. Vous devrez y noter vos heures de coucher et de lever, le nombre de réveils et votre impression après chaque nuit.
Lors de la consultation, il recherchera d’autres troubles qui pourraient être à l’origine de votre insomnie : mouvements anormaux dans les jambes qui vous obligent à vous lever plusieurs fois dans la nuit (significatif du syndrome des jambes sans repos), ronflements associés à des pauses respiratoires, etc. En fonction de ces résultats, et si vos symptômes ne s’améliorent pas, il pourra vous adresser à un neurologue ou à un centre du sommeil.
Quels traitements contre l’insomnie ?
La première étape consiste à prendre en charge les maladies pouvant perturber votre sommeil, s’il y en a, mais aussi corriger toutes les mauvaises habitudes ou croyances pouvant renforcer l’insomnie. Il est nécessaire de mettre en place un « rituel » autour du coucher, afin de favoriser la relaxation, et donc l’endormissement. Cela peut passer par certaines médecines douces telles que la sophrologie, l’hypnose ou encore le yoga. Si ces changements sont souvent efficaces en cas d’insomnie transitoire, ils restent utiles en association au traitement face à l’insomnie chronique.
Insomnie chronique : l’importance des thérapies cognitivo-comportementales (TCC)
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ont pour objectif de remplacer le comportement inadapté et les croyances erronées sur le sommeil par d’autres. Les TCC visent aussi à faire prendre conscience au patient des facteurs et des mécanismes dont dépend son rythme éveil/sommeil et donc des erreurs qu’il commettait pour tenter de régler ses problèmes de sommeil.
Plusieurs séances sont nécessaires, au cours desquelles divers sujets sont abordés, comme l’hygiène du sommeil, l’appréhension de l’insomnie, le temps passé au lit sans dormir et les croyances erronées sur le sommeil. Certaines séances intègrent des moments de relaxation.
Les TCC ont été reconnues plus efficaces que les traitements médicamenteux pour soigner l’insomnie chronique. En outre, elles peuvent aider à sevrer les patients dépendants aux somnifères.
Les médicaments pour soigner l’insomnie : attention, prudence !
En complément, votre médecin peut vous prescrire des somnifères sur une période courte ou discontinue. Différentes familles de médicaments sont envisageables, en fonction de votre situation et de la nature de votre insomnie. Ils ne doivent cependant pas être utilisés sur le long terme ni en traitement de fond, en raison de leur degré d’accoutumance, voire de dépendance, et des nombreux effets secondaires qu’ils peuvent provoquer.
Si l’insomnie est provoquée par une dérégulation du rythme circadien, votre neurologue peut vous prescrire de la mélatonine ou, selon votre cas, un antidépresseur sédatif ne produisant pas de dépendance.
Conseil bien-être : connaissez-vous les habitudes d’hygiène du sommeil ?
Bien que la sensibilité face à l’insomnie varie d’un patient à l’autre, certaines habitudes aident à favoriser un sommeil suffisant et de qualité :
- Evitez de trop manger le soir ;
- Ne consommez plus de caféine, d’alcool, ni de tabac au-delà d’une certaine heure ;
- Ne pratiquez pas d’activité sportive après 20 heures ;
- Adaptez la température de votre chambre : pas plus de 19°C;
- Evitez les sources de bruit : n’hésitez pas à porter des bouchons d’oreille pour y remédier ;
- Eloignez-vous des écrans au moins 2 heures avant de vous coucher et bannissez-les de votre chambre à coucher ;
- Tâchez de vous coucher (et de vous lever) à des heures régulières, afin de réguler naturellement votre rythme circadien.