Entre 5 et 10 % des Français risquent d’être atteints d’insuffisance rénale, une maladie qui altère le fonctionnement des reins. Une prise en charge médicale permet de prolonger l’espérance de vie des patients. Et la recherche progresse. On en parle.
Qu’est-ce-que l’insuffisance rénale ?
Irréversible lorsqu’elle est chronique, l’insuffisance rénale correspond à un défaut de filtration des reins, un organe essentiel.
Quelques rappels sur le rôle des reins
Les reins ont pour rôle de filtrer le sang. Les deux reins sont situés de chaque côté de la colonne vertébrale, derrière l’abdomen. Les artères rénales leur apportent chaque jour près de 1700 litres de sang, si bien que tout notre sang est filtré par nos reins toutes les 30 minutes.
En détail, les reins ont plusieurs fonctions :
- Filtrer le sang pour en éliminer les déchets qu’ils évacuent dans les urines, afin de ne conserver que les substances nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme ;
- Maintenir une composition optimale du sang (eau, sel, potassium, notamment) ;
- Réguler la quantité d’eau présente dans l’organisme ;
- Sécréter certaines hormones : la rénine qui contribue au maintien d’une bonne pression artérielle, l’érythropoïétine en charge de stimuler la production de globules rouges et le calcitriol qui régule le métabolisme du calcium.
L’insuffisance rénale chronique
Lorsque les fonctions des reins diminuent progressivement, on parle de maladie rénale chronique. Biologiquement parlant, cette pathologie se traduit par une augmentation des taux d’urée et de créatinine dans le sang. A partir d’un certain seuil de diminution, il s’agit d’insuffisance rénale chronique, dont l’évolution est plus ou moins lente.
Principales causes de l’insuffisance rénale chronique : l’hypertension artérielle et le diabète, responsables de près d’un cas sur deux de maladie rénale permanente, qui provoque des lésions sur certaines artères rénales finissant par altérer les fonctions des reins. Voici pourquoi le dépistage précoce et régulier est particulièrement important pour ces personnes à haut risque.
Mais d’autres facteurs peuvent être en cause, comme les maladies cardio-vasculaires, des antécédents familiaux d’insuffisance rénale, la prise de certains médicaments à risque pour les reins comme les anti-inflammatoires, l’exposition à certains toxiques professionnels tels que le plomb ou le mercure, mais aussi le tabac, l’obésité et la sédentarité.
Quels sont les symptômes de l’insuffisance rénale chronique ?
Plusieurs symptômes peuvent être liés à de l’insuffisance rénale chronique, mais ils ne sont pas significatifs :
- La fatigue après un effort ;
- De fréquentes envie d’uriner ;
- Des urines foncées, mousseuses, troubles, peu abondantes ;
- Des nausées, une perte d’appétit ou de poids ;
- Des crampes et gonflements des pieds, chevilles ou jambes…
L’insuffisance rénale aigüe
L’insuffisance rénale aiguë survient de façon brutale, généralement après une chute de la pression artérielle, d’un blocage des voies urinaires, d’une intoxication, d’une hémorragie ou d’une septicémie (infection générale).
Le fait d’être privé de sang pendant un certain temps va entraîner l’apparition de lésions sur les unités fonctionnelles des reins (néphrons). Quelques jours seront nécessaires pour que ces derniers retrouvent un fonctionnement normal. Contrairement à l’insuffisance rénale chronique, cette version aigüe est réversible, mais nécessite de mettre le patient sous dialyse, le temps que le rein retrouve pleinement ses fonctions, afin de filtrer les déchets de l’organisme à sa place.
La prise en charge de l’insuffisance rénale chronique
Une fois diagnostiquée, et en fonction de son stade, l’objectif face à une insuffisance rénale chronique est de ralentir son évolution jusqu’au stade terminal. Et ainsi prolonger de plusieurs années l’espérance de vie des patients.
Les traitements pour la freiner
Premier levier, une surveillance régulière de l’hypertension, cause et conséquence de l’insuffisance rénale. Une alimentation pauvre en sels est alors requise, avec un traitement hypotenseur.
D’une manière générale, améliorer son hygiène de vie contribue au ralentissement de l’insuffisance rénale : arrêt du tabac, exercice physique régulier, alimentation équilibrée (sans excès de protéines animales, de phosphore, de sodium, de potassium et de lipides) et consommation suffisante d’eau (1,5 litres par jour, au moins).
Du côté des médicaments, leur prescription dépend du stade de la maladie, de sa cause et des conditions de chaque patient : les diurétiques permettent d’augmenter la production d’urine, les antihypertenseurs luttent contre l’hypertension artérielle, les statines aident à contrôler le taux de cholestérol dans le sang et les traitements à base de fer permettent de stimuler la production de globules rouges et ainsi, éviter l’anémie.
Les traitements pour l’atténuer
Lorsque le fonctionnement des reins est réduit de 85% et que l’insuffisance rénale chronique a donc atteint son stade terminal, seul le recours à la dialyse ou à une greffe de rein permet d’en atténuer l’aggravation et de prolonger un maximum la durée de vie des patients.
La dialyse concernait 55 % d’entre eux en 2020 (source Ameli). Il s’agit d’une technique permettant d’éliminer les déchets de l’organisme dans un liquide neutre, par le biais d’une membrane de filtration en contact avec le sang du patient.
Plusieurs modes de dialyse sont possibles, en fonction de sa sensibilité : la dialyse péritonéale que l’on peut effectuer à domicile sous certaines conditions, et l’hémodialyse, effectuée ponctuellement, trois fois par semaine pendant quatre heures, en milieu hospitalier ou dans un centre spécialisé. Cette technique entraîne néanmoins des complications à long terme : atteinte des articulations et augmentation des risques d’accidents cardio-vasculaires.
Le traitement le plus efficace de l’insuffisance rénale chronique demeure la greffe de rein. Elle peut être réalisée à partir d’un rein d’un donneur décédé ou d’un membre de la famille du patient. Pour rappel, il est possible de vivre avec un seul rein. Une fois la greffe effectuée, un traitement est prescrit à vie. Un moindre mal face à une qualité de vie et une autonomie retrouvées pendant au moins une vingtaine d’années (passé ce laps de temps, il peut être nécessaire d’effectuer une seconde greffe).
Dans les années à venir, il est fort à parier que la recherche médicale apportera de nouvelles réponses pour traiter l’insuffisance rénale. Meilleure compréhension des mécanismes en jeu, identification de ses biomarqueurs afin d’adapter la stratégie de prise en charge… Des avancées scientifiques sont déjà à l’œuvre, sans compter les pistes prometteuses comme la correction des gènes défaillants ou la régénération de rein. Mais plusieurs années sont encore nécessaires avant d’y parvenir.
Sources & références :
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/maladie-renale-chronique/comprendre-maladie-renale-chronique
- https://www.vidal.fr/maladies/reins-voies-urinaires/insuffisance-renale-chronique.html
- https://www.inserm.fr/dossier/insuffisance-renale/
- https://www.francerein.org/vivre-avec-la-maladie/maladies-et-traitements/linsuffisance-renale/