15 à 20% des français la subissent ; 9% avec une forme sévère : l’insomnie touche particulièrement les pays occidentaux. Si elle peut prendre différentes formes, ses conséquences sont invariables : une qualité et une quantité de sommeil insuffisantes, provoquant divers troubles du quotidien mais aussi de la santé sur le long terme.
Qu’est-ce-que l’insomnie ?
L’insomnie peut se définir par une insatisfaction concernant la qualité et/ou la quantité du sommeil : ce dernier est mauvais et/ou insuffisant, ce qui entraîne des répercussions diverses sur les plans physique, psychique et social. Scientifiquement parlant, durant l’insomnie, l’individu est dans un état « d’hyper-éveil » neurobiologique tel, qu’il empêche l’endormissement et, plus tard, le maintien du sommeil profond ; et ce, malgré un environnement favorable au sommeil. Il s’agit d’une pathologie mêlant à la fois des aspects psychologiques et neurobiologiques.
Qualité de vie détériorée, accentuation des risques de subir un accident, absentéisme, aggravation de maladies associées telles que la dépression, les douleurs chroniques ou l’hypertension : l’insomnie provoque un impact négatif sur le long terme.
Les différentes phases du sommeil chez l’adulte
Première phase ? Le sommeil lent : d’abord léger au moment de l’endormissement, puis de plus en plus profond à mesure que l’individu plonge dans le sommeil. L’ensemble des fonctions de l’organisme (rythme cardiaque, activité cérébrale, respiration, température corporelle) ralentit. Deuxième phase : le sommeil paradoxal, également connu comme la phase des rêves. Malgré l’endormissement profond, l’activité cérébrale augmente alors. A l’issue de ces deux phases, un cycle complet de sommeil d’environ 1h30, a eu lieu. Au total, une nuit de sommeil normale est composée de 3 à 5 cycles.
Distinguer l’insomnie ponctuelle ou transitoire de l’insomnie chronique
L’insomnie est associée à plusieurs symptômes intervenant à différents moments :
- L’endormissement peut être long et difficile.
- Pendant la nuit, il peut y avoir plusieurs réveils avec des difficultés pour se rendormir.
- Le réveil peut être très matinal, mais il est impossible de se rendormir.
- L’impression de ne pas avoir bénéficié d’un sommeil récupérateur et reposant.
- Pendant la journée, la personne insomniaque se sent fatiguée, somnolente, irritable, nerveuse, éprouve des difficultés à se concentrer ou à mémoriser certains éléments…
Une insomnie ponctuelle ou transitoire est très courante : elle peut survenir à la suite d’un événement, d’un changement important ou d’un comportement inhabituel (stress, deuil, nouvel emploi, consommation d’excitants…) et peut durer d’une à quelques nuits. Ce type d’insomnie se résout lorsque l’élément déclencheur s’estompe ou disparaît.
La donne change lorsqu’il est question d’insomnie chronique : cette dernière se déclare lorsqu’elle survient plus de trois fois par semaine pendant au moins trois mois. Les facteurs déclenchants sont alors plus complexes à identifier.
Toutefois, une insomnie transitoire peut évoluer en insomnie chronique, si l’élément déclencheur persiste ou si la personne qui le subit s’avère particulièrement sensible ou vulnérable.
Les différentes causes de l’insomnie
L’isolement, le chômage, une maladie chronique somatique, l’anxiété, la dépression… sont des facteurs particulièrement à risque d’entraîner une insomnie chronique. Certaines études ont également démontré qu’une prédisposition familiale pouvait également jouer un rôle dans cette pathologie. Sur le plan scientifique, l’insomnie serait provoquée par une régulation anormale des mécanismes de veille et de sommeil. Ainsi, une activité accrue du système nerveux central, qui comprend le cerveau et la moelle épinière, empêcherait le sommeil de s’imposer. Et lorsqu’il y arrive malgré tout, il demeure au stage léger, ce qui facilite les réveils nocturnes.
En fonction de certaines causes, l’insomnie chronique peut être répartie en deux types :
- L’insomnie primaire, essentiellement provoquée par le stress, l’angoisse du sommeil (le fait d’appréhender et d’anticiper les difficultés que l’on va rencontrer pour s’endormir ou durant la nuit) ou l’intensification de l’activité mentale dès que l’on est au repos. Cette insomnie correspond alors à un trouble de la perception du sommeil ou à un trouble datant de l’enfance.
- L’insomnie secondaire est généralement rattachée à une pathologie, une psychose, mais aussi à la consommation de substances ou de drogues aux effets néfastes sur le sommeil.
Comment traiter l’insomnie ?
Si vous pensez souffrir d’insomnie, sachez qu’elle n’est pas irrémédiable et que plusieurs solutions s’offrent à vous, en fonction de la cause de cette pathologie. N’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant qui pourra vous adresser à un neurologue spécialiste du sommeil, si besoin.
En cas d’insomnie secondaire, votre médecin cherchera bien sûr à traiter la cause, c’est-à-dire la pathologie à l’origine de votre trouble du sommeil. Il pourra être amené à vous adresser à un médecin spécialiste.
Un environnement propice au sommeil
Avant toute chose, assurez-vous qu’un maximum de conditions sont réunies pour favoriser votre endormissement et la qualité de votre sommeil :
- Couchez-vous dans une chambre noire, avec le moins de sources lumineuses et bruyantes possible.
- Faites en sorte que la température de votre chambre soit de 18 ou 19°C maximum.
- Evitez de consommer des excitants (boissons caféinées), de l’alcool et du tabac en excès, et de manger trop copieusement le soir.
- Ne pratiquez pas d’activité trop stimulante le soir (sport, jeu vidéo…).
- Eloignez-vous des écrans au moins 1 heure avant de vous coucher.
- Essayez de vous coucher à une heure régulière.
- Réservez votre lit pour le sommeil et non pour d’autres activités comme la télévision, par exemple.
La mélatonine comme traitement de courte durée
La mélatonine est une hormone sécrétée par le cerveau pour informer l’organisme des différents cycles « jour-nuit » auxquels il doit s’adapter. C’est la raison pour laquelle cette substance est réputée pour favoriser l’endormissement.
En cas d’insomnie primaire causée par un sommeil de mauvaise qualité, un médicament à base de mélatonine à libération prolongée est accessible en traitement de courte durée. Il peut être prescrit aux adultes âgés de plus de 55 ans. Un autre produit de ce type est prescriptible aux patients atteints de syndromes rares provoquant d’importants troubles du sommeil, et aux jeunes patients de 6 à 18 ans atteints d’un trouble du spectre autistique associé à une insomnie.
Une autre possibilité pour bénéficier de la mélatonine consiste en des préparations médicamenteuses élaborées par un pharmacien ou, à moindre dose, dans des compléments alimentaires. Mais pour ces derniers, des risques d’effets secondaires existent, en particulier en cas d’interaction de la mélatonine avec d’autres médicaments. Les compléments alimentaires contenant cette substance doivent d’ailleurs être évités par :
- Les femmes enceintes ou allaitantes ;
- Les enfants ;
- Les patients atteints de maladies auto-immunes, d’épilepsie, d’asthme ou de troubles psychologiques.
Quelle que soit votre situation, et d’autant plus si vous suivez déjà un traitement, demandez toujours conseil à votre médecin avant d’opter pour ces compléments alimentaires.
Les thérapies cognitivo-comportementales à privilégier
Leur objectif ? Remplacer les comportements inadaptés et les croyances erronées et persistantes sur le sommeil par de nouveaux, plus appropriés. Concrètement, ces thérapies aident à prendre conscience que le sommeil s’articule autour de facteurs et de mécanismes permettant au rythme éveil-sommeil de fonctionner, en faisant réaliser les erreurs qui ont pu être commises jusque-là concernant son sommeil.
Les séances reposent sur la sensibilisation à l’hygiène du sommeil, la manière d’appréhender l’insomnie et le temps passé au lit sans dormir. Elles permettent aussi d’identifier ses croyances sur le sommeil, en y associant des méthodes de relaxation.
Plusieurs rapports scientifiques ont démontré la plus grande efficacité des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) par rapport aux traitements médicamenteux. En outre, elles peuvent également aider au sevrage des somnifères.
Lutter contre l’insomnie avec la médecine douce
En fonction de votre sensibilité et de vos goûts, certaines médecines douces peuvent s’avérer particulièrement efficaces pour vous aider à lutter contre l’insomnie : relaxation, sophrologie, phytothérapie, hypnose, méditation… font partie des plus répandues d’entre elles.
Réduction de la tension musculaire, adaptation de la respiration, projection d’images apaisantes, concentration sur le moment présent, augmentation des pensées positives… Les bienfaits de ces techniques sont nombreux et reconnus par les professionnels de santé. L’amélioration du sommeil en fait partie pour bon nombre de leurs adeptes. Il vous reste à trouver la médecine douce qui vous correspond le mieux.
Somnifères : à consommer avec (beaucoup de) modération
Hypnotiques ou somnifères, même combat : ils peuvent être utilisés, mais sur une courte période ou de manière discontinue. Par exemple, un traitement de 2 semaines. Prescrits exclusivement par un médecin, ils varient en fonction des patients et des caractéristiques de leur insomnie.
Anxiolytiques, benzodiazépines, hypnotiques de nouvelle génération, antihistaminiques : ils comportent généralement un certain nombre d’effets indésirables et leur efficacité n’est pas systématique. Mais ils s’avèrent surtout utiles pour traiter l’insomnie ponctuelle, et il est préférable de les considérer comme un complément à une thérapie cognitivo-comportementale, par exemple.
Insomnie : où en est la recherche ?
La recherche médicale poursuit actuellement plusieurs objectifs autour de l’insomnie. Elle cherche d’abord à en apprendre davantage sur ses origines. En effet, plusieurs systèmes neurologiques semblent impliqués dans l’apparition de ce trouble, en particulier ceux qui impliquent la sérotonine et le cortisol. Des travaux ont permis aux scientifiques de tomber d’accord : l’insomnie existe sous de multiples formes. Pour bien les connaître, il reste donc à étudier chacune d’entre elles :
- L’insomnie liée à la dépression ;
- L’insomnie liée à la diminution de la capacité à s’endormir ;
- L’insomnie liée à l’hyperéveil ;
- L’insomnie provoquée par une anomalie de l’alternance des phases « veille-sommeil ».
La recherche médicale vise aussi à élaborer des traitements plus personnalisables, efficaces et mieux tolérés par les patients. Parmi eux, les approches non-médicamenteuses sont incluses, comme les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), intégrant une éducation au « bien dormir ».
Enfin, la recherche travaille sur de nouveaux traitements de l’insomnie ciblant le cerveau. On peut citer en particulier le neurofeedback ou biofeedback, qui se sert de l’électroencéphalographie (EEG) pour rendre le patient acteur de son traitement. En suivant son activité cérébrale, ce dernier peut apprendre progressivement comment inclure des ondes favorables à son endormissement.
La stimulation magnétique transcrânienne (TMS) permet quant à elle d’étudier les fonctions de différentes régions du cerveau sur le sommeil. Déjà utilisée avec certaines pathologies comme l’épilepsie, dans le cas de l’insomnie, la TMS induirait des modifications transitoires des flux électriques au sein du cerveau, afin de pouvoir moduler l’éveil et le sommeil. Les premiers essais cliniques réalisés ont déjà permis de prévoir l’utilisation de la TMS comme complémentaire à d’autres traitements, en cas d’insomnie chronique sévère. Ça progresse !
Sources & références :
- https://institut-sommeil-vigilance.org/insomnie/
- https://fondationsommeil.com/les-differents-types-dinsomnie/
- https://www.inserm.fr/dossier/insomnie/
- https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/insomnie-adulte/definition-facteurs-favorisants#:~:text=L'insomnie%20est%20un%20manque,l'anxi%C3%A9t%C3%A9%20et%20la%20d%C3%A9pression.
- https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/insomnie.html