Addiction aux écrans : un trouble psychologique à prendre au sérieux

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Augmentation des visioconférences, multiplication des écrans au sein du foyer et du temps passé devant eux… Le numérique s’immisce de plus en plus dans notre quotidien… et dans notre santé mentale. A partir de quand peut-on parler d’addiction aux écrans et comment la prendre en charge ? On fait le point.

 

Les écrans : une source d’addiction comme les autres ?

 

L’addiction aux écrans n’est pas encore officiellement reconnue au sein de la communauté scientifique et s’avère controversée. Néanmoins, les écrans représentent bien une source addictive reconnue par de nombreux professionnels de la santé mentale, en plus de faire partie des addictions comportementales (comme l’addiction aux jeux de hasard et d’argent ou aux jeux vidéo, considérée comme une véritable pathologie) en raison de l’attitude répétitive et excessive qu’ils provoquent.

Cette attitude commence dès l’enfance. Les 3-17 ans passent 3 heures par jour en moyenne devant un écran et plus de 80 % des adolescents dorment avec leur smartphone, d’après les chiffres recueillis par l’association 3-6-9-12. La surexposition aux écrans est devenue une problématique de santé publique.

 

Addiction aux écrans : quels signes doivent alerter ?

 

Qu’il s’agisse de vous-même ou de vos enfants, certains signes sont particulièrement révélateurs d’une addiction aux écrans ou d’une cyberdépendance :

  • Une envie irrépressible de passer du temps sur écran, au point de ne plus pouvoir la contrôler et de vouloir augmenter davantage son exposition.
  • Un isolement social et/ou comportemental s’installe : décrochage scolaire, détournement d’activités habituellement appréciées, repli sur soi, augmentation de la sédentarité…
  • Avec un état de tristesse et d’anxiété, en cas d’éloignement des écrans.
  • Des troubles du sommeil apparaissent, en raison d’une surexposition tardive.
  • La personne concernée est dans le déni, face à un proche lui faisant remarquer son attitude excessive, par exemple.
  • Elle peut se montrer agressive si elle ne peut pas accéder aux écrans.
  • Elle peut également souffrir de troubles alimentaires : perte (il arrive que la personne « accro » aux écrans oublie de manger lorsqu’elle s’expose) ou gain de poids, en raison de l’activité physique insuffisante, de la sédentarité et d’une alimentation déséquilibrée.

 

Enfance et adolescence, périodes fatidiques face aux écrans

 

Déterminantes pour le développement psychomoteur et neurologique, les périodes de l’enfance et de l’adolescence sont d’autant plus à risque face aux écrans. D’ailleurs, il est déconseillé d’exposer un tout-petit avant l’âge de 3 ans. 

L’adolescence est une période charnière à plus d’un titre. A partir de l’entrée en 6ème, la volonté de se procurer un smartphone est considérée comme nécessaire par les jeunes qui aspirent ainsi à être acceptés et « reconnus » par leurs amis et camarades. Mais en raison de leur immaturité cérébrale, la notion d’auto-régulation de leur utilisation des écrans peut se révéler complexe. D’autant plus si des règles (applicables à toute la famille) n’ont pas pu être instaurées dès le départ.

 

Toutefois, cette période est également propice à de nouveaux comportements. Un jeune peut s’isoler durant quelques temps et adopter une conduite excessive, sans pour autant souffrir d’addiction. Cet état se résorbe d’ailleurs le plus souvent à l’âge adulte. Il est donc important de se montrer attentif à l’ensemble des symptômes accompagnant une exposition excessive aux écrans. Son état de santé (poids, sommeil) se dégrade-t-il ? Maintient-il ses activités habituelles ainsi que ses relations sociales ? Ses résultats scolaires se sont-ils dégradés ? Etc.

 

Addiction aux jeux vidéo : souvent d’autres pathologies associées

 

Elle est la forme d’addiction aux écrans la plus fréquente, officiellement reconnue comme une pathologie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis 2018. Perte de contrôle sur son comportement et sa pratique du jeu, priorisation de ce dernier en dépit des conséquences que cela peut avoir sur sa santé, son travail et ses relations... L’addiction aux écrans par le biais des jeux vidéo présente des risques sérieux. D’autres pathologies lui sont généralement associées : dépression, trouble anxieux ou encore phobie sociale.

 

Addiction aux écrans : quelles conséquences ?

 

Elles peuvent être sérieuses, dès le plus jeune âge : retard du développement, difficultés à gérer ses émotions et à interagir socialement sont multipliés chez les tout-petits. Une surexposition durant l’enfance augmente également les risques d’une baisse de créativité, de mémoire et de concentration.

 

A l’adolescence et à l’âge adulte, d’autres conséquences apparaissent :

  • Troubles du sommeil et de l’alimentation
  • Baisse des capacités d’attention et de concentration
  • Troubles de la mémoire
  • Tendance à l’isolement et au repli sur soi
  • Amoindrissement du sentiment d’empathie
  • Multiplication des risques de développer une dépression
  • Apparition de troubles visuels, en particulier de la myopie

 

Addiction aux écrans : qui consulter ?

 

Pour prendre en charge une addiction aux écrans, il est heureusement possible de consulter un grand choix de professionnels de santé. Votre médecin traitant tout d’abord, qui pourra éventuellement vous orienter vers un psychologue ou un psychiatre.

Vous pouvez également vous orienter vers un Centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) : composé d’équipes pluridisciplinaires, ces professionnels sont formés pour prendre en charge la personne souffrant d’addiction, mais aussi ses proches. Enfin, en milieu hospitalier, vous avez la possibilité de prendre rendez-vous au sein d’une unité d’addictologie. 

 

Addiction aux écrans : oui à la thérapie, non aux médicaments !

 

Les médicaments ne sont utiles qu’en cas de pathologie associée. De nombreuses formes de thérapie sont possibles pour prendre en charge une addiction aux écrans :

  • Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) : il s’agit de remplacer un comportement inadapté par un autre, plus en phase avec ce que souhaite le patient. Les buts à atteindre sont définis en amont, avec le thérapeute. Durant les séances, l’accent est mis sur les causes présentes du comportement posant problème.
  • La thérapie systémique (ou familiale) : particulièrement axée sur la cellule familiale, cette forme de thérapie vise à améliorer des relations distendues au sein d’une même famille. Pour y parvenir, chacun de ses membres prend la parole, permettant alors de faire réaliser aux autres que ce que l’un vit, a des répercussions sur l’ensemble du « groupe ».
  • La thérapie psychodynamique : son objectif est de permettre au patient de repérer et comprendre les éléments psychiques inconscients qui sont responsables de sa souffrance et de ses difficultés. Pour y parvenir, il peut faire appel, au cours d’une discussion avec le thérapeute, à ses souvenirs, les idées qui le traversent ou ses préoccupations.
  • Enfin, intégrer un groupe de parole permet de faciliter les échanges au sujet d’une même problématique et peut d’autant plus motiver au changement. En outre, par les interactions et la dynamique commune qu’impliquent ces réunions, l’isolement se rompt et fait place à la solidarité entre membres. Ces groupes sont animés par un psychologue.
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