BPCO : face à la bronchopneumopathie chronique obstructive, il ne faut pas perdre de temps

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La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une pathologie pulmonaire fréquente. Si elle est majoritairement liée au tabagisme, d’autres causes peuvent-être en jeu. Comment se manifeste-t-elle et comment la traiter ? Notre dossier.

 

BPCO : qu’est-ce que c’est ?

La bronchopneumopathie chronique obstructive ou BPCO est une pathologie respiratoire inflammatoire chronique qui touche les bronches. Elle se définit par l’épaississement des parois de ces dernières et par l’hypersécrétion de mucus en réaction. Cela provoque des symptômes respiratoires chroniques, mais aussi un rétrécissement progressif et une obstruction définitive des voies aériennes et des poumons. Conséquences ? Le tissu pulmonaire est endommagé et les alvéoles pulmonaires sont progressivement détruites (emphysème). Cette maladie concerne 3,5 millions de personnes en France, d’après l’Inserm et 17 000 décès lui étaient rattachés en France, en 2017, selon l’Assurance maladie.

 

BPCO et bronchite chronique : quelles différences ?

La bronchite chronique est une pathologie distincte de la bronchopneumopathie chronique obstructive, même si toutes deux correspondent à une inflammation des bronches, avec les symptômes associés. La bronchite chronique est d’ailleurs avérée lorsque ces symptômes durent depuis au moins 3 mois par an et depuis plus de 2 ans. Elle peut exister sans BPCO ou évoluer vers cette dernière : c’est le cas lorsqu’en plus de l’inflammation des bronches, il y a obstruction des voies aériennes. Pour résumer, la bronchite chronique se définit par l’inflammation des bronches, tandis que la BPCO se définit par l’inflammation des bronches ET l’obstruction des voies aériennes.

 

Quelles sont les causes de la BPCO ?

La cause principale de la survenue de la BPCO est le tabagisme, puisqu’il concerne 80% des cas (source Inserm). Consommer du cannabis est un facteur aggravant de la maladie. Dans tous les cas, arrêter de fumer, quel qu’en soit le stade, est donc bénéfique et améliore la fonction respiratoire.

Une autre cause possible de la BPCO est  l’exposition à des substances toxiques, en particulier celles que l’on trouve dans :

  • Les poussières de charbon et de silice (industrie minière) ;

  • Certains végétaux et moisissures présentes dans l’industrie textile et le secteur agricole ;

  • Les gaz, les vapeurs et les fumées auxquels sont particulièrement exposés les métiers du bâtiment et des travaux publics, de la sidérurgie et de la fonderie.

 

D’autres facteurs favorisent la survenue de la BPCO :

  • La pollution atmosphérique par particules fines ;

  • La pollution intérieure (chauffage au bois ou au charbon) ;

  • Une sensibilité héréditaire aux risques extérieurs ;

  • Très rarement, une maladie génétique rare : le déficit en antitrypsine alpha 1, également responsable de troubles hépatiques conduisant à la cirrhose.

 

BPCO : quels sont ses symptômes ?

La BPCO évolue d’abord pendant des années sans provoquer de symptômes. Les premiers apparaissent généralement après 40 ans, en particulier chez les fumeurs. Ils se manifestent en premier par une toux grasse avec expectoration matinale (crachats). Cette toux est d’ailleurs surnommée « la toux du fumeur ». D’abord intermittente, elle est progressivement persistante et chronique. Un essoufflement finit également par s’installer peu à peu, d’abord à l’effort puis finalement au repos.

S’ajoutent à cela des épisodes d’infection bronchopulmonaire : un état d’exacerbation de la BPCO. Dans ce cas, les symptômes respiratoires augmentent considérablement, pouvant s’accompagner d’une respiration rapide et d’une tachycardie. Dans certains cas, cela peut conduire à une insuffisance respiratoire aiguë pouvant nécessiter une hospitalisation.  

 

Les évolutions possibles de la maladie

Le diagnostic et la prise en charge précoce aident à ralentir l’évolution de la BPCO. En revanche, sans prise en charge, l’altération de la fonction pulmonaire s’aggrave : la gêne au quotidien est de plus en plus importante et peut aboutir à une insuffisance respiratoire chronique, ce qui peut aussi avoir des conséquences sur le fonctionnement du cœur.

En outre, consultez un médecin en urgence :

  • En cas d’essoufflement, de respiration sifflante ou si votre état respiratoire se dégrade rapidement.

  • Si votre toux est plus profonde et plus longue que d’habitude.

  • Si vous crachez en toussant.

  • Si vous avez perdu connaissance à la fin d’une quinte de toux.

  • Si des œdèmes apparaissent ou augmentent au niveau de vos jambes.

  • Si vous avez de la fièvre.

  • Si votre traitement ne semble plus assez efficace.

 

Prise en charge de la bronchopneumopathie chronique obstructive

La prise en charge médicale de la BPCO doit intervenir le plus tôt possible pour améliorer vos symptômes respiratoires et donc votre quotidien.

 

Les étapes du diagnostic

Votre médecin vous interroge en vous posant un certain nombre de questions sur vos antécédents médicaux et personnels, vous examine et vous propose plusieurs tests diagnostiques :

  • L’évaluation de la gravité de votre essoufflement selon des stades allant de 0 (essoufflement pour des efforts soutenus) à 4 (essoufflement au moindre effort).

  • La spirométrie : un test respiratoire incontournable dans le diagnostic de la BPCO. Il doit idéalement être réalisé à distance d’un épisode de bronchite chronique. Vous devez souffler le plus fort et le plus longtemps possible dans un tube relié à un appareil qui mesure le temps que vous mettez à expirer tout l’air de vos poumons. Plus les voies aériennes sont étroites, plus vous avez besoin de temps pour cela et plus le volume d’air expiré par seconde est faible. Après cette étape, vous devez inhaler un médicament bronchodilatateur pour ensuite repasser l’examen et comparer ses résultats avec la première fois. Cela permet de classer la BPCO en différents stades allant de léger à très sévère.

  • La pléthysmographie n’est pas automatique. Cet examen permet d’évaluer la gravité de la BPCO. Il est réalisé à l’intérieur d’une cabine dans laquelle le volume respiratoire et le volume pulmonaire résiduel (quantité d’air restant dans les poumons à la fin de l’examen) sont calculés. Cela permet d’évaluer le degré d’atteinte des petites bronches.

  • La radiographie pulmonaire est prescrite par votre médecin pour rechercher une distension du thorax et la présence de lésions bronchopulmonaires : elles sont significatives d’une anomalie cardiaque, pulmonaire, pleurale ou d’un cancer du poumon.

 

Un traitement à part entière : l’amélioration de votre hygiène de vie

La principale habitude à adopter consiste sans surprise à supprimer l’exposition active et passive au tabac. Arrêter de fumer est la seule mesure qui peut ralentir l’évolution de la maladie. En cas de dépendance, plusieurs solutions sont possibles pour vous aider à arrêter le plus en douceur possible. Une aide au sevrage est également proposée en cas d’addiction au cannabis.

Autre action à mener : supprimer la pollution de votre domicile (amélioration de votre système de ventilation, suppression des appareils de chauffage ou de cuisine défectueux…) et de votre cadre professionnel. Pour cela, selon votre secteur d’activité, un changement de poste de travail doit être envisagé.

 

BPCO : quels médicaments ?

Plusieurs traitements médicamenteux sont possibles face à la BPCO :

  • Les bronchodilatateurs par voie inhalée : ces médicaments dilatent vos bronches et bronchioles (leurs ramifications) pour faciliter votre respiration. Au début de la maladie, des bronchodilatateurs de courte durée d'action vous sont prescrits en période d’essoufflement. Puis, lorsque la BPCO évolue, les bronchodilatateurs prescrits sont de longue durée d'action : ils agissent en continu pendant 12 heures et doivent être inhalés tous les jours.

  • Des corticoïdes inhalés vous sont prescrits en cas de stade avancé de la maladie. Leur action anti-inflammatoire aide à soulager les épisodes d’exacerbation, en particulier.

  •  Les antibiotiques ne vous sont prescrits qu’en cas d’infection bronchopulmonaire bactérienne. Ils ne sont pas faits pour traiter la BPCO en tant que telle. En cas d’exacerbation, ils peuvent vous être prescrits si le volume et la purulence des crachats augmente pendant au moins 48 heures et si vous souffrez d’une BPCO très sévère. Une surveillance médicale doit être assurée 48 à 72 heures après le début de l’antibiothérapie.

 

En outre, certains vaccins sont particulièrement recommandés si vous souffrez de BPCO car ils diminuent les risques de complications. Il s’agit :

  • Du vaccin contre la grippe qui doit être réalisé tous les ans en automne.

  • Du vaccin contre le pneumocoque, recommandé pour les adultes souffrant d’insuffisance respiratoire ou ayant déjà eu une infection à pneumocoque.

  • Du vaccin contre le covid-19 qui peut être réalisé en même temps que celui contre la grippe.

  • Le vaccin contre le VRS (virus respiratoire syncitial) est recommandé aux patients de plus de 65 ans.

 

Attention : certains médicaments sont contre-indiqués en cas de BPCO car ils risquent d’augmenter l’insuffisance respiratoire. Il s’agit :

  • Des antitussifs ;

  • Des fluidifiants bronchiques ;

  • Des médicaments antiasthmatiques (ces derniers nécessitent une prescription médicale).