Environ 15% des grossesses s’interrompent spontanément au cours du premier semestre. Qu’est-ce qu’une fausse couche et comment la prévenir ? Explications.
Qu’est-ce qu’une fausse couche ?
Chaque année, près de 200 000 Françaises y sont confrontées. Une fausse couche peut s’expliquer par des causes diverses, mais quand la grossesse est connue, cet événement peut s’avérer d’autant plus douloureux.
Fausse couche : plusieurs critères pour la caractériser
On parle de fausse couche lorsque la grossesse s’interrompt spontanément et involontairement durant les trois premiers mois et jusqu’à 28 semaines au plus tard. La majorité des fausses couches ont lieu précocement durant la grossesse (avant la 14e semaine d’aménorrhée) et souvent avant même que la patiente n’ait appris qu’elle était enceinte. Aucun symptôme ne lui est alors associé.
Lorsque la fausse couche survient alors que la patiente est au courant de sa grossesse, elle se manifeste par divers symptômes :
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Des saignements plus ou moins abondants
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Des douleurs dans le bas du dos, dans le bassin ou au niveau des ovaires, équivalentes à de fortes douleurs de règles (plus la grossesse est avancée et plus ces douleurs sont fortes)
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Selon le stade de la grossesse, le chorion (membrane extérieure de l’embryon) peut être expulsé et accompagné de tissus brunâtres ou de caillots de sang
Semaines d’aménorrhée ou de grossesse : quelle différence ?
Les professionnels de santé datent généralement une grossesse en fonction des semaines dites d’aménorrhée (SA), méthode de calcul qui se base sur les semaines durant lesquelles les règles sont absentes. Le premier jour pris en compte correspond donc au dernier jour des règles. Cela permet un calcul plus précis, en particulier lorsque le cycle est irrégulier. Quant au calcul en semaines de grossesse, il commence au moment de l’ovulation. C’est pourquoi il y a généralement 2 semaines d’aménorrhée de plus par rapport aux semaines de grossesse.
Fausse couche : un événement aux causes multiples
Plusieurs facteurs peuvent intervenir et expliquer une fausse couche. Ils sont propres à la patiente, à l’embryon ou aux deux.
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L’âge : à partir de 35 ans, la fertilité féminine diminue (à partir de 45 ans pour les hommes). Plus une femme est enceinte tardivement, de surcroît avec un homme âgé de plus de 45 ans, plus le risque de subir une fausse couche augmente, passant de 12% par cycle à 25 ans à 50% à 42 ans.
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La division cellulaire, première étape de la formation du fœtus, ne s’est pas passée correctement, ce qui donne lieu à un embryon non viable. La probabilité que cela arrive augmente lorsque l’un des parents ou les deux sont porteurs d’une anomalie chromosomique spécifique.
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Une malformation ou une anomalie utérine : s’il s’agit du premier cas, cette malformation risque d’entraîner plusieurs fausses couches successives. En revanche, une anomalie utérine peut consister en la présence d’un polype (excroissance ou kyste de la muqueuse utérine), d’un fibrome (tumeur bénigne) ou d’une synéchie (lorsque les parois de l’utérus sont accolées, généralement à la suite d’un curetage ou d’une mauvaise cicatrisation) qu’il faut alors traiter pour que l’embryon puisse s’implanter par la suite.
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L’endométriose est une maladie inflammatoire qui se définit par la présence de fragments d’endomètre en-dehors de la cavité utérine. Sous l’action des modifications hormonales liées au cycle menstruel, ces fragments agissent comme s’ils étaient à leur emplacement d’origine, provoquant généralement d’intenses douleurs et, dans certains cas, des lésions sur les organes atteints.
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Certaines carences comme celles en vitamines B9 et B12, contre lesquelles il est fréquent de prescrire de l’acide folique dès le début de la grossesse.
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Une béance du col de l’utérus, généralement provoquée par un traumatisme physique ou un accident.
Un cas particulier : les fausses couches à répétition
Dès la deuxième fausse couche successive, il est recommandé d’aller consulter un gynécologue spécialisé en médecine de la reproduction. Il commencera par prescrire un bilan sanguin complet, afin de déterminer la ou les causes de ces fausses couches à répétition qui, pour certaines, sont communes avec celles de la fausse couche isolée :
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Anomalie ou malformation de l’utérus
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Anomalies chromosomiques
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Dérèglements hormonaux
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Anomalie de la coagulation sanguine
Comment prévenir la fausse couche ?
Ces moyens de prévention peuvent être appliqués avant la conception et dès lors que votre projet de concevoir un enfant est là.
Hygiène de vie et alimentation : premiers remparts contre la fausse couche
Ne pas fumer, ne pas prendre de drogue, consommer de l’alcool avec modération : cela paraît évident, mais ces conseils sont essentiels pour réduire les risques. Ils sont à associer à une alimentation équilibrée qui permettra d’éviter les carences. S’il y en a malgré tout, par exemple vous suivez un régime comprenant des exclusions alimentaires, il se peut que vous ayez besoin d’être supplémentée en vitamines. Parlez-en avec votre gynécologue.
Le bilan préconceptionnel chez son gynécologue
Anciennement connu sous l’appellation de consultation prénuptiale, le bilan préconceptionnel est aujourd’hui méconnu et peu planifié, bien qu’il soit recommandé par les gynécologues qui l’assurent.
De quoi s’agit-il ? Cette consultation médicale peut être programmée en couple dès lors que vous avez un projet de bébé. Elle permet de s’assurer que votre enfant peut être conçu et se développer dans les meilleures conditions sanitaires possibles. Lors de ce rendez-vous, le gynécologue pose un grand nombre de questions aux deux membres du couple : antécédents familiaux et médicaux, hygiène de vie, régularité du cycle menstruel, santé sexuelle… Rien n’est laissé au hasard par le professionnel de santé qui procède ensuite à un examen clinique classique, avant de prescrire un bilan sanguin complet. En fonction des résultats d’analyses, des examens complémentaires pourront être prescrits : échographie, exploration des trompes, caryotype, spermogramme…
La fausse couche : des conséquences psychologiques inévitables
Cet événement est toujours éprouvant pour les femmes qui le subissent. Le vocabulaire employé par l’entourage comme par les professionnels de santé, l’attention et l’écoute accordées aux patientes, seront particulièrement déterminants pour les aider à se remettre de cette épreuve.
La parole se libère actuellement au sujet de la fausse couche et permet de souligner à quel point il est important pour les patientes concernées de communiquer sur cet événement subi. En plus de la présence d’un entourage bienveillant, il est recommandé de consulter un psychologue, psychothérapeute ou psychiatre pour mieux appréhender ce contexte parfois traumatisant.
Sources & références :
- https://www.ameli.fr/assure/sante/urgence/pathologies/fausse-couche
- https://www.nouvelobs.com/rue89/20220330.OBS56404/paula-forteza-la-fausse-couche-est-un-impense-de-notre-societe.html
- https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/03/27/finissons-en-avec-l-expression-faire-une-fausse-couche-parce-que-rien-n-est-faux-et-que-tout-est-vrai_6119319_3232.html