Comprendre l’hyperthyroïdie : causes, symptômes et traitements

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Plus fréquente chez les femmes, l’hyperthyroïdie représente l’un des principaux dysfonctionnements de la glande thyroïde. Pourquoi survient-elle et comment la soigner ? Explications.

 

Hyperthyroïdie : qu’est-ce que c’est ?

 

Appelée aussi thyréotoxicose, l’hyperthyroïdie correspond à une production anormalement élevée par la glande thyroïde d’hormones thyroïdiennes : la triiodothyronine (ou T3) et la thyroxine (ou T4). Cette dernière est produite en plus grande quantité que la T3, mais elle est dite « de réserve », pour le cas où elle devrait se transformer en T3 et ainsi devenir active. Ces hormones sont régulées par la TSH (thyréostimuline), une hormone produite par l’hypophyse, une autre glande située à la base du cerveau, elle-même contrôlée par l’hypothalamus, situé au-dessus, qui libère la TRH pour réguler la sécrétion de TSH. Lorsque l’hypothalamus détecte une trop faible sécrétion de TSH dans la circulation sanguine, il libère alors une plus grande quantité de TRH pour stimuler la production de TSH par l’hypophyse. Une fois rétablie, la TSH peut alors à son tour stimuler la sécrétion des hormones T3 et T4 au sein de la thyroïde. 

 

L’hyperthyroïdie entraîne un dysfonctionnement des organes sensibles à l’influence de ces hormones : 

  • L’énergie musculaire ;

  • Le métabolisme des cellules ;

  • Le rythme cardiaque ;

  • La motricité du système digestif…

Elle est 5 à 10 fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes  et correspond à l’inverse d’une autre maladie de la thyroïde : l’hypothyroïdie, où la production d’hormones thyroïdiennes est anormalement basse.

 

Quelles sont les causes de l’hyperthyroïdie ?

 

L’hyperthyroïdie peut être provoquée par trois pathologies distinctes : 

 

  • La maladie de Basedow ou maladie de Graves, une maladie auto-immune qui entraîne la production anormale d’anticorps dans le sang, dirigés contre les récepteurs de la TSH. Cette maladie entraîne divers symptômes : présence d’un goitre (augmentation de la thyroïde qui peut être visible en raison d’un élargissement ou d’un gonflement du cou), yeux anormalement saillants et présence éventuelle d’un œdème à l’avant de la jambe. 

  • Le goitre multi-nodulaire toxique : dans ce cas, la thyroïde augmente de volume, et des nodules dits « toxiques », en raison des hormones thyroïdiennes présentes en trop grand nombre qu’ils contiennent, se développent. 

  • L’adénome toxique : la thyroïde comporte ici un seul nodule « toxique » en raison de la présence excessive d’hormones thyroïdiennes à l’intérieur. 

 

D’autres causes peuvent expliquer l’hyperthyroïdie : 

 

  • La prise de certains médicaments pouvant stimuler la production d’hormones thyroïdiennes.

  • La grossesse : pendant ou après, une hormone sécrétée par le placenta peut stimuler le récepteur de la TSH. L’hyperthyroïdie apparaît alors pendant le premier trimestre, en se manifestant par une plus grande nervosité, l’absence de prise de poids, de la tachycardie et des vomissements. Elle régresse durant le deuxième trimestre ou, plus rarement, peut évoluer en maladie de Basedow. Après l’accouchement, un dérèglement de la production d’hormones thyroïdiennes est fréquent. Asymptomatique, il rentre le plus souvent dans l’ordre. Le risque de récidive est toutefois élevé en cas de nouvelle grossesse. 

  • Après une infection virale, une thyroïdite de Quervain peut survenir : il s’agit d’une inflammation de la thyroïde avec hyperthyroïdie, suivant un épisode de grippe avec fièvre et goitre dur et douloureux. Suivie d’hypothyroïdie, cette pathologie guérit en deux à trois mois.

  • La thyroïdite de Hashimoto : cette maladie auto-immune est caractérisée par un goitre ferme et irrégulier, ainsi que par la présence d’anticorps spécifiques. Si l’hyperthyroïdie peut se rencontrer en début de maladie, cette dernière évolue généralement vers l’hypothyroïdie. 

Hyperthyroïdie : quels sont les symptômes ?

 

Les symptômes d’une hyperthyroïdie sont nombreux et peuvent varier en fonction des patients, mais ils sont de plus en plus marqués si l’hyperthyroïdie tarde à être prise en charge. Parmi les symptômes les plus répandus, on relève : 

 

  • Une perte de poids rapide et importante, malgré un appétit conservé.

  • Une perte de force musculaire, voire de volume musculaire.

  • Des épisodes de diarrhée accompagnés de nausées.

  • Des palpitations accompagnées de douleurs thoraciques, d’un pouls rapide et parfois irrégulier, ainsi qu’un essoufflement.

  • De légers tremblements au niveau des mains.

  • Des troubles du sommeil, notamment de l’insomnie qui entraîne une grande fatigue.

  • Des troubles de l’humeur, dont de l’irritabilité voire une dépression.

  • La chaleur est mal supportée, avec une transpiration et une sensation de soif importantes.

  • Les yeux sont anormalement saillants vers l’extérieur des orbites et les paupières se rétractent.

  • Chez les femmes, les règles sont irrégulières voire absentes.

     

Hyperthyroïdie : des complications diverses

 

En cas d’absence de traitement, ou si le taux d’hormones thyroïdiennes est très élevé dans le sang, plusieurs complications peuvent apparaître : 

 

  • Troubles cardiaques : fibrillation auriculaire ou insuffisance cardiaque.

  • Troubles des organes génitaux : problèmes érectiles chez l’homme, cycle menstruel irrégulier chez la femme et troubles de la fertilité chez les deux sexes.

  • Ostéoporose.

  • Atteinte de l’œil, si l’hyperthyroïdie est associée à une maladie de Basedow.

  • Plus rarement : une crise aiguë thyrotoxique peut survenir, entraînant fièvre, palpitations importantes, agitation, déshydratation et confusion en sont les principaux symptômes. Il s’agit d’une urgence médicale. 

     

Prise en charge de l’hyperthyroïdie

 

Prenez rendez-vous avec votre médecin traitant dès l’apparition des premiers symptômes évoquant l’hyperthyroïdie. S’il confirme la piste, il vous adressera à un endocrinologue, le médecin spécialisé dans les pathologies hormonales. 

 

Diagnostic de l’hyperthyroïdie : les examens qui vous attendent

 

Pour commencer, un examen clinique est effectué par votre médecin. Même si un goitre est visible à l’œil nu, il palpera votre cou à la recherche d’une grosseur unique ou de plusieurs nodules thyroïdiens. Il vous prescrit ensuite un bilan sanguin permettant d’analyser les dosages d’hormones thyroïdiennes. En cas d’hyperthyroïdie, le taux de TSH est anormalement bas. Dans un second temps, à partir du même prélèvement sanguin, le dosage de T4 libre (l’hormone thyroïdienne « de réserve », pour rappel) est effectué : il est anormalement élevé en cas d’hyperthyroïdie. 

Si votre médecin suspecte une maladie de Basedow associée, un autre dosage est effectué : les anticorps anti-récepteurs de la TSH, à un taux anormalement élevé si la maladie est confirmée. D’autres dosages d’anticorps spécifiques peuvent être demandés en cas de suspicion d’une thyroïdite du post-partum ou d’une thyroïdite de Hashimoto.

 

Des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour rechercher la cause à l’origine de l’hyperthyroïdie et prescrire le traitement le plus adapté en conséquence. Ces examens consistent en : 

 

  • Une échographie de la thyroïde en cas de nodule ou de goitre.

  • Une échographie de la région du cou pour détecter des anomalies de structure.

  • Une scintigraphie de la thyroïde pour mesurer la fixation de l’iode par cette glande : un produit radioactif inoffensif est injecté, afin d’obtenir des informations en images sur le fonctionnement de la thyroïde et les zones qui sécrètent les hormones thyroïdiennes. 

  • Un bilan cardiovasculaire permet d’évaluer les conséquences de l’hyperthyroïdie sur le cœur, par le biais d’un électrocardiogramme et d’un échodoppler cardiaque.

     

Hyperthyroïdie : les traitements à base de médicaments

 

Appelés antithyroïdiens de synthèse, ces médicaments réduisent la production d’hormones thyroïdiennes, les aidant à revenir à la normale en 3 à 8 semaines. Cette prescription est suivie d’un traitement dit d’entretien, qui doit être pris pendant 12 à 18 mois. 

Des analyses de sang doivent être réalisées régulièrement pendant ce traitement, afin de surveiller l’évolution du taux d’hormones thyroïdiennes, mais aussi de contrôler le nombre de globules blancs et la fonction hépatique. En effet, un dérèglement de ces derniers fait partie des possibles effets secondaires du traitement. D’autres médicaments peuvent être prescrits pour soigner les conséquences de l’hyperthyroïdie : des bêta-bloquants pour traiter des troubles cardiaques, par exemple.

 

Qu’est-ce que le traitement par l’iode radioactif ou irathérapie ?

 

L’iode est nécessaire à la thyroïde pour fonctionner normalement. Une petite quantité suffit : le traitement à base d’iode radioactif consiste à détruire de façon permanente une partie des cellules de la thyroïde, afin que cette glande produise moins d’hormones. Il est réalisé au sein d’un service de médecine nucléaire et préconisé en cas de : 

  • Goitre multinodulaire toxique ou d’adénome toxique ;

  • Maladie de Basedow persistant au-delà de 12 à 18 mois, malgré la prise d’antithyroïdiens de synthèse ou en cas de récidive.

L’irathérapie est efficace à partir d’un ou 2 mois après son administration. Souvent, elle provoque d’ailleurs un effet plus fort que celui recherché en causant une hypothyroïdie permanente, traitée avec des hormones thyroïdiennes de substitution. A l’inverse, le traitement peut également s’avérer insuffisant : une deuxième dose d’iode radioactif est alors requise.

 

Hyperthyroïdie : quand la chirurgie est nécessaire

 

La chirurgie est préconisée en cas : 

  • D’adénome toxique ou de goitre multinodulaire toxique compressif ;

  • De refus de suivre un traitement par iode radioactif ;

  • De maladie de Basedow récidivante.

L’intervention, appelée thyroïdectomie, consiste en l’ablation partielle ou totale de la thyroïde. Parfois, des ganglions du cou sont également retirés. Après l’opération, un traitement à base d’hormones thyroïdiennes de substitution à vie est nécessaire. 

 

L’importance du suivi médical en cas d’hyperthyroïdie

 

Le taux d’hormones thyroïdiennes doit être mesuré très fréquemment en début de traitement, puis de manière plus espacée, à partir des analyses de sang réalisées en laboratoire et transmises à votre médecin. Ces analyses font partie intégrante de votre suivi médical, puisque c’est en fonction d’elles que le professionnel de santé qui vous suit détermine si votre traitement est adapté ou s’il doit être ajusté voire modifié. 

 

Il est essentiel de suivre méticuleusement les délais de vos analyses de sang et de vos rendez-vous médicaux. Signalez immédiatement à votre médecin tout symptôme anormal ou complication (fièvre, palpitations, état de confusion, notamment). Un suivi médical rigoureux est tout aussi nécessaire si vous prenez des hormones thyroïdiennes de substitution, à la suite d’une hyperthyroïdie.