Face à l’AVC, hommes et femmes ne sont pas égaux : mais pourquoi ?

Un accident vasculaire cérébral ou AVC est une situation d'urgence médicale absolue pour toutes les victimes. Néanmoins, les femmes en meurent plus souvent. Explications. 

AVC : une inégalité homme-femme

Plus de 121 000 personnes ont subi un AVC en France, en 2021 (source : Assurance maladie). Parmi elles, 52,6% étaient des hommes et 47,4% étaient des femmes. Mais les chiffres changent lorsqu’il est question de mortalité à la suite d’un AVC : les femmes en meurent davantage que les hommes, faisant de cette pathologie la première cause de mortalité à échelle mondiale. Autrement dit, l’AVC chez les hommes est mieux connu, pris en charge et soigné. Une réalité qui s’explique par plusieurs causes, mais qui souligne l’inégalité entre les deux sexes en matière de santé cardiovasculaire.

AVC : quelles différences entre hommes et femmes ?

Les différences sont observables avant même la survenue de l’AVC chez les personnes à risque. Elles se poursuivent ensuite, lorsqu’il se produit.

Des facteurs de risque spécifiques

En plus des facteurs de risques de l’AVC communs aux deux sexes, d’autres sont propres aux femmes et encore méconnus :

• L’hypertension artérielle est un facteur de risque présent chez les hommes comme chez les femmes, mais plus fréquent chez ces dernières dans la survenue d’un AVC.

• La fibrillation auriculaire ou atriale est un trouble du rythme cardiaque qui accélère le cœur tout en le faisant battre de façon irrégulière. Une pathologie qui apparaît généralement avec l’âge ou en présence d’une autre maladie cardiaque, avec des conséquences souvent plus graves chez les femmes que chez les hommes. En outre, cette pathologie multiplie les risques d’AVC par 2 chez les femmes, en comparaison des hommes (source : Inserm).

• La grossesse (d’autant plus en cas d’hypertension gravidique) et la ménopause sont deux périodes de la vie d’une femme qui favorisent la survenue d’un AVC. En outre, certaines hormones féminines augmentent les risques.

• Les traitements hormonaux, notamment à base d’œstrogènes, font également partie des facteurs de risque spécifiques.

Des symptômes à prendre au sérieux

Plusieurs études scientifiques internationales regroupées par une chercheuse de l’Inserm ont mis en avant le fait que les femmes arrivaient en milieu hospitalier plus tardivement que les hommes, en présence de symptômes d’AVC. Ces mêmes études soulignent que, malgré leur connaissance des symptômes (les femmes connaissent d’ailleurs généralement mieux les signes d’AVC que les hommes), elles ont tendance à réagir moins vite lorsqu’il s’agit de leur santé, ayant du mal à se considérer « à risque ». En outre, des facteurs socio-culturels pourraient également justifier ce délai allongé avant de se rendre aux urgences.

Pour rappel, les signes d’un AVC peuvent varier d’une personne à l’autre. Ils peuvent être brefs ou légers, d’autant plus s’il s’agit d’un AIT (accident ischémique transitoire), généralement annonciateur d’un AVC. Dans tous les cas, ces symptômes même infimes, doivent inciter à consulter le plus rapidement possible.

Une prise en charge différente

En cas d’AVC, on le sait : chaque minute compte pour sa prise en charge. Autrement dit, plus un AVC est pris en charge rapidement et plus il y a de chances de s’en remettre.  Mais là encore, hommes et femmes sont inégalitaires : toujours d’après ces études internationales, le diagnostic est posé plus lentement chez les femmes. Un fait qui s’explique par le délai plus long avant de prévenir les secours. Conséquence, le traitement est moins efficace et le risque de séquelles ainsi que de complications est plus élevé pour la gent féminine.

Enfin, un autre aspect d’inégalité hommes-femmes autour de l’AVC concerne… la recherche. En effet, les femmes demeurent pour l’heure minoritaires dans les études cliniques (moins de 40% de femmes pour une récente étude qui visait à évaluer les effets de nouveaux anticoagulants oraux, par exemple). Cela ne permet pas de bien prendre en compte les différences spécifiques des femmes face à un AVC. Mais tout cela est en train de changer !