Grossesse : tout savoir sur la trisomie 21

Image
Grossesse : tout savoir sur la trisomie 21
Body

La trisomie 21 est une maladie complexe qui peut se manifester de différentes manières, physiquement et biologiquement. Elle est dépistée dès la grossesse, selon un protocole précis. Explications.

 

Trisomie 21 : qu’est-ce que c’est ?

La trisomie 21 est une maladie génétique qui désigne l’ensemble des manifestations physiques et biologiques découlant de la présence du chromosome 21 en trois exemplaires, au lieu de deux normalement. 

Pour rappel, un être humain possède 46 chromosomes. Parmi eux, 44 chromosomes s’organisent en 22 paires communes aux deux sexes (le chromosome 21 correspond donc à la 21e paire), et deux chromosomes qui déterminent le sexe : XX pour les femmes et XY pour les hommes. En cas de trisomie 21, le chromosome 21 n’est plus une paire, mais trois chromosomes. Un excès du nombre de gènes portés par ce chromosome crée un déséquilibre du fonctionnement de tout l’organisme. Cette maladie peut être associée à d’autres anomalies ou pathologies qui sont présentes dès la naissance ou se développent par la suite : 

  • Malformations digestives, cardiopathie, cataracte congénitale ;
  • Troubles de la thyroïde, épilepsie ; 
  • Déficience mentale.

 

La trisomie 21 est la première cause diagnostiquée de déficit mental d’origine génétique. En moyenne, elle concerne 500 naissances par an en France, selon la Fondation Jérôme Lejeune. 

 

Les différentes formes de trisomie 21

Cette maladie apparaît sous trois formes distinctes : 

  • La trisomie 21 libre, complète et homogène. C’est la plus fréquente puisqu’elle concerne 95% des patients. Cela signifie que les trois chromosomes 21 sont séparés les uns des autres, que la trisomie concerne la totalité du chromosome 21 et qu’elle a été observée dans toutes les cellules examinées à l’analyse. 
  • La trisomie 21 en mosaïque. Dans ce cas, les cellules chromosomiques sont partagées en deux « parties ». D’une part, des cellules à 47 chromosomes dont trois chromosomes 21 ; et d’autre part, des cellules à 46 chromosomes dont deux chromosomes 21. La proportion de cellules dans chacune de ces parties, dépend du moment où « l’accident cellulaire » est survenu dans l’organisme : une donnée variable d’un individu à un autre, voire d’un organe ou d’un tissu à un autre.
  • La trisomie 21 par translocation. Sur le caryotype réalisé en laboratoire, on constate ici la présence de deux chromosomes 21 libres (distincts l’un de l’autre) ainsi que celle du troisième chromosome 21 accolé (transloqué) à un autre chromosome. 

 

Pourquoi parler de trisomie 21 et non plus de syndrome de Down, ni de mongolisme ?

L’expression « trisomie 21 » est à utiliser exclusivement pour parler de cette maladie. En effet, l’usage de « syndrome de Down » voire de « mongolisme » repose sur des erreurs historique, scientifique et éthique. Et pour cause, la première description clinique de la trisomie 21 ne provient pas de Langdon Down mais d’Esquirol en 1838. En outre, cette maladie est bien causée par la présence d’un chromosome supplémentaire et non par « une forme archaïque de l’homme », comme a pu le décrire Langdon Down. Enfin, en utilisant l’appellation de « mongolisme », ce dernier supposait une « régression mongolienne » rattachée à l’ethnie originaire de Mongolie, qui n’a naturellement pas lieu d’être. 

 

Grossesse : comment dépister la trisomie 21 ?

Toutes les femmes en âge de procréer sont susceptibles de donner naissance à un bébé porteur de trisomie 21, bien que cette maladie ne soit pas héréditaire. Néanmoins, le risque d’avoir un enfant trisomique augmente avec l’âge. 

 

Le dépistage combiné de la trisomie 21

Il consiste en un simple calcul de risque et n’est donc pas à confondre avec un diagnostic. Si vous êtes enceinte, le dépistage de la trisomie 21 commence, avec votre accord, lors de l’échographie du premier trimestre : le médecin mesure la clarté nucale de votre bébé, note votre âge et vous prescrit une prise de sang. La prise de sang a pour but de doser marqueurs sériques, des substances sécrétées par le placenta ou le fœtus, dont le taux est évalué dans le sang maternel. La combinaison de ces trois résultats lui permet de calculer votre risque d’être enceinte d’un enfant atteint de trisomie 21. 

  • Si votre risque est inférieur à 1/1000, il est suffisamment faible pour arrêter le processus de dépistage et poursuivre la surveillance de votre grossesse normalement.
  • Si votre risque est compris entre 1/51 et 1/1000, votre médecin vous propose d’effectuer le second examen de dépistage : le DPNI.
  • Si votre risque est supérieur ou égal à 1/50, votre médecin vous propose de passer directement le test de diagnostic. 

 

Le diagnostic prénatal non invasif (DPNI) pour les femmes enceintes à risque

Ce second test de dépistage consiste en une analyse sanguine qui permet de repérer l’ADN de votre bébé circulant dans votre sang (analyse de l’ADN fœtal libre), puis d’en analyser les chromosomes. Un séquençage des fragments d’ADN prélevés est pratiqué, permettant de vérifier la surreprésentation du chromosome 21. Le résultat peut être : 

  • Négatif : les risques que votre bébé soit atteint de trisomie 21 ne sont pas confirmés. Le processus de dépistage s’arrête donc là et le suivi de votre grossesse peut reprendre normalement.
  • Positif : cela confirme que votre bébé risque d’être porteur de trisomie 21. Votre médecin vous propose alors d’effectuer un test de diagnostic.

 

Le test de diagnostic, si le DPNI est positif

Dans ce cas, un caryotype fœtal est réalisé, sous forme de prélèvement à travers le ventre de la future mère. Il s'agit soit : 

  • Un prélèvement de liquide amniotique (amniocentèse), possible à partir de 15 semaines d’aménorrhée ;
  • Ainsi qu’un prélèvement de villosités choriales (choriocentèse ou biopsie du trophoblaste : autrement dit, du placenta), réalisable dès 11 semaines d’aménorrhée ;
  • Ou un prélèvement de sang fœtal (cordoncentèse) en réalisant une ponction du cordon ombilical : plus rarement proposé, il n’est indiqué qu’en cas d’indications médicales particulières, à partir de 21 semaines d’aménorrhée. 

 

Cet examen, considéré comme invasif, comporte un risque pour le fœtus, même s’il est faible : 0,5 à 1% de risque de fausse couche. Mais il est le seul à pouvoir vous donner une information certaine sur la présence ou non de la trisomie 21. 

 

Trisomie 21 confirmée : quelles suites pendant et après la grossesse ?

Dans ce cas, vous êtes accompagnée par votre médecin et pouvez par ailleurs faire appel à une aide psychologique de votre choix si vous en ressentez le besoin. Il est important que vous puissiez prendre le temps nécessaire pour recueillir toutes les informations sur la trisomie 21 (incluant les aides et les possibilités de prise en charge dont vous pourriez bénéficier), sur vos ressentis et les choix qui s’offrent à vous. 

Vous avez alors plusieurs possibilités : 

  • Poursuivre votre grossesse en vous préparant à accueillir cet enfant. Dans ce cas, un suivi adapté serait mis en place ;
  • Également poursuivre votre grossesse, mais en faisant le choix de confier le nouveau-né aux services de l’Aide sociale à l’enfance ;
  • Choisir une interruption médicale de grossesse, qui concerne 96% des fœtus diagnostiqués trisomiques 21 en France (d’après le rapport du Conseil d’Etat pour la révision de la loi de bioéthique 2009).

 

On résume…

  • La trisomie 21 est une maladie causée par un troisième chromosome 21 : au lieu de 46 chromosomes dont 22 paires, le patient trisomique en compte 47, avec la 21ème paire qui contient trois chromosomes.
  • La trisomie 21 entraîne un déséquilibre de tout l’organisme, pouvant inclure d’autres anomalies, des malformations ou des pathologies associées.
  • Le dépistage de la trisomie 21 se déroule en plusieurs étapes : le dépistage combiné, puis le diagnostic prénatal non invasif en cas de doute ; et enfin, le test de diagnostic si le doute persiste.