La dépression : comment la reconnaître et la traiter ?

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La dépression ou trouble dépressif est une maladie psychique aux impacts particulièrement conséquents sur la vie quotidienne. De nombreux facteurs entrent en cause dans sa survenue. Décryptage.

 

La dépression, qu’est-ce que c’est ?

La dépression, appelée aussi trouble dépressif caractérisé, est une maladie psychique fréquente puisqu’une personne sur cinq a souffert ou souffrira de dépression au cours de sa vie (source Inserm). Parmi les personnes les plus à risque, on trouve les jeunes de 18 à 24 ans, les femmes, les personnes vivant seules, les familles monoparentales et en situation précaire. 

La dépression se caractérise par des perturbations de l’humeur (en particulier de la tristesse et une perte de plaisir), qui entraînent une vision pessimiste du monde et de soi, ainsi que de nombreuses répercussions sur sa vie et son entourage. Elle se manifeste sous forme d’épisodes dépressifs, plus ou moins prononcés. Un épisode dure de quelques semaines à plusieurs mois. 

Pour parler de dépression, cet état doit durer plus de deux semaines. Et dans ce cas, la seule volonté n’est pas suffisante pour en sortir : elle nécessite une véritable prise en charge pour ne pas subir de complications ni devenir chronique. Attention, la dépression ne doit pas être confondue avec l’état de déprime, une baisse de moral ou un état de mal-être qui succède à certains événements de vie et qui ne s’inscrit pas dans la durée. 

 

Les facteurs favorisant la dépression

Divers facteurs sont responsables de la survenue d’un trouble dépressif, bien que certains soient encore méconnus. Plusieurs se distinguent et s’associent généralement entre eux pour que la dépression apparaisse : 

  • Des événements de la vie : décès d’un proche, perte d’un emploi, séparation, relations conflictuelles avec ses parents, traumatisme sexuel… Autant de situations pouvant survenir dès l’enfance, associées à un risque accru de dépression.  
  • Une vulnérabilité génétique : nous ne réagissons pas tous de la même manière à ces différents événements. Cette différence de susceptibilité peut s’expliquer par la génétique. Ainsi, si l’un de vos parents a subi une dépression durant sa vie, vous avez deux à quatre fois plus de risques d’en souffrir à votre tour. Certaines formes particulières de gènes et leurs interactions avec l’environnement ont d’ailleurs été identifiées chez des patients dépressifs. 
  • Des anomalies neurobiologiques : certains neurotransmetteurs, des substances chimiques qui permettent la transmission d’informations entre les neurones, sont fabriqués et se régulent de façon anormale, ce qui provoque un dysfonctionnement au niveau du cerveau. Entre autres conséquences, l’altération des réponses physiologiques du système nerveux face au stress répété ou chronique. 
  • Certaines pathologies préexistantes favorisent l’apparition d’une dépression. C’est le cas de l’ensemble des maladies chroniques (diabète, fibromyalgie, cancer…), des handicaps et des addictions (notamment en cas de substances consommées pour soulager ses angoisses). 

 

Quelles sont les évolutions d’une dépression ?

Lorsque la dépression est prise en charge, les traitements s’avèrent efficaces dans 70% des cas (source Inserm). Néanmoins, les risques de rechute et de récidives sont élevés, mais les symptômes et la souffrance associée sont moindres en cas de traitement adapté.

Il se peut aussi que l’état dépressif s’améliore, mais que des symptômes dits « résiduels » persistent : troubles du sommeil, fatigue chronique, anxiété, pessimisme, manque d’estime de soi, de motivation et persistance des idées dépressives. La dépression devient chronique lorsque les symptômes durent depuis plus de 2 ans. 

Enfin, et pas des moindres, la dépression est inévitablement associée aux idées et tentatives suicidaires : 5 à 20% des patients dépressifs se suicident. Un risque qui ne doit pas être sous-estimé et dont il faut parler dès qu’il est éprouvé. 

 

Dépression : une pathologie qui varie en fonction de l’âge et des étapes de vie

La dépression peut toucher toutes les catégories de population et tous les âges, mais certains signes de dépression peuvent être spécifiques : 

  • A l’âge : chez l’enfant et l’adolescent, une anxiété inhabituelle, une phobie scolaire ou l’apparition de certains comportements violents doivent vous alerter. Chez les personnes âgées, c’est plutôt le repli sur soi, le refus d’une aide extérieure et l’expression de plaintes physiques qui sont significatives.
  • Au sexe : chez les hommes, elle se manifestera par une plus grande irritabilité, de la colère, des comportements excessifs, un isolement ou encore des troubles somatiques ; tandis que chez les femmes, elle reposera davantage sur la tristesse ou un état de mal-être, ainsi qu’un repli sur soi. 
  • A l’arrivée d’un enfant : il s’agit de la dépression du post-partum. Une pathologie qui concerne surtout les jeunes mères (elle est d’ailleurs également appelée dépression maternelle), et parfois dès la grossesse, mais qui peut aussi toucher les pères. 

 

Dépression : quels sont les symptômes ?

Les symptômes d’une dépression sont divers et rendent la pathologie d’autant plus difficile à diagnostiquer qu’ils varient d’un patient à un autre et d’une forme de dépression à une autre. Toutefois, la présence d’un certain nombre d’entre eux, plus ou moins prononcés, peut vous alerter : 

  • Une tristesse profonde et quasi-permanente, avec une anxiété marquée et parfois, une indifférence affective. Il s’agit de l’humeur dépressive, associée à une profonde douleur morale, une perte de l’estime de soi et un important pessimisme. 
  • Une perte d’intérêt et de plaisir (également appelée perte d’élan vital) vis-à-vis des activités quotidiennes, même celles qui étaient habituellement plaisantes.
  • Une angoisse quasi-permanente, notamment au réveil.
  • Un ralentissement psychomoteur visible au niveau de la marche, de la voix ou encore des gestes.
  • Des troubles du sommeil, plus précisément une insomnie qui survient en deuxième partie de nuit ou un réveil matinal précoce.
  • Une fatigue persistante, en particulier le matin.
  • Une perte d’appétit, associée à une perte de poids.
  • Des troubles de l’attention, de la concentration et de la mémoire. 
  • Des idées de mort ou de suicide récurrentes, avec parfois des projets suicidaires et plus généralement l’idée que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue.

 

Comment diagnostiquer une dépression ?

Le diagnostic est posé par votre médecin ou votre psychiatre, en présence d’une humeur dépressive ou d’une perte de votre élan vital, associée à au moins quatre symptômes précédemment décrits. Et ce, tous les jours depuis au moins deux semaines, avec des répercussions de ces symptômes sur votre quotidien et une souffrance qui leur est associée.

Le professionnel de santé peut s’aider d’un certain nombre de questionnaires pour diagnostiquer cette maladie. Lors de la consultation, il évalue également la sévérité de l’épisode dépressif, mesurable en fonction de l’intensité des symptômes présents.  

 

L’efficacité des traitements contre la dépression repose sur une véritable collaboration avec votre psychiatre et votre médecin traitant. 

 

La psychothérapie : une prise en charge indispensable

Quelle que soit la forme de dépression dont vous souffrez, la psychothérapie vise à diminuer l’intensité des symptômes dépressifs, ainsi que les risques de récidive. Idéalement, elle peut conduire à une rémission. Dans tous les cas, elle doit être engagée sur du long terme. 

La psychothérapie peut être individuelle, familiale ou de groupe, en fonction de ce qui vous convient le mieux et de ce que vous préconise votre thérapeute. Dans tous les cas, il s’agit d’aborder avec ce professionnel de santé vos difficultés selon différentes techniques, en fonction de vos symptômes, de vos demandes et de vos contraintes. En cas d’épisodes dépressifs caractérisés légers, la psychothérapie peut représenter la seule prise en charge. 

 

Dépression : quels médicaments ?

En cas d’épisodes dépressifs modérés à sévères, des médicaments vous sont généralement prescrits, en association avec votre psychothérapie. Ce sont des antidépresseurs : ils visent à réduire les symptômes de la dépression et leurs conséquences. Votre psychiatre détermine l’antidépresseur à prescrire en fonction des caractéristiques de votre dépression et de votre dossier médical. 

Dans tous les cas, il faut compter deux à quatre semaines avant qu’ils ne commencent à agir. Des effets indésirables sont possibles, surtout en début de traitement ou si votre médecin doit augmenter votre dosage. 

Le traitement se poursuit après un épisode dépressif et l’amélioration des symptômes, afin de consolider les résultats positifs. En cas d’arrêt du traitement justifié, ce dernier doit se dérouler en diminuant les doses progressivement, sur plusieurs semaines et en suivant scrupuleusement les recommandations de votre médecin. Attention : un arrêt précoce peut entraîner des récidives. Dans les formes graves de dépression, le traitement peut se prolonger durant plusieurs années. 

 

Dans quels cas envisager une hospitalisation ?

Si le patient souffre d’un épisode dépressif très sévère, avec un risque suicidaire ou de mauvais résultats face au traitement, une hospitalisation urgente peut être décidée. Elle peut également être prescrite en cas de situation complexe ou de changement de traitement. 

L’hospitalisation est également nécessaire si vous souffrez de dépression sévère et que votre psychiatre vous prescrit un traitement par sismothérapie ou électroconvulsivothérapie : l’administration de courants électriques de faible intensité à la surface du cerveau. Un traitement sous forme de cures qui a fait ses preuves… loin des clichés !