La pancréatite aiguë et chronique : une pathologie à gravité variable

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Qu’elle soit aiguë ou chronique, la pancréatite est une pathologie à prendre au sérieux. Plus ou moins grave et aux complications multiples en fonction de sa cause, elle nécessite une prise en charge rigoureuse. 

 

La pancréatite, c’est quoi ?

La pancréatite est une inflammation du pancréas qui peut durer de quelques heures à quelques jours, ou s’installer plus durablement. Elle se définit plus précisément par une activation anormale des enzymes fabriquées par le pancréas qui, au lieu d’assimiler les différents nutriments une fois dans le tube digestif, vont s’activer au sein du pancréas : elles s’attaquent alors à la glande pancréatique elle-même, provoquant son inflammation. Cette dernière finit par atteindre l’ensemble de l’organisme, avec des répercussions variées. Lorsqu’elle est sévère, la pancréatite peut mettre en jeu le pronostic vital.

 

Le pancréas, un organe essentiel

Le pancréas est un organe digestif, sous forme de glande, situé au-dessus du duodénum (la première portion de l’intestin grêle), et qui joue un rôle essentiel dans l’organisme : il régule le taux de sucre dans le sang en synthétisant certaines hormones, comme l’insuline, et fabrique des enzymes incontournables lors de la digestion des lipides, des protides et des glucides.  

 

Quelle est la différence entre une pancréatite aiguë et une pancréatite chronique ?

Dans 80% des cas, l’inflammation de la pancréatite dure de quelques heures à plusieurs jours, avant de se résorber spontanément : on parle alors de pancréatite aiguë. Elle peut être bénigne, grave d’emblée, ou s’aggraver plusieurs jours voire semaines après les premiers symptômes. 

Lorsque l’inflammation persiste, au point de créer des lésions irréversibles sur le pancréas et de détruire progressivement ce dernier, il s’agit d’une pancréatite chronique qui se manifeste par poussées de pancréatite aiguë à intervalles plus ou moins régulières : les périodes de répit peuvent aller de quelques jours à quelques années. Les crises sont déclenchées ou aggravées par les repas, ce qui peut amener le patient à moins manger et donc maigrir. Cette pathologie touche 4 fois plus d’hommes que de femmes. 

 

Pancréatite : quelles en sont les causes ?

L’alcool demeure le principal responsable de la pancréatite, qu’elle soit aiguë ou chronique. Pour cette dernière en particulier, il est responsable de 80% des cas de pancréatite chronique, qui se développe à partir d’une dizaine d’années d’intoxication alcoolique. En effet, l’alcool est véritablement toxique pour les cellules du pancréas : il favorise l’activation précoce des enzymes fabriqués par cet organe. Et ce, d’autant plus s’il est associé au tabac.

L’autre cause majeure de pancréatite aiguë sont les calculs biliaires (ou lithiase), des concrétions ou petits dépôts pierreux composés d’éléments de la bile et de cholestérol. Ils peuvent être de la taille d’un grain de sable ou d’un petit caillou. Formés dans la vésicule biliaire, ces calculs migrent jusqu’à se rapprocher du pancréas et obstruer le canal pancréatique : c’est ce qui provoque l’inflammation aiguë.

Autre cause possible de la pancréatite aiguë et chronique ? La présence d’une tumeur, cancéreuse ou non. Environ 10% des cancers du pancréas sont révélés par une pancréatite aiguë (Source SNFGE). 

D’autres facteurs de risque peuvent expliquer la survenue d’une pancréatite aiguë : l’existence de pathologies entraînant un taux élevé de calcium dans le sang, ou une anomalie génétique. Plus ou moins fréquemment (10% des cas de pancréatite chronique), il arrive qu’aucune cause identifiée ne puisse justifier la survenue de la maladie.

 

Pancréatite : des symptômes et des complications plus ou moins graves

Aiguë ou chronique (il s’agit alors de poussées), la pancréatite se manifeste essentiellement par une douleur intense, permanente et souvent insupportable au niveau de la partie haute de l’abdomen. Elle irradie dans le dos et s’accompagne de nausées et de vomissements dans la plupart des cas. Cette douleur survient brutalement, en quelques minutes ou quelques heures, et peut éventuellement être soulagée par la position « en chien de fusil ». A la palpation, l’abdomen est sensible et ses muscles sont durs. 

Dans les formes les plus graves et étendues, cette crise peut s’accompagner de tachycardie, d’hypotension ou d’une respiration saccadée. Si les lésions de la pancréatite ont commencé à nécroser, la fièvre peut être présente. 

Autre signe de la pancréatite : l’élévation anormale du taux de lipase (enzyme pancréatique) dans le sang, de même que pour le taux de globules blancs. 

 

Lorsque la pancréatite est chronique et installée depuis plusieurs années, des complications peuvent apparaître : la maladie peut prendre une forme qui favorise l’apparition de kystes (contenant du liquide pancréatique) ou d’une tumeur pouvant comprimer les organes environnants, puisque la pancréatite finit par atrophier le pancréas. Lorsqu’un des kystes se rompt, une hémorragie peut survenir. Le risque d’apparition du diabète augmente également.   

 

Comment prendre en charge une pancréatite ?

Face à l’intensité de la douleur provoquée par la pancréatite, il est nécessaire de consulter rapidement un médecin.

 

Pancréatite aiguë et chronique : quels examens ?

Un scanner du pancréas permet de confirmer l’inflammation de la pancréatite et d’en évaluer la gravité : il repère notamment une éventuelle nécrose. Il est préférable d’effectuer cet examen au moins 48 heures après le début des symptômes. Un examen sanguin est également effectué, s’il s’agit de diagnostiquer une pancréatite aiguë et de vérifier s’il y a du diabète.  Une échographie peut également être prescrite, en vue de vérifier l’éventuelle présence de calculs biliaires.

En cas de suspicion de pancréatite chronique, le scanner est associé à une IRM, afin d’obtenir un aperçu complet et précis des anomalies des canaux pancréatiques. 

 

Pancréatite : quels traitements possibles ?

Les traitements de la pancréatite varient en fonction de la nature de cette dernière. Si elle est aiguë, une hospitalisation est nécessaire. Elle s’accompagne de : 

  • La prise d’antalgiques pour diminuer la douleur ;
  • La prise d’antiémétiques contre les nausées et les vomissements ;
  • Une perfusion à base de sérum salé et glucosé pour maintenir l’hydratation, jusqu’à ce que l’alimentation soit possible (48 heures après la disparition des douleurs et si le transit a repris) ;
  • Une endoscopie, associée au retrait de la vésicule biliaire, en cas de calcul biliaire et une fois l’inflammation sous contrôle ;
  • Le drainage d’une infection liée à une nécrose par la pose de drains ou d’une prothèse par endoscopie, avec la prise d’antibiotiques en complément. Les drains restent généralement en place plusieurs semaines. 
  • Le drainage est également recommandé en présence de kystes susceptibles de comprimer des organes environnants ou de provoquer une hémorragie.

 

Conseil bien-être. Réduire votre consommation d’alcool pour préserver votre pancréas

Une fois détruit même partiellement, le pancréas ne peut pas se régénérer. C’est pourquoi, il est nécessaire de réduire le plus tôt possible sa consommation d’alcool, dont l’excès est responsable de 30% des cas de pancréatite aiguë et 80% des cas de pancréatite chronique, pour rappel. Le sevrage permet aussi de prévenir l’apparition d’autres pathologies liées à l’alcool, comme la cirrhose du foie, qui survient en moyenne 10 ans après l’évolution d’une pancréatite chronique.