Multifactorielle, complexe à définir et à prendre en charge, la phobie scolaire est source de grande souffrance psychologique pour les enfants et adolescents qui la subissent. Décryptage.
La phobie scolaire, un trouble complexe à définir
Également appelée « refus scolaire anxieux », la phobie scolaire reste complexe à définir et à repérer. Ce trouble concernerait entre 1 et 3% des enfants et adolescents, de la maternelle au lycée, selon l’Inserm. Mais elle serait en réalité sous-estimée, en raison des difficultés à la détecter et donc à la quantifier.
Pour la définir simplement, la phobie scolaire correspond à un état de vive détresse émotionnelle ressenti par un élève sans conduite antisociale, vis-à-vis de l’école qu’il évite malgré les efforts de ses parents pour l’y ramener. Autrement dit, il s’agit de la peur, rationnelle ou non, de se rendre en classe, ce qui engendre fréquemment absentéisme et décrochage.
Dans toutes les situations de phobie scolaire, et quel que soit l’âge de l’enfant, les mécanismes neurologiques à l’œuvre sont similaires à ceux du stress post-traumatique : le cerveau est comme figé et noyé par les hormones du stress, ce qui donne lieu à une véritable souffrance.
Phobie scolaire : quels symptômes ?
La phobie scolaire se manifeste de façon différente selon l’âge. Chez les enfants plus jeunes, elle peut se révéler par des symptômes somatiques : maux de ventre ou de tête, nausées, sueurs, sommeil perturbé… Mais aussi par une peur profonde et précise, comme celle d’être malade à l’école ou d’aller aux toilettes à cet endroit : des craintes focalisées mais qui, en réalité, cachent la peur de l’école dans son ensemble.
Autres symptômes possibles : des pleurs ou de l’agitation à l’approche de partir à l’école (parfois dès la veille au soir, par exemple). Sur place, la phobie scolaire se révèle par le repli sur soi, l’isolement vis-à-vis de ses camarades, ou encore le refus de participer à des activités de groupe.
Parfois, la phobie scolaire est plus facilement décelable : lorsque l’enfant exprime son refus de se rendre à l’école, qu’il résiste au fait de se préparer le matin, ou qu’il se met à pleurer à l’approche de l’établissement… D’une manière générale, il faut prêter attention à tout changement de comportement pouvant paraître « anormal » (par rapport à la personnalité de son enfant) : notes en baisse, passages réguliers à l’infirmerie scolaire, maux fréquents au moment d’aller à l’école mais qui disparaissent pendant les vacances, etc.
En l’absence de prise en charge, la phobie scolaire peut, à terme, évoluer en phobie sociale et peut mener aux atteintes physiques sur soi (scarification), voire aux tentatives de suicide.
Les facteurs pouvant déclencher une phobie scolaire
Multifactorielle, la phobie scolaire est souvent déclenchée par plusieurs causes :
- Une situation de harcèlement en milieu scolaire ou de cyberharcèlement ;
- Une difficulté à se séparer de ses parents ;
- Un trouble autistique, des apprentissages (dyslexie, dysgraphie…) ou de l’attention non diagnostiqué ou pas assez suivi ;
- Un handicap ;
- Le fait d’être à haut potentiel intellectuel (HPI) : l’enfant concerné s’ennuie plus facilement à l’école et ressent plus intensément les émotions (les siennes et celles des autres) ;
- Un manque d’estime de soi ;
- Une forte anxiété de performance.
Phobie scolaire : une prise en charge adaptée à chaque enfant
Lorsque les symptômes de phobie scolaire apparaissent et perdurent, il est nécessaire de consulter un pédopsychiatre, afin de diagnostiquer ce trouble et de mettre en place le suivi adapté le plus tôt possible. Car plus la phobie scolaire est repérée tôt, moins elle sera longue à soigner.
Attention et vigilance avant tout
La phobie scolaire est une véritable source de souffrance qui dépasse l’enfant concerné, et qui ne doit pas être prise pour un « caprice ». La difficulté ou l’impossibilité à se rendre en classe n’est pas feinte et s’accompagne d’une forte anxiété. C’est d’autant plus le cas lorsque le jeune souhaite aller à l’école, mais que son angoisse prend le dessus malgré tous les efforts qu’il fournit pour la combattre. Une souffrance qu’il ne parvient pas toujours à exprimer et qui est donc silencieuse : cela nécessite d’autant plus de vigilance et de bienveillance de la part des parents.
Phobie scolaire : quelles thérapies envisager ?
Seul le pédopsychiatre peut diagnostiquer la phobie scolaire. À la suite du diagnostic, une collaboration se met en place entre le professionnel de santé (avec lequel il est essentiel de se sentir en confiance), l’enfant et ses parents, pouvant donner lieu à divers bilans à passer, afin d’établir la prise en charge la plus adaptée : bilan orthophonique, orthoptique, en psychomotricité, etc.
Une fois la situation clarifiée, plusieurs thérapies sont possibles :
- La psychanalyse qui peut être menée par le pédopsychiatre, un psychologue ou un psychothérapeute ;
- Une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ;
- Une thérapie brève comme l’EMDR, une thérapie qui inclut des mouvements oculaires ou des stimulations bilatérales auditives et tactiles pour traiter des événements passés, à l’origine d’un trouble actuel, mais aussi une thérapie systémique. Familiale, cette dernière vise à reconnaître, évaluer et modifier des schémas comportementaux posant problème pour faire émerger d’autres possibilités. On peut aussi s’orienter vers la PNL (programmation neuro-linguistique), laquelle regroupe un ensemble de techniques de communication et de transformation de soi.
Des médicaments pour soulager certains symptômes
Les médicaments sont rarement prescrits d’emblée ! Un traitement médicamenteux est envisagé lorsque l’enfant subit une trop grande souffrance, que la situation devient trop complexe, avec des symptômes particulièrement prononcés.
Le pédopsychiatre peut alors prescrire des antidépresseurs. L’objectif de ce traitement provisoire est de diminuer l’angoisse, l’état dépressif et l’intensité de la phobie. Mais aussi, de réduire les difficultés liées au sommeil, si besoin.
Rassurez-vous : il n’y a pas d’accoutumance ni de dépendance aux antidépresseurs (contrairement aux somnifères notamment). La durée du traitement varie en fonction du patient. Son arrêt doit être progressif, selon la prescription de votre médecin.
S’absenter de l’école… pour mieux y revenir
Ne plus aller à l’école, ou s’y rendre à temps partiel pendant une période propre à chaque situation, est une étape possible dans la prise en charge de la phobie scolaire. Cours par correspondance, accompagnement pédagogique à domicile, formation à distance… Toutes les solutions sont possibles, du moment qu’elles sont adaptées à l’enfant et qu’elles permettent de maintenir l’enseignement.
Dans tous les cas, le retour à l’école ne doit pas intervenir prématurément, mais de manière progressive et aménagée. Ce qui implique de maintenir un lien régulier avec l’établissement scolaire concerné.
Pour être prêt à retourner à l’école, le jeune doit pouvoir s’y sentir en « sécurité psychique ». Cela peut se traduire par des matières choisies, un emploi du temps aménagé, l’absence de notes… L’essentiel et la finalité n’étant pas de réussir son année scolaire, mais bien de retourner à l’école, quel que soit le temps nécessaire pour y parvenir.
Sources & références :
- https://www.ramsaysante.fr/actualites/phobie-scolaire-quand-la-peur-daller-lecole-paralyse
- https://www.ramsaysante.fr/actualites/detecter-et-prendre-en-charge-la-phobie-scolaire
- https://www.inserm.fr/actualite/phobie-scolaire-effet-de-mode-ou-realite-profonde/
- https://phobie-scolaire.org/definition-de-la-phobie-scolaire/