La maladie d’Alzheimer est bien connue du grand public. Très répandue, elle n’est pas encore guérissable mais son évolution peut être retardée si elle est dépistée précocement.
Qu’est-ce que la maladie d’Alzheimer ?
La maladie d’Alzheimer est caractérisée par une dégénérescence lente et progressive des neurones, autrement dit les cellules nerveuses présentes dans le cerveau et le reste du système nerveux.. Rare avant 65 ans, elle débute au niveau de l’hippocampe (partie du cerveau essentielle à la mémoire) et se propage à l’ensemble du cerveau ensuite. La maladie d’Alzheimer commence ainsi par se manifester d’abord par des troubles de la mémoire récente, avant d’entraîner d’autres troubles cognitifs qui altèrent de plus en plus la qualité de vie. D’après l’Inserm, près d’un million de personnes en sont atteintes en France, dont plus de 15% de la population âgée de 80 ans et plus. Un chiffre voué à croître avec l’augmentation de l’espérance de vie.
Maladie d’Alzheimer : que se passe-t-il dans le cerveau ?
On sait aujourd’hui que l’apparition de la pathologie est liée à une protéine, la protéine ß‑amyloïde, naturellement présente dans le cerveau mais qui s’accumule au fil du temps en raison d’autres facteurs (génétiques et environnementaux, notamment). Chez les personnes atteintes, des dépôts amyloïdes anormaux et caractéristiques finissent par se former et devenir toxiques pour les cellules nerveuses. Une sorte d’effet domino se produit alors : sous l’influence des dépôts, une autre protéine, la protéine tau, responsable de la structure des neurones, se modifie en plus grand nombre que la normale. Ce dysfonctionnement entraîne une désorganisation et une dégénérescence de la structure des neurones, jusqu’à leur destruction progressive. Ce processus est très lent : une dizaine d’années sont nécessaires pour que les premiers symptômes de la maladie apparaissent.
Démence et maladie d’Alzheimer : quelles différences ?
Le terme de démence est sujet à controverse, en raison du caractère péjoratif qu’il sous-entend. Mais dans ce contexte, la démence est un terme générique qui désigne l’ensemble des pathologies découlant d’un dysfonctionnement cérébral. La maladie d’Alzheimer fait donc partie de la famille des démences.
Maladie d’Alzheimer : quels facteurs de risques ?
Le principal facteur de risque est l’âge. La fréquence de la maladie augmente en effet après 65 ans et encore plus après 80 ans. Les cas d’Alzheimer avant 65 ans sont le plus souvent des formes familiales héréditaires rares.
Un autre facteur de risque est l’état de santé. La présence de risques cardiovasculaires (diabète, hypertension…) non pris en charge sont associés à l’apparition plus fréquente de la maladie. Les mécanismes par lesquels cela se produit doivent encore être mieux connus.
Par ailleurs, des microtraumatismes crâniens (provoqués notamment par la pratique de certains sports de contact, comme la boxe ou le rugby) ou encore des anesthésies répétées augmentent également les risques de survenue de la maladie d’Alzheimer.
La génétique joue aussi un rôle important : le risque de développer la maladie est multiplié par 1,5 si un parent du premier degré est touché et par 2 lorsqu’au moins deux d’entre eux le sont.
Enfin, l’environnement peut également influencer l’incidence de la pathologie : la sédentarité, l’absence d’études, d’une activité professionnelle stimulante ou d’une vie sociale active accélérerait l’apparition des symptômes et leur sévérité. Un tel mode de vie ne permet pas au cerveau de bénéficier d’une « réserve cognitive » suffisante (autrement dit, d’une plasticité cérébrale suffisamment optimale) pour compenser la perte de neurones.
Alzheimer : des symptômes évolutifs
Les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer peuvent passer inaperçus. En évoluant, ils deviennent ensuite de plus en plus perceptibles. Les troubles de la mémoire récente constituent le premier : la personne a alors des difficultés (voire l’impossibilité) à se souvenir d’informations apprises récemment. Mais ce symptôme ne doit pas être confondu avec les pertes de mémoire habituelles liées à l’âge. Dans ce cas, les personnes concernées finissent par se souvenir de ces informations récentes, ce qui n’est pas le cas en présence de la maladie d’Alzheimer.
D’autres symptômes se manifestent :
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Des troubles des fonctions exécutives : avoir du mal à réaliser une tâche que l’on savait effectuer jusque-là (se servir de son micro-ondes ou de son téléphone, par exemple).
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Des difficultés d’orientation dans le temps et dans l’espace : se perdre durant un trajet pourtant habituel ou ne plus être capable de se situer dans le temps.
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Des troubles de l’humeur : changements d’humeur soudains, anxiété, dépression, prise de distance par rapport à ses proches…
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Rares au début de la maladie, il peut pourtant y avoir aussi des troubles du langage (difficultés de communication) ou de la vision dite élaborée : lecture, repérage des objets, etc.
La progression des symptômes est très variable d’un patient à l’autre. Dans de nombreux cas, il est possible de poursuivre une vie sociale, intellectuelle et affective pendant longtemps.
Détecter le plus tôt possible la maladie d’Alzheimer
Bien qu’elle ne puisse pas encore se guérir à ce jour, prendre en charge le plus tôt possible la maladie d’Alzheimer permet de ralentir sa progression et donc de permettre aux patients de conserver leur qualité de vie le plus longtemps possible. C’est pourquoi, détecter la maladie précocement est essentiel.
Pour cela, prenez rendez-vous avec votre médecin traitant dès l’apparition d’oublis répétés qui ont un impact sur votre quotidien ou celui de votre proche concerné. Le médecin posera d’abord plusieurs questions pour bien connaître le contexte de ces symptômes. Puis, il vous fera passer plusieurs tests de vos fonctions cognitives, afin d’évaluer la sévérité des pertes de mémoire, l’état de votre orientation spatio-temporelle, de vos fonctions d’exécution…
Autre étape du dépistage : l’imagerie cérébrale, par le biais d’une IRM (imagerie par résonance magnétique). Cet examen permet de détecter la maladie d’Alzheimer, y compris à un stade précoce, mais aussi de révéler des anomalies cérébrales responsables de sa survenue : réduction du volume du cerveau, atrophie de l’hippocampe…
Une ponction lombaire pour prélever du liquide cérébrospinal (LCS), permet ensuite d’évaluer les marqueurs biologiques de la maladie et donc de confirmer l’origine des symptômes. L’ensemble de ces examens permet également de détecter d’autres maladies neurodégénératives ou vasculaires.
Alzheimer : quelle prise en charge globale ?
La prise en charge de la maladie d’Alzheimer englobe de nombreux aspects : hygiène de vie et activités, traitements médicamenteux, mais aussi dispositions médico-sociales si besoin, le moment venu. Dans tous les cas, chaque prise en charge est personnalisée.
Un suivi pluridisciplinaire précoce
Une bonne hygiène de vie et des activités plaisantes doivent être maintenues le plus longtemps possible, afin de stimuler le cerveau et maintenir une vie sociale. L’alimentation ne doit pas être sous-estimée : elle doit rester saine et équilibrée, avec une attention particulière accordée aux aliments contenant des oméga-3 (comme le poisson gras) et des anti-oxydants.
En fonction de l’évolution de la maladie, des dispositions doivent également être prises pour sécuriser ou adapter le domicile : remplacement des appareils à gaz, adaptation de l’éclairage ou de la salle de bain, mais aussi implication d’une aide à domicile… En cas de besoin, le soutien psychologique avec un thérapeute (psychologue, psychothérapeute ou psychiatre) peut également être bénéfique.
Des médicaments qui soignent mais ne guérissent pas
Quatre médicaments sont principalement prescrits. Ils ont vocation à faciliter la communication entre les neurones, diminuée à cause de la pathologie. En outre, ces médicaments bloquent l’action de différentes substances cérébrales qui portent atteinte aux neurotransmetteurs. À noter que ces médicaments ne sont pas destinés à améliorer l’état général des personnes atteintes, bien qu’ils ralentissent ou stabilisent la progression de la maladie et prolongent l’autonomie.
La maladie d’Alzheimer fait l’objet de nombreuses pistes de recherche, à différents stades d’avancement. Meilleure connaissance de la pathologie en comprenant mieux ses mécanismes, développement d’outils de détection innovants pour déceler la maladie, mais aussi l’élaboration d’un traitement pour traiter la maladie d’Alzheimer, à base d’immunothérapie. De nombreux essais cliniques sont actuellement en cours, les prochaines années seront sans doute riches en découvertes et en amélioration de la prise en charge médicale des patients.
Sources & références :
- https://www.inserm.fr/dossier/alzheimer-maladie/
- https://www.francealzheimer.org/comprendre-la-maladie/la-maladie-dalzheimer/premiers-reperes-maladie/
- https://www.frm.org/fr/maladies/recherches-maladies-neurologiques/maladies-d-alzheimer/focus-maladie-d-alzheimer
- https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/alzheimer-maladie
- https://www.alz.org/fr/demence-alzheimer-france.asp#caregiving