Les méningites sont des inflammations du cerveau provoquées par des infections. Face à certains symptômes, la prise en charge doit être urgente, quel que soit l’âge. Mais quels sont les différents types de méningites ? Comment les reconnaître et les soigner ?
Méningites : qu’est-ce que c’est ?
Littéralement, les méningites correspondent à des inflammations des méninges, trois membranes chargées de protéger le système nerveux central (composé du cerveau, du cervelet, du tronc cérébral et de la moelle épinière).
La plupart des méningites sont aiguës : cela signifie que le liquide dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière (liquide céphalorachidien) subit une infection.
Les méningites d’origine virale
Ce sont les méningites les plus fréquentes. Elles sont généralement provoquées par des virus faisant partie de la famille des entérovirus. Elles se manifestent par le syndrome méningé : sensibilité à la lumière, maux de tête et vomissements. Bénignes la plupart des temps, ces méningites finissent par s’estomper spontanément sans laisser de séquelles.
Les méningites d’origine bactérienne
Plus graves que les précédentes mais heureusement plus rares, ces méningites apparaissent à la suite d’une infection locale, respiratoire (comme la pneumonie) ou ORL (angine, otite, sinusite, etc.) compliquée. Elles sont liées à la présence de diverses bactéries :
• Le pneumocoque, la bactérie la plus fréquemment en cause dans les cas de méningites bactériennes.
• Le méningocoque : cette bactérie est associée à l’apparition de méningites, en particulier dans certains pays d’Afrique. Mais les cas augmentent en France (72% de plus entre 2022 et 2023, d’après l’Assurance maladie).
• La listéria : à la suite de l’ingestion d’aliments contaminés (en particulier des fromages crus), la bactérie atteint le système digestif d’où elle peut coloniser le sang et les méninges. Elle s’avère particulièrement menaçante envers les femmes enceintes, les personnes âgées et alcooliques.
• L’hæmophilus influenzæ et l’escherichia coli : ces bactéries touchent principalement les enfants de moins de 5 ans, mais le nombre de contaminations a heureusement beaucoup chuté depuis l’intégration du vaccin dans le calendrier vaccinal des nourrissons.
Les bactéries présentes à la suite de l’infection finissent par passer dans le sang et infecter le liquide céphalorachidien. Dans ce cas, le syndrome méningé correspond à un syndrome infectieux grave qui nécessite un traitement rapide, sous peine de complications comme une atteinte d’autres parties du système nerveux central, conduisant à une méningo-encéphalite, voire à l’infection généralisée à l’ensemble de l’organisme : la septicémie. C’est pourquoi les méningites d’origine bactérienne représentent une situation d’urgence médicale : le traitement doit être mis en place le plus vite possible.
Les méningites d’origine parasitaire
Très rares, ces méningites surviennent surtout chez les personnes immunodéprimées. Elles sont provoquées par des levures (ou champignons microscopiques), comme les cryptocoques ou le candida albicans. Plus rarement, le parasite responsable de la toxoplasmose peut être responsable de méningites.
Méningites : quels symptômes ?
En plus du syndrome méningé (maux de tête, sensibilité à la lumière et vomissements, pour rappel), les symptômes des méningites varient en fonction de l’âge.
Les symptômes de la méningite chez le nourrisson
Une vigilance particulière s’impose chez les nourrissons car ces signes sont peu caractéristiques des méningites mais tout aussi inquiétants. Principal symptôme, le bébé adopte un comportement inhabituel (irritabilité, pleurs incessants, gémissements, somnolence…) ou paraît « mou » et peu réactif aux stimulations. Il peut aussi refuser de s’alimenter, son teint peut devenir gris ou marbré… S’il présente l’un de ces symptômes, composez le 15 ou le 112.
En outre, chez les nourrissons et les enfants, une méningite bactérienne peut rapidement évoluer vers une infection généralisée, au pronostic très défavorable.
Le premier réflexe à avoir en présence de certains des symptômes précédemment décrits consiste à déshabiller votre enfant afin de vérifier s’il présente un purpura. Ce signe, généralement accompagné de forte fièvre, se présente sous forme de taches hémorragiques rouge vif ou « bleues » sous la peau et qui ne disparaissent pas à la pression de votre doigt. Dans ce cas, composez tout de suite le numéro du service d’urgences car le pronostic vital peut être engagé.
Les symptômes des méningites chez l’enfant et l’adulte
Les symptômes d’une méningite chez l’enfant et l’adulte sont une fièvre plus ou moins élevée, pouvant être accompagnée de frissons et de :
• Maux de tête intenses associés à une intolérance à la lumière ;
• Nausées et/ou vomissements ;
• Raideur de la nuque et/ou de courbatures ;
• Un teint gris ou marbré ;
• Une grande fatigue ;
• Des perturbations neurologiques graves et irrégulières : somnolence, état de confusion voire convulsions.
Méningites : une prise en charge urgente indispensable
Si vous ou votre enfant présentez des symptômes de méningite, une prise en charge urgente et une hospitalisation sont nécessaires.
Poser le diagnostic
Première étape après l’examen clinique : réaliser une ponction lombaire afin de prélever du liquide céphalorachidien entre deux vertèbres, avec une fine aiguille. Observer le liquide prélevé à l’œil nu peut déjà orienter le médecin : si le liquide est clair, la méningite est probablement d’origine virale. Si le liquide est trouble, la méningite est sûrement de nature bactérienne.
Le liquide prélevé est ensuite analysé plus en détail pour affiner le diagnostic. En cas de méningite bactérienne, un antibiogramme est pratiqué afin de prescrire le traitement le plus adapté au germe en cause. Si aucun germe n’est repéré, des analyses sanguines complémentaires sont effectuées pour identifier le virus ou la bactérie impliquée. D’autres examens peuvent aussi s’avérer utiles dans un second temps, tout en mettant en place le traitement : électroencéphalogramme, scanner cérébral ou IRM. Ils sont pratiqués si certains symptômes font redouter la présence de lésions cérébrales.
À chaque type de méningite son traitement
Le traitement varie en fonction du germe incriminé dans l’apparition de la méningite :
• En cas de méningite virale, aucun traitement spécifique n’est mis en place, sauf en cas de formes graves (l’apparition d’une méningo-encéphalite, notamment). Dans ce cas, la prise d’antiviraux est requise. Mais le plus souvent, la guérison se fait naturellement, sans laisser de séquelles.
• En cas de méningite bactérienne, le traitement a lieu au cours de l’hospitalisation. Il consiste en la prise d’antibiotiques par perfusion, mise en place juste après les premiers examens de diagnostic et choisis en fonction de la bactérie suspectée. Puis le traitement est adapté en fonction des résultats des examens. Plusieurs antibiotiques peuvent être prescrits, selon les résultats de l’antibiogramme. Une à 3 semaines de traitement sont nécessaires, en l’absence de complications. En parallèle, des corticoïdes peuvent aussi être injectés pour réduire l’inflammation des méninges, si l’équipe médicale l’estime nécessaire.
• S’il s’agit d’une méningite fongique ou parasitaire, des médicaments antifongiques et adaptés au champignon en cause sont administrés.
La vaccination, le moyen de prévention le plus efficace contre les méningites bactériennes
Certaines méningites bactériennes peuvent être évitées grâce à la vaccination. Le vaccin contre le méningocoque de sérogroupe C est obligatoire chez les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018. La première injection a lieu à 5 mois, puis une dose de rappel est injectée à 12 mois. Un intervalle minimum de 6 mois doit être respecté entre les deux doses. Pour ceux qui n’ont pas reçu de primovaccination (les enfants nés avant le 1er janvier 2018, notamment), une dose unique peut être injectée à partir de 12 mois et jusqu’à 24 ans révolus.
Un autre vaccin (recommandé et non obligatoire) est celui contre les infections invasives dues au méningocoque de sérogroupe B. Une première dose est généralement administrée à 3 mois (et possible dès 2 mois), puis une 2e à 5 mois et enfin un rappel à 12 mois. La vaccination doit avoir lieu avant l’âge de 2 ans. Elle est également recommandée à l’entourage d’une personne présentant des risques de contamination ainsi qu’aux personnes présentant un risque continu d’infection à méningocoque B.
Depuis le 1er janvier 2018, la vaccination contre le pneumocoque est également obligatoire pour les nourrissons avec 2 injections à 2 mois d’intervalle : 2 et 4 mois. Puis, un rappel à 11 mois. Trois injections et un rappel sont recommandés chez les bébés prématurés et les nourrissons à risque élevé d’infection. Après 2 ans, la vaccination est recommandée aux enfants et adultes immunodéprimés ou souffrant d’une infection telle que le diabète, d’une insuffisance rénale ou cardiaque ou encore d’une BPCO.
La vaccination est également obligatoire depuis le 1er janvier 2018 contre l’hæmophilus influenzae de type B : une injection à 2 et 4 mois, puis un rappel à 11 mois. Le rattrapage vaccinal peut être effectué jusqu’à 5 ans : 2 doses et un rappel entre 6 et 12 mois ; ou une seule dose à partir de 2 ans jusqu’à 5 ans.
Depuis 2024 : du nouveau pour la vaccination contre les méningites bactériennes
Depuis mars 2024, la Haute autorité de santé (HAS) recommande que le vaccin contre le méningocoque B des nourrissons de moins d'un an soit obligatoire. De même que la vaccination contre les sérogroupes A, C, W et Y qui remplacerait le vaccin unique contre le méningocoque C.
La HAS recommande également la vaccination des adolescents de 11 à 14 ans vaccinés ou non, avec un rattrapage possible entre 15 et 24 ans.
Méningites : quelle évolution ?
Un suivi médical est mis en place, en fonction de l’évolution des symptômes. Le plus souvent, le traitement antibiotique est rapidement efficace : les symptômes disparaissent et laissent place à la guérison. De nouveaux examens sont réalisés pour vérifier qu’il n’y a pas de complications, si des symptômes persistent ou si des signes neurologiques apparaissent.
Le risque de séquelles après une méningite (neurologiques, auditives ou visuelles) est rare mais il existe. Dans tous les cas, un suivi médical est impératif une fois l’hospitalisation terminée.