Strabisme du bébé et de l’enfant : focus sur une pathologie rare

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RSV2 mai 07
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Peu fréquent, le strabisme est une pathologie qui peut apparaître dès le plus jeune âge et qui doit être prise en charge le plus tôt possible. Tout savoir sur le strabisme chez le bébé et l’enfant dans cet article.

 

Strabisme : qu’est-ce-que c’est ?

Le strabisme correspond à une déviation d’un œil par rapport à l’autre, autrement dit au dérèglement de l’alignement des yeux, ce qui peut provoquer des troubles de la vision binoculaire (vision simple et en relief d’une image perçue par les deux yeux en même temps) ainsi qu’un désagrément esthétique au niveau du visage.

 

Le strabisme peut être précoce s’il apparaît dès la naissance ou durant les six premiers mois de vie ; ou acquis s’il survient au-delà de cet âge. Ce trouble est plutôt rare, puisqu’il ne concerne que 2 à 3% des enfants, sans distinction de sexe. Il est plus fréquent au-delà de 12 mois.

 

Le strabisme se distingue en quatre formes : 

  • Convergent : l’œil semble loucher et donc s’orienter vers le nez. On parle alors d’ésotropie.
  • Divergent : l’œil s’oriente vers la tempe, il s’agit d’exotropie. 
  • Lorsque l’œil s’oriente vers le haut (vers le front), on parle d’hyperphorie ou hypertropie.
  • Enfin, lorsque l’œil s’oriente vers le bas (vers la bouche), il s’agit d’hypophorie ou hypotropie. 

 

Le strabisme peut être visible en permanence (tropie) ou apparaître de façon intermittente (phorie-tropie). 

 

Strabisme chez le bébé : quelles en sont les causes ?

L’apparition du strabisme chez un bébé ou un enfant peut être favorisé par deux causes principales : 

  • L’anisométropie : l’un des yeux a davantage besoin de correction que l’autre, en raison d’une différence de réfraction. L’œil plus faible doit donc faire de plus gros efforts d’adaptation, ce qui entraîne sa déviation.
  • Une anomalie morphologique : il peut s’agir d’une pathologie (le plus souvent, une cataracte congénitale) ou d’une malformation d’un des yeux pouvant influencer la qualité de la vision. L’œil concerné par cette anomalie est alors celui qui dévie.

 

En outre, certains facteurs augmentent les risques d’apparition d’un strabisme chez l’enfant : 

  • La prématurité
  • Un faible poids à la naissance
  • Une exposition à l’alcool pendant la grossesse, le syndrome d’alcoolisation fœtale
  • Une exposition au tabac durant la grossesse
  • Des lésions neurologiques
  • Des antécédents familiaux de strabisme

 

L’amblyopie, principale complication du strabisme

L’amblyopie se définit par une baisse d’acuité visuelle de l’œil qui subit la déviation. Elle est provoquée par l’absence de stimulation visuelle, puisque l’enfant utilise peu, voire pas, cet œil. Résultat, celui-ci devient « paresseux » et verra toujours moins bien que l’œil sain, malgré le port de lunettes correctrices. L’amblyopie se développe en l’absence de prise en charge précoce du strabisme et de correction adaptée.

 

Strabisme de l’enfant : quand consulter ?

Vous devez consulter un ophtalmologue dès que possible en cas de strabisme constaté chez votre enfant. En particulier si : 

  • Vous constatez un strabisme permanent chez votre bébé ou votre enfant.  
  • Un strabisme intermittent persiste chez votre bébé au-delà de l’âge de 3 mois.

 

Le spécialiste procédera alors à un examen ophtalmologique en plusieurs étapes : 

  • La confirmation du diagnostic de strabisme.
  • La réalisation d’un fond d’œil (dilatation de la pupille à l’aide de collyres, pour observer la rétine et l’intérieur de l’œil), afin d’éliminer toute suspicion de pathologie ophtalmologique pouvant lui être associée.
  • La réalisation d’une cycloplégie, généralement réalisée lors de l’étape précédente, pour évaluer un éventuel trouble de la vision : myopie, hypermétropie, astigmatisme ou presbytie.
  • L’élimination d’une cause neurologique, en cas de strabisme précoce.

 

Strabisme du bébé et de l’enfant : quelle prise en charge possible ?

Une fois le diagnostic posé et l’examen ophtalmologique effectué, le médecin prescrit le traitement adapté à votre enfant, dont un élément incontournable : le port de verres correcteurs.

 

Les verres correcteurs : le traitement numéro un

Des verres correcteurs vont permettent de mettre en place une correction optique maximale et sur-mesure pour votre enfant. Son défaut de vision sera ainsi intégralement corrigé, à condition de porter ces verres en permanence, du réveil au coucher, et de réévaluer fréquemment sa correction. 

Ce traitement peut être difficile à accepter par les tout-petits, mais il est indispensable : en fonction de l’âge de votre enfant, il est possible de lui faire accepter le port des verres correcteurs en les présentant sous forme ludique ou pédagogique, pour les plus grands.

 

Afin de prévenir l’amblyopie, l’ophtalmologue mesure la vision maximale corrigée de chaque œil. S’il s’avère que l’un des yeux est favorisé au détriment de l’autre par le strabisme, il devient nécessaire de mettre en place la rééducation de l’œil défavorisé le plus tôt possible : elle consiste à masquer l’œil sain, afin de forcer l’autre œil à se développer. Elle doit être effectuée pendant plusieurs mois, en suivant les recommandations du spécialiste et sous surveillance médicale. 

 

Les résultats de ce traitement incontournable peuvent varier d’un patient à l’autre. Le port de lunettes adaptées peut diminuer et même parfois supprimer le strabisme. Plus le traitement est suivi, notamment en portant ces lunettes en permanence et en effectuant un suivi régulier auprès de son ophtalmologue et de son orthoptiste, plus les chances de corriger la déviation des yeux sont grandes.  

 

Strabisme de l’enfant et chirurgie : quand opérer ?

Si la chirurgie doit avoir lieu, ce n’est qu’à partir de 5 ou 6 ans et uniquement en cas de strabisme insuffisamment corrigé ou persistant, malgré le port de verres correcteurs. L’objectif de l’opération est d’obtenir un alignement des deux yeux, en réduisant ou en faisant disparaître la déviation d’un œil. En fonction des cas, le but de l’opération est aussi d’améliorer la vision binoculaire. Après l’opération, votre enfant aura toujours besoin de porter des lunettes.

 

Une fois le jeune patient sous anesthésie générale, le chirurgien ophtalmologue procède au déplacement ou au raccourcissement des muscles oculomoteurs d’un œil ou des deux (à raison de deux muscles maximum par œil), en fonction du strabisme. Les points de suture se retirent généralement tout seuls et l’hospitalisation s’effectuant en ambulatoire, votre enfant pourra rentrer à la maison le jour même.

Autre possibilité, mais plus rare et réservée aux bébés âgés de moins de 2 ans atteints de strabisme convergent précoce : l’injection de toxine botulique (botox) dans les muscles trop actifs. Leur activité se remet progressivement en place, par la suite. L’intervention se déroule également en ambulatoire.

 

Enfin, gare au faux ou pseudo-strabisme ! Si votre enfant a moins d’un an, il est possible que ses yeux aient l’air de dévier, alors qu’il n’en est rien. Cette impression est due au repli de la peau de sa paupière qui peut plonger vers l’angle interne du nez. Dans ce cas, prêtez attention aux reflets sur la pupille de votre bébé : ils sont symétriques en cas de faux strabisme. Une impression qui va s’estomper au fur et à mesure du développement du visage de votre enfant. En cas de doute persistant, prenez rendez-vous avec un ophtalmologue. 

 

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Les différentes formes de strabismes