Au moins 5% des Français seraient concernés par le trouble bipolaire, appelé aussi bipolarité. Si elle est mieux diagnostiquée, cette maladie psychiatrique souffre encore de confusions et préjugés. Tout savoir.
Trouble bipolaire : qu’est-ce-que c’est ?
Le trouble bipolaire ou bipolarité est une maladie psychique chronique, qui provoque des dérèglements de l’humeur. Le patient alterne entre dépression et états d’exaltation ou d’euphorie, deux phases qui justifient le terme de bipolaire. Auparavant nommée psychose maniacodépressive, cette pathologie apparaît le plus souvent au moment de l’adolescence.
La bipolarité, un trouble psychiatrique en deux temps
En alternance, avec des périodes plus ou moins prolongées de « rémission », deux phases ou épisodes ponctuent le quotidien des patients bipolaires :
- Les épisodes maniaques ou hypomaniaques : des phases d’exaltation, durant lesquelles les patients sont particulièrement actifs et euphoriques, voire agités mais aussi irritables. Ce qui se traduit dans leur comportement : multiplication des projets, de grosses dépenses sans nécessité, diminution des besoins de sommeil… Ils peuvent aussi avoir la tentation d’arrêter leur traitement au vu de leurs performances.
- Les épisodes dépressifs : radicalement opposés aux précédents, ils se traduisent par une immense tristesse, avec la perte de tout désir d’activité. Repli sur soi et envies suicidaires peuvent être présents.
Chez certains patients, il peut y avoir une succession d’épisodes maniaques et dépressifs dans une même journée. On parle alors d’épisodes mixtes.
Trouble bipolaire : quels signaux chez l’adolescent doivent vous alerter ?
Le trouble bipolaire débute le plus souvent entre 15 et 25 ans, mais est généralement diagnostiqué bien plus tard. Certains signaux d’alerte sont communs à plusieurs troubles psychiques et nécessitent une prise en charge rapide :
- Le jeune ne se sent plus capable de se rendre sur son lieu de stage ou de formation. D’une manière générale, il ne se sent plus apte à assumer ses tâches quotidiennes.
- Il s’isole, rejette les contacts sociaux et de groupe.
- Il se plaint de diverses douleurs qui ne répondent à aucune anomalie physique.
- Il subit des troubles du sommeil : insomnies ou hypersomnies (« sommeil refuge »), cauchemars à répétition.
- Il souffre de ses échecs, en particulier lors des examens.
- Il est sujet aux conduites à risques : consommation d’alcool ou de drogue de façon excessive, conduite imprudente d’un véhicule, troubles alimentaires, scarifications, tentatives de suicide.
- Il se montre agressif voire violent envers les autres.
Si un ou plusieurs de ces signes dure depuis plus de 6 mois, il est nécessaire de demander de l’aide et de ne pas hésiter à consulter un médecin.
Trouble bipolaire : quelles en sont les causes ?
L’origine du trouble bipolaire n’est pas encore bien comprise. Néanmoins, plusieurs facteurs ont été mis en avant dans la survenue de la bipolarité :
- Des facteurs biologiques : certaines cellules du cerveau (médiateurs chimiques), en particulier les neurotransmetteurs (dopamine, noradrénaline et sérotonine), fonctionnent et communiquent anormalement.
- Des facteurs génétiques : plusieurs études scientifiques ont démontré que les risques de développer un trouble bipolaire sont 10 fois supérieurs à ceux de la population générale lorsqu’un parent du premier degré en est atteint. En outre, certains gènes ont été identifiés comme favorisant la survenue de la bipolarité.
- D’autres facteurs agissant comme des éléments déclencheurs : stress (lié à un événement traumatisant ou désagréable : deuil, séparation, déménagement, harcèlement…), manque de sommeil, consommation excessive d’alcool, de tabac et/ou de drogue(s), survenue d’une maladie, etc.
Trouble bipolaire : quelle prise en charge ?
La consultation avec un psychiatre est nécessaire pour diagnostiquer puis prendre en charge la bipolarité. Un suivi pluridisciplinaire et régulier se met alors en place, avec une hospitalisation parfois nécessaire : en cas de risque de suicide, pour éviter des conduites à risques ou en cas d’isolement social et familial.
Comment diagnostiquer le trouble bipolaire ?
Tout commence par un bilan de santé initial, en collaboration avec le médecin traitant. Cette première consultation vise à évaluer la gravité du trouble bipolaire et son retentissement au quotidien. Il permet également de vérifier la présence d’autres pathologies associées telles qu’un trouble anxieux, un trouble obsessionnel compulsif (TOC) ou un trouble déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
La piste du trouble bipolaire est d’autant plus suivie si le patient :
- A subi une dépression avant l’âge de 25 ans ;
- Subit des épisodes dépressifs récurrents ;
- A déjà connu un épisode maniaque ;
- Connaît des cas de trouble bipolaire dans sa famille ;
- A éprouvé des situations de crise suicidaire.
Pour déterminer le traitement le plus adapté et s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indication, des analyses sanguines sont également effectuées, ainsi qu’un électrocardiogramme et un électroencéphalogramme.
Quels médicaments pour traiter le trouble bipolaire ?
Un médicament régulateur de l’humeur est prescrit, comme le lithium (l’un des médicaments les plus utilisés). Il permet d’atténuer les symptômes de l’épisode en cours et de réduire le risque de récidive, mais met généralement plusieurs semaines avant d’agir. Il faut parfois en tester deux ou trois différents avant de trouver celui qui s’avère le plus efficace et adapté. Des analyses sont effectuées régulièrement pour vérifier le bon dosage du traitement et l’adapter, si nécessaire.
Certains médicaments (valproate et antiépileptiques en particulier) ne sont généralement pas prescrits aux jeunes filles et aux femmes en âge de procréer, car ils présentent des risques pour le fœtus.
Autres médicaments possibles : des antipsychotiques en cas de délire ou d’hallucinations, des antidépresseurs (à prendre durant les épisodes dépressifs) ou des tranquillisants. Le traitement doit être pris sur une longue période, parfois à vie.
En cas de résistance au traitement, d’épisodes particulièrement sévères ou graves et qui se prolongent, il est possible d’avoir recours à des séances d’électroconvulsivothérapie (ou sismothérapie) à l’efficacité démontrée : des décharges électriques adaptées sont administrées au niveau du cerveau, sous anesthésie générale.