
Plus de 900 000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer en France, selon l’Inserm. Un chiffre qui devrait augmenter en même temps que l’espérance de vie. Heureusement, la recherche et le développement de nouveaux traitements avancent.
Maladie d’Alzheimer : pourquoi la recherche est essentielle ?
La maladie d’Alzheimer correspond à une dégénérescence progressive des neurones débutant dans une structure essentielle à la mémoire appelée hippocampe pour laquelle il n’existe pas encore de traitement curatif à ce jour. Seuls des traitements permettant de retarder un maximum le développement de la maladie et donc prolonger la qualité de vie des patients sont disponibles, à condition toutefois de dépister Alzheimer le plus tôt possible, dès l’apparition des premiers signes.
Pour 900 000 personnes en France, la maladie d’Alzheimer est synonyme d’une perte lente mais potentiellement importante de leur autonomie. Avec des symptômes qui varient d’un patient à l’autre, mais qui portent tous atteinte aux fonctions cognitives.
Les médicaments les plus courants en cas d’Alzheimer
Le choix des traitements est adapté à chaque patient et ne repose pas uniquement sur la prise de médicaments. La poursuite des activités physiques, sociales et intellectuelles est essentielle, en plus d’une alimentation équilibrée.
Quatre médicaments sont le plus souvent prescrits pour ralentir l’évolution ou agir sur certaines pertes de fonctions cognitives en cas de maladie d’Alzheimer :
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Le donépézil (Aricept) ;
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La rivastigmine (Exelon) ;
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La galantamine (Reminyl) ;
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La mémantine (Ebixa).
Les trois premiers ont pour objectif d’améliorer les possibilités d’action d’un neurotransmetteur chargé de faciliter la communication entre les neurones. Pour cela, ces produits bloquent l’action d’un enzyme qui dégrade ce neurotransmetteur. Le quatrième médicament va quant à lui bloquer une molécule qui endommage les neurones durant la maladie. Si ces molécules ne guérissent pas la maladie, elles permettent néanmoins chez certains patients d’en retarder les effets.
Maladie d’Alzheimer : quelles sont les dernières pistes de recherche ?
Les pistes de recherche sont nombreuses et concernent divers aspects de la pathologie.
Empêcher la formation des lésions cérébrales
Une recherche franco-allemande a fait une belle découverte en 2015 : dans la maladie d’Alzheimer, la protéine amyloïde entre aussi en jeu. Cette protéine ne s’accumule pas dans les plaques amyloïdes cérébrales mais autour de ces dernières. Elle contribue donc aussi au développement de la maladie et doit être ciblée par des traitements innovants. C’est tout l’enjeu des suites de cette recherche : développer de nouveaux composés chimiques, les « aptamères », pour bloquer l’action des protéines amyloïdes.
Une autre étude concerne la protéine bêta-amyloïde qui forme les plaques amyloïdes au niveau des neurones. En s’accumulant entre elles, ces plaques peuvent former des structures en 3D, chacune avec une capacité à se propager dans le cerveau qui lui est propre. Identifier les formes exactes des plaques responsables de la propagation des dépôts dans le cerveau permettrait ainsi d’identifier les molécules à supprimer pour éviter que cette propagation ne se produise.
Autre découverte : le blocage de l’enzyme MT5-MMP, directement impliquée dans la formation des plaques amyloïdes, diminue la neuro-inflammation en œuvre dans la maladie d’Alzheimer. Conséquence constatée durant les essais cliniques : les symptômes de la pathologie s’améliorent, un espoir sérieux dans la prise en charge précoce de la maladie.
Gardons toutefois à l’esprit que le cerveau reste un organe d’analyse difficile, ce qui ralentit le développement de la recherche. De grandes études de population sont en cours en France pour étudier les mécanismes et les facteurs de risque en lien avec les maladies dégénératives cérébrales.
Etudier les facteurs de risques
Un gène en particulier a été identifié comme facteur de risque ou facteur associé potentiel dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer en 2018 : le gène Pyk2. Les recherches ont démontré son rôle dans le maintien des synapses qui aident aussi les neurones à bien communiquer. En cas d’Alzheimer, à cause du déclin cognitif, les patients souffrent aussi d’une perte de synapses. L’enjeu de la recherche à leur sujet sera donc d’en « faire pousser » en laboratoire, afin d’étudier l’impact du gène Pyk2 sur leur dynamique. De nouvelles pistes thérapeutiques pour améliorer les transmissions neuronales pourraient voir le jour à l’issue de cette étude.
Enfin, on rappellera que les causes principales de démence sont les maladies cardiovasculaires et les facteurs de risques modifiables. En effet, il a été démontré que la bonne prise en charge des dylipidémies et de l’hypertension diminuait les risques de survenue d’une démence en agissant sur la composante vasculaire de celle-ci. La prévention passe aussi par là.
D’autres pistes de recherche
Depuis 2015, la recherche est active sur un nouveau traitement qui permettrait de cibler à la fois la protection de la mémoire et le ralentissement des effets de la maladie. Un traitement « multi-cibles » prendra la forme d’une molécule anti-amnésique et neuro-protectrice et dont le nom a déjà été trouvé : le donécopride.
Une autre piste pour le moins innovante consiste à utiliser la stimulation lumineuse pour préserver les interneurones, également mis à mal par la maladie d’Alzheimer. Ces petits neurones, particulièrement importants pour la mémoire, coordonnent l’activité de nombreux autres neurones. La stimulation lumineuse permettrait de réactiver les interneurones et restaurer les souvenirs. Attention, ces pistes sont prometteuses mais ne sont pour l’heure que des hypothèses de recherche, qui méritent encore d’être confirmées par plusieurs équipes.
Après la lumière, la caféine : la molécule MSX-3 dérivée de cette dernière pourrait empêcher l’évolution des troubles de la mémoire dans un modèle animal. C’est le résultat d’une étude scientifique menée en 2018. En outre, cette molécule a agi sur les lésions cérébrales spécifiques de la maladie d’Alzheimer, après avoir été administrée pendant 6 mois par voie orale. Les essais cliniques sont toujours en cours, notamment auprès du CHU de Lille.
Enfin, une piste de recherche récente s’appuie sur les bienfaits du jeûne intermittent chez la souris pour développer un traitement innovant contre Alzheimer, mais aussi plus largement des maladies neurodégénératives. Mais encore une fois, restons prudents : cela n’est aucunement transposable à l’homme tant que des études scientifiques solides n’auront pas été menées. Sans oublier que le risque de dénutrition chez la personne âgée et présentant des troubles cognitifs est important.
Sources & références :
- https://www.inserm.fr/dossier/alzheimer-maladie/
- https://www.vaincrealzheimer.org/la-recherche/avancees/
- https://presse.inserm.fr/meilleure-comprehension-de-la-maladie-dalzheimer-une-etude-confirme-linteret-de-la-cafeine-comme-piste-de-traitement/68688/
- https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/jeune-intermittent-nettoyage-cellulaire-meilleure-sante#:~:text=Elle%20consiste%20%C3%A0%20je%C3%BBner%20chaque,%C3%AAtre%20d%C3%A9conseill%C3%A9%20pour%20certaines%20personnes
- https://alzheimer-recherche.org/18298/medicaments-contre-alzheimer-ou-en-est-on/#:~:text=Le%20donanemab%20appartient%20lui%20aussi,agir%20sur%20les%20plaques%20amylo%C3%AFdes.