Vous allez vous faire amputer d’un membre et souhaitez connaître le parcours et la rééducation qui vous attend ? Voici les informations à connaître.
Les soins juste après l’amputation
Les premiers soins après l’intervention chirurgicale ont lieu à l’hôpital. Après l’amputation, le moignon est enveloppé de compresses et de bandages pour éviter tout œdème. Le premier pansement a lieu plusieurs heures après l’intervention, puis tous les 2 jours, en fonction de l’évolution de votre cicatrisation. Ce soin est associé à d’autres mesures mises en place pour la faciliter :
- Effectuer un bandage légèrement compressif du moignon ;
- Adopter une position adaptée dans le lit et y ajouter un arceau ;
- Mettre en place une attelle de positionnement, en fonction du type d’amputation effectué ;
- Vous administrer de l’oxygène dans le nez pendant les premiers jours qui suivent l’opération, pour favoriser une meilleure régénération des tissus.
Prise en charge de la douleur
Deux types de douleurs peuvent apparaître à la suite d’une amputation :
- Au niveau du moignon : ces dernières sont attendues et c’est pourquoi des antalgiques (produits anti-douleurs) vous sont administrés.
- Des douleurs communément appelées « fantômes » et qui correspondent à des douleurs dites « neurogènes ». Elles sont provoquées par les nerfs qui ont été sectionnés et se présentent comme des douleurs réelles, mais projetées et ressenties au niveau du membre absent. Elles sont d’intensité, de fréquence et de durée variables d’un patient à l’autre. Pour les traiter, des neuroleptiques vous sont prescrits afin de vous soulager au niveau du système nerveux.
La rééducation en 3 phases après une amputation
La mise en place de la rééducation peut intervenir plus ou moins rapidement, en fonction de votre état général après l’opération.
En attendant la cicatrisation : la phase préparatoire
Lorsque la plaie ne saigne plus, il est recommandé de passer à un bandage de compression élastique. S’il s’agit d’une amputation au niveau de la jambe, vous pouvez porter un bas en silicone appelé manchon, afin de mieux façonner la forme du moignon. En effet, ce manchon peut, par la suite, servir de point d’attache à votre première prothèse. En attendant, vous pouvez le porter de manière progressive : durant des périodes de plus en plus longues, afin de vous y habituer petit à petit. S’il s’agit d’un membre inférieur, une béquille ou un déambulateur peut être utilisé de manière provisoire, le temps de vous habituer et que les douleurs diminuent.
En parallèle, des exercices de kinésithérapie sont mis en place le plus rapidement possible, idéalement en plusieurs séances par jour. L’occasion de vous réapprendre certains mouvements du quotidien, mais aussi d’exercer votre équilibre et votre coordination. L’objectif ici est de travailler l’extension de vos articulations.
Une fois la cicatrisation confirmée, vous pourrez nettoyer le moignon une fois par jour, à l’aide d’un savon sans parfum, afin de limiter les risques d’allergie. Puis, rincez abondamment et séchez bien la peau. N’hésitez pas à appliquer une crème hydratante non grasse.
La phase d’appareillage provisoire
Il s’agit d’une première prothèse réalisée et mise en place en milieu hospitalier. Le moment pour l’installer dépend de votre convalescence et est décidé en accord avec votre chirurgien. Pour qu’elle puisse être installée, le volume de votre moignon doit être stable. Une fois la prothèse en place, toutes les informations nécessaires à son bon fonctionnement vous sont transmises par l’équipe soignante et en particulier par le kinésithérapeute (ou physiothérapeute).
Les exercices de rééducation se poursuivent afin de renforcer votre équilibre et votre marche. Ils ont pour objectif d’augmenter votre autonomie et votre endurance, et de renforcer vos muscles.
La prothèse n’est pas portée en permanence, mais pendant des périodes de plus en plus longues. Cette phase est également nécessaire pour prendre note des ajustements à effectuer et des matériaux à utiliser en vue de la confection de votre prothèse définitive. La phase d’appareillage provisoire dure de 2 à 3 mois en moyenne, et se déroule dans un centre de rééducation.
La phase d’appareillage définitif
Cette dernière phase démarre 4 à 6 mois après la deuxième : lorsque le moignon est parfaitement stable, que vous le maîtrisez et contrôlez bien votre appareillage. Cette prothèse définitive est conçue sur mesure, de manière à correspondre à l’ensemble des caractéristiques nécessaires qui vous concernent : niveau d’amputation, votre âge, forme physique, vos attentes en termes d’activité physique, etc. Le conception de cette prothèse est réalisée en collaboration avec vous, étape après étape.
Le prothésiste vous expliquera comment entretenir votre prothèse, afin d’en prendre soin et d’assurer sa longévité.
En parallèle de votre nouvelle vie avec cette prothèse définitive, vous suivez des consultations régulières : avec votre chirurgien, votre prothésiste, votre kinésithérapeute...
Bien que stabilisé, votre moignon va continuer d’évoluer durant la première année suivant l’amputation : c’est normal et c’est pourquoi il est toujours possible d’adapter votre prothèse, en fonction de vos besoins. Les rendez-vous de suivi sont également faits pour cela.
Rééducation après une amputation : de bonnes habitudes à prendre
Pour favoriser la cicatrisation, puis optimiser la stabilisation du moignon, certaines habitudes sont à adopter et vont de pair avec votre rééducation. De quoi mettre toutes les chances de votre côté pour bien récupérer et vous adapter progressivement à votre nouvelle vie.
Protégez le membre résiduel lorsque vous êtes au repos
En plus des soins particuliers à apporter au moignon (nettoyage et hydratation), évitez tout traumatisme ou situation d’inconfort en le protégeant un maximum lorsque vous ne portez pas votre prothèse. Bien que stabilisé, le membre résiduel reste fragile. En outre, évitez de prendre du poids car cela pourrait le rendre plus instable et nécessiter des ajustements au niveau de votre prothèse.
Amputation d’un membre : prenez soin aussi de votre santé mentale
Une amputation est forcément un bouleversement, même quand on y a été préparé. Vous allez probablement passer par de nombreux états psychologiques, au fil des différentes étapes, un peu comme dans le cadre d’un deuil. D’une certaine manière, c’est bien de cela qu’il s’agit, en plus de toutes les conséquences que cela peut avoir sur votre santé mentale : baisse de l’estime de soi, déprime, colère…
Profitez de l’aide qui vous sera proposée dès votre hospitalisation, d’abord avec une infirmière spécialisée à qui vous pourrez vous confier. Un suivi psychologique auprès d’un(e) psychologue, psychothérapeute ou psychiatre peut être mis en place si vous en ressentez le besoin. Parlez-en !