Cancer du sein : les innovations médicales les plus prometteuses du moment

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En ce mois d’Octobre Rose, tour d’horizon des principales avancées en matière de recherche médicale sur le cancer du sein.

 

Cancer du sein : les chiffres-clés

Le cancer du sein est la tumeur maligne la plus fréquente chez les femmes : 61 214 d’entre elles ont été diagnostiquées en 2023, un chiffre en augmentation depuis 2010, selon les données de l’Assurance maladie. C’est un cancer multifactoriel, mais le facteur âge y est pour beaucoup : près de 80% des cancers du sein se déclarent après 50 ans. Détecté à un stade précoce, un cancer du sein peut être guéri dans 9 cas sur 10. Voilà pourquoi, dès l’âge de 25 ans, il est recommandé de consulter son médecin traitant, son gynécologue ou sa sage-femme pour effectuer une palpation des seins à visée préventive.

 

Cancer du sein : quelles sont les avancées de la recherche ?

En France comme à l’étranger, la recherche médicale travaille en continu sur de nombreux aspects du cancer du sein. Meilleure connaissance de cette maladie, perfectionnement et innovation des traitements, personnalisation de la prise en charge… Découvrez quelques-unes des dernières avancées à suivre.

 

Mieux comprendre, mieux dépister

Les facteurs de risque du cancer du sein forment un important objet d’étude médicale. Actuellement, l’Institut de cancérologie de l’Ouest mène par exemple l’enquête sur de possibles liens entre les polluants organiques persistants, des substances toxiques essentiellement rejetées dans l’environnement par les activités humaines comme l’industrie, le transport ou l’agriculture, et le cancer du sein. L’étude essaye de comprendre si ces polluants augmentent le risque de développer la maladie. Si le lien venait à être confirmé, cela ouvrirait une précieuse piste de prévention.

En parallèle, d’autres chercheurs travaillent à personnaliser le dépistage organisé du cancer du sein, qui consiste aujourd’hui en une mammographie à effectuer tous les 2 ans entre 50 et 74 ans. L’objectif de l’étude clinique menée par la Fondation pour la recherche sur le cancer, et financée par l’Union européenne, est de réussir à mieux adapter ce dépistage aux facteurs de risque spécifiques de chaque femme : âge, antécédents familiaux et personnels, données génétiques ou encore densité mammaire.

Toujours dans le thème du dépistage, un produit pour le moins innovant, actuellement en phase de test, pourrait lui aussi faire bouger les lignes. Il s’agit cette fois d’un soutien-gorge « intelligent » capable de détecter une anomalie mammaire, développé par une start-up suisse en partenariat avec l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Ressemblant à une brassière de sport, il sera destiné en priorité aux femmes ayant déjà eu un cancer du sein et à celles qui sont particulièrement à risque d’en développer un. Comment marche-t-il ? En utilisant des ultrasons afin de réaliser une « mini-échographie ». En cas d’anomalie détectée par le système, la femme qui le porte recevra une alerte sur son smartphone et pourra prendre rendez-vous avec son médecin. Attention, il ne s’agit donc pas d’un diagnostic médical officiel mais d’un système d’alerte conçu pour favoriser le dépistage précoce.

Toujours dans le champ technologique, l’éditeur de logiciels niçois Therapixel, spécialisé dans l’intelligence artificielle (IA) appliquée à l’imagerie médicale, a mis au point un algorithme entraîné à jouer le rôle de « seconde paire d’yeux » des radiologues après une mammographie.

La firme américaine IBM est aussi de la partie. Elle développe actuellement un algorithme capable d’anticiper l’apparition d’un cancer du sein sur une période d’un an, à partir du résultat d’une mammographie, associé aux données médicales de chaque patiente. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Le recours à l’IA dans le champ diagnostic du cancer du sein est en pleine effervescence et de belles innovations, au service des patientes et des médecins, commencent à voir le jour partout dans le monde.

 

L’innovation pour personnaliser les traitements contre le cancer du sein

Améliorer les traitements contre le cancer est l’une des pistes majeures pour la recherche médicale. Cette dernière progresse pour les raccourcir, les personnaliser et limiter au maximum leurs effets secondaires. C’est le cas, par exemple, des avancées autour de la « radiothérapie flash ». Imaginez une séance de radiothérapie qui ne durerait que quelques secondes. L’Institut Curie et le groupe Thalès y travaillent. Les rayons délivrés en un temps record seraient ici beaucoup plus puissants, mais aussi plus ciblés, ce qui présenterait plusieurs avantages : les tissus sains seraient épargnés en raison de la rapidité de la technique, et avec moins d’effets secondaires également. Une innovation certes encore au stade de projet, mais à suivre de près.

Une autre prouesse concernant la radiothérapie, portée par l’Institut Gustave-Roussy, près de Paris, a déjà fait ses preuves : réduire la durée des séances à 3 semaines au lieu de 5. Plus de 1 200 patientes ont intégré cette étude pendant 5 ans, recevant des doses de radiothérapie un peu plus fortes à chaque séance. Résultat, ce dosage n’a pas causé plus d’effets secondaires mais un meilleur taux de survie global, sans récidive et sans métastase, avec la même efficacité qu’avec un traitement de 5 semaines. Et puis qui dit traitement raccourci, dit moins d’allers-retours à prévoir pour les patientes : une véritable amélioration de leur qualité de vie.

La médecine de précision représente elle aussi l’avenir des traitements du cancer du sein. Plusieurs essais cliniques pour identifier des biomarqueurs caractéristiques de certaines tumeurs cancéreuses sont menés. Objectif : proposer aux patientes le traitement qui correspond le plus précisément aux caractéristiques de leur cancer. C’est l’avenir ! De nombreuses études dans le monde s’intéressent à développer des thérapies ciblées, capables de bloquer le développement des cellules tumorales seules, et non toutes les cellules à division rapide de l’organisme, comme c’est le cas avec la chimiothérapie.

Dans un autre registre, une étude menée par un célèbre laboratoire pharmaceutique, en lien avec l’Institut national du cancer, s’est penchée sur l’efficacité de l’immunothérapie pour traiter une tumeur triple négative du sein avancé ou métastatique. Ce traitement, qui stimule le système immunitaire pour qu’il puisse lutter contre les cellules cancéreuses, avait fait ses preuves sur un certain nombre de cancers, mais pas celui du sein. L’étude visait justement à l’adapter à ce dernier. Démarrée en 2017, elle est aujourd’hui en phase 3 et porte sur une immunothérapie, associée à de la chimiothérapie. Ce traitement a démontré son efficacité durant les premières phases de l’étude. Prometteur.

 

Cancer du sein : les innovations côté chirurgie

Les avancées technologiques bénéficient aussi désormais à la chirurgie du cancer du sein. La chirurgie conservatrice est ainsi de plus en plus proposée aux patientes (dans 60 à 70% des cas). Grâce à elle, seule la tumeur est retirée et non plus le sein entier. En plus, ces interventions sont désormais de courte durée (moins de 2 heures) et de plus en plus réalisées en ambulatoire.

En cas de mastectomie (ablation du sein), la priorité est d’offrir à la patiente un résultat au plus près de ses attentes. La chirurgie robot-assistée a permis des progrès sur ce point. Elle est de plus en plus utilisée, avec de nombreux avantages : plus grande visibilité et précision offertes au chirurgien, ablation encore plus précise et absence de cicatrice sur la poitrine en cas de chirurgie mammaire.

Autre innovation pour la mastectomie : la réalisation d’une prothèse mammaire résorbable imprimée en 3D ! C’est une start-up lilloise qui en est à l’origine, en collaboration avec le 3D Experience Lab, de l’industriel Dassault Systèmes. Ces implants sont conçus avec des biomatériaux résorbables et mis en forme par simple impression 3D. Une fois les implants en place, la patiente retrouve progressivement son volume mammaire grâce à ses propres tissus. Une étude clinique pour évaluer l’efficacité et la sécurité de ces implants innovants est actuellement en cours.

De son côté, l’Institut Pasteur développe un logiciel de réalité virtuelle pour permettre aux chirurgiens de visualiser et de s’immerger dans les images médicales de la patiente qu’il s’apprête à opérer. Ainsi, le médecin pourra planifier son intervention chirurgicale en quelques minutes seulement. Face au cancer du sein, on n’arrête pas le progrès.