Face à la dépendance à l’alcool, quels traitements envisager ?

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Face à la dépendance à l’alcool, quels traitements envisager ?
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En cas de dépendance à l’alcool, s’appuyer sur un médecin est indispensable. Ce dernier peut être amené à vous prescrire différents traitements, en fonction de votre situation. Présentation.

 

Dans quels cas prescrire un traitement contre la dépendance à l’alcool ?

 

Lorsque consommer de l’alcool devient une addiction et que les signes de la dépendance sont réunis, il est temps d’agir. Généralement, cette addiction s’installe de manière insidieuse sur le long terme, sans que vous et votre entourage n’en ayez conscience, dans un premier temps. Mais lorsqu’éprouver les effets de l’alcool devient indispensable pour vous sentir bien et qu’en leur absence, certains symptômes apparaissent (agressivité, angoisse, sueurs, tremblements, tachycardie, vertiges), prendre rendez-vous avec votre médecin traitant ou un addictologue devient nécessaire. 

Sans compter qu’il est fortement déconseillé d’arrêter subitement de consommer de l’alcool. En effet, dans ce cas, les symptômes d’un syndrome de sevrage peuvent apparaître. Ils sont comparables à ceux du manque d’alcool, avec la possibilité d’éprouver en plus : 

  • De l’agitation ; 
  • Des palpitations ;
  • De la fièvre ;
  • Des crises d’épilepsie et des troubles neurologiques (delirium tremens). 

 

Dépendance à l’alcool : quels traitements ?

 

Si vous entamez une prise en charge pour soigner votre dépendance à l’alcool, bravo pour cette décision ! Pour la mener à bien le mieux possible, assurez-vous de bénéficier d’un suivi médical régulier, avec le professionnel de santé en qui vous aurez confiance et que vous aurez choisi : votre médecin traitant ou un addictologue. Tous deux vous prescriront un traitement médicamenteux adapté à votre état de dépendance et à votre étape de sevrage. 

 

Les médicaments pour vous aider à réduire votre consommation d’alcool

Ces produits se présentent comme une alternative à l’abstinence et vous accompagnent dans votre réduction progressive de consommation d’alcool : 

  • Le nalméfène. Ce traitement va diminuer votre envie de boire en agissant directement sur votre cerveau, et en particulier sur votre système de récompense. Destiné aux patients qui n’ont pas besoin d’un sevrage immédiat, ce médicament vous aide à diminuer progressivement votre consommation d’alcool. Sous forme de comprimés, ce produit est à prendre une fois par jour, une à deux heures avant le moment où vous êtes le plus susceptible d’avoir envie de boire de l’alcool. En vous prescrivant le nalméfène, votre médecin vous remet un agenda de consommation pour suivre les effets du traitement sur votre rapport à l’alcool. Vous pourrez constater les premiers effets au bout d’un mois.
  • Le baclofène. Ce médicament diminue l’envie irrépressible de boire. Il est particulièrement recommandé si votre consommation d’alcool est à risque élevé et si la prise d’un autre traitement médicamenteux était insuffisante. Votre suivi médical doit être d’autant plus rigoureux que le baclofène détient un risque élevé d’effets secondaires (vertiges, acouphènes, somnolence, douleurs articulaires ou musculaires, aggravation d’une pathologie psychiatrique existante). Également sous forme de comprimés à avaler, ce produit est prescrit en traitement prolongé jusqu’au contrôle de votre consommation d’alcool, voire jusqu’à l’abstinence. Bon à savoir : ce traitement aide aussi à réduire les risques de rechute. Si ce traitement est inefficace au bout de 3 mois, votre médecin vous prescrira son arrêt progressif. Attention, la prise de baclofène ne doit jamais être arrêtée brutalement. 

 

Les médicaments prescrits pendant et après le sevrage alcoolique

La période du sevrage est délicate : physiologiquement, votre corps supprime progressivement les substances toxiques et responsables de votre addiction à l’alcool. Cela entraîne inévitablement diverses conséquences psychologiques également. Et les risques de découragement voire de rechute peuvent plus facilement survenir. C’est pourquoi, il est nécessaire de bénéficier d’un traitement médicamenteux durant cette période complexe : 

  • Pendant le sevrage, votre médecin peut vous prescrire des vitamines B1 et B6 afin de pallier les carences fréquentes durant le sevrage alcoolique et qui peuvent être à l’origine de troubles neurologiques. Votre médecin y associe la prescription de benzodiazépines, une famille de médicaments qui vous aident à limiter l’anxiété, l’insomnie et les tremblements dus au sevrage, mais aussi de prévenir d’éventuelles crises d’épilepsie et troubles neurologiques. Ce traitement vous est prescrit sur une courte durée : généralement 5 jours. En complément, il vous sera recommandé de boire plusieurs litres d’eau par jour, afin d’éviter le risque de déshydratation accru par le sevrage.
  • Après le sevrage, deux médicaments peuvent vous être prescrits. Le disulfirame, à prendre sous forme de comprimé une fois par jour en traitement prolongé, provoque un « effet antabuse » et pour le moins dissuasif : un dégoût violent si vous consommez de l’alcool, au point de provoquer des vomissements. Ils s’accompagnent de tachycardie ou d’hypotension. Ces signes peuvent apparaître quelle que soit la forme d’alcool consommée : boisson, nourriture, parfum, etc. Le second médicament possible après le sevrage est l’acamprosate, qui agit directement sur le cerveau en diminuant l’envie de consommer de l’alcool. Utilisé uniquement pour éviter les rechutes chez les patients abstinents, ce médicament consiste en un comprimé à avaler 3 fois par jour. Il doit être prescrit le plus tôt possible après le sevrage et en continu pendant un an.

 

L’oxybate de sodium : futur médicament prescrit pour maintenir l’abstinence ?

Ce médicament n’est pas nouveau. A l’origine, l’oxybate de sodium est prescrit sous le nom de Xyrem® pour traiter des troubles chroniques du sommeil. Mais actuellement, une étude clinique cherche à évaluer son effet sur le maintien de l’abstinence et la prévention du syndrome de sevrage. En effet, l’oxybate de sodium agit sur la libération de la dopamine, ce neurotransmetteur qui contribue à donner l’envie d’agir en fonction de la satisfaction (ou la récompense) que cette action va procurer. La dopamine jouerait un rôle dans le phénomène d’addiction, sans que son effet précis soit encore bien clair à ce jour. Le mécanisme d’action de l’oxybate de sodium pourrait représenter un soutien de plus une fois le sevrage confirmé. Objectif de l’essai clinique en cours : obtenir une autorisation de mise sur le marché en France. 

 

Dépendance à l’alcool : une prise en charge psychologique à ne pas négliger

 

Quel que soit le traitement le plus adapté à votre situation, sachez qu’aucun d’eux ne peut fonctionner sans un suivi médical complet et régulier, qui repose également sur votre prise en charge psychologique. Plusieurs options de suivi thérapeutique s’offrent à vous : 

  • L’entretien motivationnel avec votre médecin de confiance vise à renforcer votre motivation et votre engagement dans votre arrêt de consommation d’alcool.
  • Une psychothérapie d’accompagnement : un travail d’introspection mené avec un psychologue ou un psychothérapeute permet de mieux comprendre les mécanismes qui ont pu vous conduire à l’addiction.
  • Une thérapie cognitive et comportementale s’étend généralement sur une période plus brève qu’une thérapie « classique ». Son objectif principal est de déconstruire le conditionnement mental que vous avez pu mettre en place pour « justifier » de consommer de l’alcool de manière excessive.
  • A ne pas négliger : les groupes de parole ou de soutien, auxquels vous pouvez d’ailleurs participer tout en suivant une thérapie. Ils permettent d’échanger avec des personnes engagées dans la même démarche de sevrage. L’occasion de se serrer les coudes et de parler avec des personnes qui vous comprennent !