Environ 15% des Français seraient concernés pour des troubles de la déglutition. En augmentation avec l’âge, la dysphasie de son nom médical est le plus souvent passagère. Mais ce symptôme nécessite une prise en charge.
Dysphagie : comment la reconnaître ?
La dysphagie se définit par une sensation de blocage ou de gêne lors de la déglutition, le plus souvent intermittente. Elle peut se retrouver dans diverses pathologies pouvant toucher l’œsophage ou la sphère ORL.
Il existe deux types de dysphagie :
- La dysphagie oropharyngée (ou dysphagie haute), qui provoque des difficultés au moment de déglutir, empêchant ainsi la propulsion des aliments dans l’œsophage.
- La dysphagie œsophagienne (également appelée dysphagie basse), laquelle se caractérise par une gêne lors de la progression des aliments au niveau du sternum.
Lorsqu’ils sont bloqués dans l’œsophage, les aliments provoquent une gêne, parfois accompagnée d’hypersalivation, de douleurs ou de sensations d’oppression dans la poitrine, voire d’étouffement dans certains cas. Autant de signes qui nécessitent de consulter rapidement.
Si la dysphasie concerne majoritairement des aliments solides, elle peut, dans certains cas, avoir lieu uniquement avec des aliments liquides. On parle alors de dysphagie paradoxale, mais c’est plus rare.
Attention : la dysphagie se différencie de la sensation de « trop-plein » ou de satiété précoce, qui correspond à un dysfonctionnement de l’estomac appelée la dyspepsie.
Déglutition : une étape sujette à plusieurs troubles
La déglutition peut devenir plus difficile, notamment avec l’âge, et donner lieu à plusieurs troubles, à ne pas confondre entre eux. Ainsi, la fausse route correspond au passage anormal d’un élément solide de la bouche vers la trachée ou les bronches, au lieu de se rendre vers l’œsophage puis l’estomac.
Autre trouble : l’odynophagie qui est une douleur (et non une gêne) ressentie au moment de la déglutition, lors du passage d’aliments liquides, solides ou de la salive. Elle peut s’expliquer par diverses causes, dont l’angine.
Quelles sont les causes de la dysphagie ?
L’apparition de ce symptôme peut s’expliquer par des facteurs divers, qui diffèrent en fonction du type de dysphagie.
Les troubles fonctionnels
Également appelés troubles moteurs, ce sont des anomalies « mécaniques » qui concernent majoritairement l’œsophage. La principale d’entre elles est l’achalasie qui se définit par un défaut de relâchement du sphincter à l’arrivée des aliments, associé à l’absence de contractions des muscles de l’œsophage. Ce dernier peut également subir des spasmes de manière diffuse, ou encore se contracter trop fortement, empêchant la déglutition de se dérouler normalement. Les troubles moteurs peuvent également concerner les nerfs ou les muscles de l’œsophage.
Les pathologies du pharynx et du larynx
Bénignes ou malignes, les maladies du pharynx et du larynx provoquant une dysphagie sont nombreuses. Parmi elles : la pharyngite et l’angine, auxquelles une odynophagie est associée. Cela peut également être dû à un diverticule de Zenker : une sorte de hernie ou de poche située au niveau de la jonction entre le pharynx et l’œsophage qui se développe en raison de la trop grande tonicité de l’un des muscles du pharynx. Résultat, la formation de cette poche est facilitée par l’accumulation des aliments qui ne peuvent pas descendre normalement le long du pharynx jusque dans l’œsophage. Cette pathologie s’accompagne généralement de régurgitations.
La présence d’une tumeur au niveau de la zone ORL peut également justifier la dysphagie, de même qu’une pathologie neuromusculaire telle qu’une myopathie ou une sclérose en plaques. Cela peut aussi être une séquelle d’un accident vasculaire cérébral (AVC).
Les pathologies de l’œsophage
L’œsophage est également une zone propice aux blocages lors de la déglutition, qui peuvent être provoqués par de nombreuses et diverses pathologies. À commencer par une sténose, qui correspond à un rétrécissement de l’œsophage pouvant être lié à des reflux gastro-œsophagiens (RGO) à répétition ou à une inflammation chronique de l’œsophage, d’origine allergique ou immunitaire. En l’absence de prise en charge, la sténose peut se développer en une tumeur qui forme alors un véritable obstacle aux aliments.
Dysphagie pour cause psychologique : qu’en est-il vraiment ?
Une idée circule encore : la dysphagie pourrait être due à une trop grande anxiété, à du stress… Bref, à une cause psychologique. Une idée d’autant plus fausse qu’elle va généralement de pair avec la sensation de « boule dans la gorge » (médicalement appelée globus pharyngé) qui apparaît en cas de forte anxiété. Or, cette gêne disparaît justement lorsque vous déglutissez. Autrement dit, la grande majorité des dysphagies ne sont pas d’origine psychologique, mais bien pathologique ou fonctionnelle.
Dysphagie : quand consulter ?
Dès lors que le blocage persiste et d’autant plus s’il s’accompagne d’autres symptômes tels que l’hypersalivation, des douleurs au niveau du thorax et une sensation d’étouffement, consultez.
En cas de dysphagie haute, un examen ORL est d’abord pratiqué, afin de vérifier une éventuelle anomalie du pharynx ou des amygdales. Quel que soit le type de dysphagie, une endoscopie digestive haute est effectuée pour vérifier l’état de la muqueuse et détecter une possible sténose. Des prélèvements ont lieu à cette occasion pour préciser le diagnostic. Si l’endoscopie est normale, des examens plus spécialisés sont prescrits : la manométrie œsophagienne, notamment. Cet examen permet de repérer plus facilement un éventuel trouble moteur au niveau de l’œsophage. Autre examen possible : une radiographie avec ingestion d’un liquide radio-opaque, afin d’étudier sa progression dans l’œsophage, repérer une éventuelle tumeur et évaluer l’étendue de cette dernière.
Comment soigner une dysphasie ?
La dysphasie étant un symptôme, c’est en soignant sa cause qu’il sera possible de le supprimer. En cas de trouble fonctionnel, mais aussi en présence d’une tumeur, il est possible de les traiter par la chirurgie ou l’endoscopie, selon les cas. Cette dernière solution s’applique également en cas de diverticule de Zenker.
En cas de sténose, il est possible de la dilater pendant l’endoscopie digestive, à l’aide de ballonnets. Le gastro-entérologue peut également choisir de placer une prothèse provisoire ou définitive, afin de faciliter le passage des aliments. Si la sténose est due à des RGO, la prescription de médicaments pour réduire les sécrétions acides de l’estomac peut être utile.