Dès le réveil ou au fur et à mesure de la journée, la fatigue se fait ressentir. Mais pas n’importe laquelle : vous ressentez l’envie de dormir en permanence ! Il est même possible que vous somnoliez par moments. Quelle pathologie peut expliquer ce trouble et comment y remédier ? Décryptage.
Vous avez envie de dormir tout le temps ? Vous souffrez de somnolence diurne
La somnolence diurne, autrement dit la somnolence dans la journée, se caractérise par une forte envie de dormir durant le jour. Votre état d’éveil diminue, le besoin de dormir n’est pas désiré mais impérieux. Il se manifeste quotidiennement et représente une gêne, d’autant plus lorsque cette envie irrésistible de dormir survient à des moments inattendus. De véritables moments de sommeil, plus ou moins récupérateurs, surviennent quelquefois.
Notez que ressentir un état de somnolence est normal à certains moments de la journée :
• Le soir, peu avant l’heure du coucher ;
• Après le déjeuner ;
• Après une soirée festive ;
• Après une nuit blanche…
L’état de somnolence est également plus fréquent chez les personnes âgées dont le rythme du sommeil se modifie.
Quant à la somnolence diurne en tant que telle, 20 % de la population française serait concernée, d’après l’Assurance maladie. Le problème, c’est que ce trouble peut avoir de conséquences plus ou moins graves :
• Augmentation du risque d’accidents domestiques, de la route ou du travail.
• Diminution des performances professionnelles ou scolaires.
• Des difficultés sociales ou familiales.
Sans compter tous les risques que le manque de sommeil provoque sur la santé.
Somnolence diurne : quels symptômes ?
La somnolence diurne peut se manifester de différentes manières :
• Vous avez envie de dormir en permanence et éprouvez donc des difficultés à vous concentrer et à faire preuve d’attention.
• Dès le matin, vous avez l’impression d’être mal réveillé(e) et d’être incapable de réfléchir si « tôt », sauf si vous arrivez à dormir au moins 10 à 12 heures par nuit. Vous pouvez également avoir cette impression après une sieste.
• Vous vous endormez involontairement plusieurs fois dans la journée, en particulier dans une ambiance calme ou si vous êtes passif. Ou, plus grave, dans des situations qui ne s’y prêtent (vraiment) pas : en conduisant, au travail, en classe, etc. Ces endormissements peuvent être incontrôlables ou évités par un mouvement, quelques pas ou le fait de parler…
• Vous avez besoin de vous allonger pour faire une sieste plusieurs fois dans la journée, mais cela ne vous apporte aucun bénéfice ou soulagement.
Envie de dormir tout le temps : qu’est-ce qui la provoque ?
Avoir envie de dormir tout le temps signifie bien sûr que vous ressentez de la fatigue, qui peut être liée à plusieurs causes, parfois inattendues !
Le manque de sommeil
Il est considéré comme l’un des « fléaux du 21e siècle ». L’insuffisance de sommeil ou la privation chronique de sommeil correspond donc à une durée de sommeil insuffisante (on parle de « dette de sommeil »). En 2017, 46,5 % des adultes étaient concernés en France (Assurance maladie). L’insuffisance de sommeil s’accompagne aussi de signes divers :
• Des troubles de l’attention et de la concentration ;
• Une baisse de vos performances ;
• Des troubles de l’humeur, comme de l’irritabilité et de la lassitude ;
• Un état de fatigue chronique ;
• Des maux de tête ;
• Un surpoids ;
• Des douleurs multiples ;
• Une plus grande sensibilité aux infections en raison d’une baisse des défenses immunitaires.
La prise de certains médicaments
Nombreux sont les médicaments à perturber les mécanismes du sommeil et donc à être responsables de somnolence diurne. C’est notamment le cas des :
• Sédatifs hypnotiques ;
• Neuroleptiques ;
• Antidépresseurs et anxiolytiques ;
• Opiacés et amphétamines ;
• Antihypertenseurs ;
• Certains antihistaminiques ;
• Certains antiépileptiques ;
• Certains médicaments pour traiter la maladie de Parkinson.
Les apnées du sommeil
Elles passent parfois inaperçues… jusqu’à ce que l’un de vos proches vous le signale ou que ses conséquences perturbent votre quotidien. Les apnées du sommeil correspondent à des arrêts respiratoires brefs : 10 à 30 secondes pouvant se produire 5 à 30 fois au cours d’une heure de sommeil. Ce trouble s’accompagne généralement de ronflements. Les micro-réveils qui se produisent alors pour rétablir la respiration peuvent entraîner une fatigue chronique et donc un état de somnolence diurne.
Des mouvements périodiques des membres inférieurs
Il s’agit du syndrome des jambes sans repos, ou « impatiences » : un besoin irrépressible de bouger ses jambes lorsqu’on est au repos et donc aussi durant son sommeil, sous peine de ressentir des sensations désagréables comme des picotements ou des fourmillements. Pendant la nuit, ce syndrome peut aussi s’accompagner de secousses musculaires involontaires, perturbant fortement le sommeil.
Des pathologies du sommeil
La narcolepsie de type 1 et de type 2 provoquent tout particulièrement de la somnolence diurne. Cette maladie du sommeil est rare et d’origine multifactorielle. Elle apparaît généralement entre 10 et 30 ans et s’explique par la dégénérescence de neurones impliqués dans les mécanismes du sommeil. Principal symptôme de la narcolepsie ? La somnolence diurne, justement, avec des épisodes d’endormissement irrésistible d’une dizaine de minutes, le tout accompagné d’une perte brusque du tonus (cataplexie) en cas de narcolepsie de type 1. Ce qui peut rendre cette pathologie aussi surprenante, c’est que ces symptômes se manifestent généralement à la suite d’une émotion agréable.
Autre pathologie du sommeil pouvant expliquer l’apparition de somnolence diurne : l’hypersomnie idiopathique. Cette maladie rare elle aussi est de cause inconnue. Dans ce cas, le sommeil de nuit est rallongé (mais ce n’est pas systématique) et l’état de somnolence voire d’assoupissements persiste dans la journée.
D’autres pathologies associées
• Une maladie psychiatrique : trouble bipolaire ou trouble anxieux grave.
• Une maladie neurologique : à la suite d’un traumatisme crânien ou d’un AVC, en présence d’une tumeur, de la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou de la sclérose en plaques.
• Une maladie endocrinienne ou métabolique : diabète, insuffisance rénale chronique, hypothyroïdie, cirrhose du foie…
• Une maladie infectieuse comme la mononucléose ou une hépatite.
• En cas de fibromyalgie ou plus généralement, en présence d’un syndrome de fatigue chronique.
Somnolence diurne : quelle prise en charge ?
Prenez rendez-vous avec votre médecin traitant dès que les épisodes d’assoupissement diurne se répètent, et d’autant plus si votre besoin de dormir la journée n’est pas lié à un manque de sommeil.
Le diagnostic
Votre médecin commencera par vous interroger sur le contexte et les caractéristiques de votre somnolence diurne. Il prendra également en compte vos antécédents médicaux. Il peut être amené à vous demander de tenir un agenda de vigilance et de sommeil pendant 2 à 3 semaines : vous devrez y noter vos heures de coucher, de lever, de réveils, ainsi que la manière dont vous percevez chaque journée et chaque nuit.
Différents tests effectués en parallèle permettent au professionnel de santé d’affiner son diagnostic, en déterminant la cause de votre somnolence diurne. Il peut également être amené à vous adresser à un neurologue spécialiste du sommeil, s’il l’estime nécessaire.
Ce dernier pourra vous faire passer un bilan de sommeil, composé de plusieurs examens :
• La polysomnographie qui enregistre votre sommeil pendant une nuit ou une nuit et une journée. Votre activité cérébrale, musculaire et vos mouvements oculaires sont plus particulièrement enregistrés à l’aide d’électrodes placées sur votre crâne et diverses parties du corps. Tous ces éléments permettent de suivre et d’évaluer la qualité et les phases de votre sommeil.
• Les tests itératifs de latence d’endormissement (TILE), qui s’effectuent en journée. Le patient est allongé dans une pièce sombre et calme afin de se laisser aller au sommeil qui sera enregistré. Au bout de 20 minutes de sieste, la personne est réveillée. 4 à 6 siestes sont effectuées au total et séparées par un intervalle de 2 heures. Cet examen est utile pour diagnostiquer la narcolepsie et évaluer la rapidité à s’endormir dans des conditions favorables.
• Les tests de maintien de la veille (TME) : vous êtes en position semi-allongée, dans une ambiance calme et sombre, et vous devez lutter contre l’endormissement pendant 20 minutes. Ces tests sont répétés toutes les 2 heures et permettent d’évaluer votre état de vigilance.
Quels traitements contre l’envie de dormir tout le temps ?
Le traitement est prescrit en fonction de la cause de la somnolence diurne :
• Si elle est due à un manque de sommeil, vous bénéficiez de conseils pour rallonger votre temps de sommeil et intégrer la sieste à votre quotidien.
• Si la cause du manque de sommeil et donc de la somnolence diurne est liée à des insomnies, un traitement adapté doit être mis en place.
• Si l’envie de dormir est liée à la prise de certains médicaments, ces derniers sont arrêtés et le traitement modifié avec un produit présentant moins d’effets secondaires.
• Si la cause est liée à des apnées du sommeil, votre médecin peut vous prescrire des orthèses réalisées sur-mesure et à porter dès que vous vous couchez. Autre possibilité : mettre en place une ventilation nocturne en pression positive continue (PPC) dans les voies aériennes supérieures.
• Si la somnolence est liée à une pathologie préexistante, c’est cette dernière qui est traitée en priorité : mise en place d’un traitement adapté ou modification d’un traitement déjà instauré.
• En cas de pathologie du sommeil, un traitement spécifique doit également être prescrit. Il a pour but de stimuler les fonctions de la vigilance.
Conseil bien-être – Comment bien faire la sieste ?
Naturelle pour les bébés, les jeunes enfants et les personnes âgées, mais un peu moins pour les adolescents et les adultes, la sieste présente pourtant de nombreux bienfaits ! En particulier si la durée de votre sommeil est insuffisante. La sieste doit idéalement avoir lieu en début d’après-midi (entre 12h et 15h) et être de courte durée : 20 minutes maximum afin de ne pas perturber votre sommeil nocturne. Pour l’effectuer, un lit n’est pas indispensable. La sieste peut aussi être pratiquée en position semi-allongée voire assise, à condition de ne pas tomber !