Au moins 2,6 millions de Français de plus de 65 ans sont concernés par l’incontinence urinaire. Un chiffre sans doute plus élevé car peu de sujets plus jeunes consultent pour ce motif. Notre dossier.
Qu’est-ce que l’incontinence urinaire ?
Plus communément appelée « fuite urinaire », l’incontinence urinaire qualifie la perte involontaire d’urines par l’urètre. Il s’agit d’un trouble très fréquent, qui peut avoir de nombreuses répercussions sur la qualité de vie.
La miction ou émission d’urine : un mécanisme bien rodé
Fabriquée par les reins, l’urine s’écoule à travers des conduits appelés uretères, jusqu’à la vessie. Cette dernière se remplit au fur et à mesure de la production des urines, jusqu’à un certain volume : l’envie et le besoin d’uriner apparaissent alors. Mais un mécanisme se met en place pour empêcher l’urine de s’écouler : le sphincter de l’urètre (un muscle permettant à ce canal de se resserrer ou de se détendre) et les muscles du périnée se contractent. En cas de miction, ces muscles se relâchent volontairement et ceux de la vessie se contractent pour permettre à l’urine de s’évacuer. Bien contrôlée, la miction peut être interrompue par une contraction volontaire du sphincter de l’urètre et des muscles du périnée.
Les deux types d’incontinence urinaire
En fonction du mécanisme qui la provoque, deux types d’incontinence urinaire se distinguent : l’incontinence urinaire d’effort (la plus fréquente. A ne pas confondre avec une vessie trop pleine qui se vide goutte après goutte : la miction par regorgement) et l’incontinence urinaire par impériosité, également appelée hyperactivité de la vessie. Dans de nombreux cas, ces deux types d’incontinence sont associés : on parle alors d’incontinence mixte.
Incontinence urinaire : les différentes causes possibles
Les causes de l’incontinence urinaire sont variées. Tour d’horizon.
Incontinence urinaire : une histoire d’âge
C’est souvent la cause principale : une femme sur trois âgée de plus de 70 ans serait concernée, de même que 8% des hommes de plus de 70 ans et plus de 28% des hommes âgés de plus de 90 ans. Chez les femmes, il arrive souvent également que l’incontinence urinaire soit une conséquence de la ménopause.
L’incontinence urinaire de la femme enceinte ou post-accouchement
L’incontinence peut toucher la femme en fin de grossesse, à plus forte raison en cas de grossesse multiple. Il s’explique par le poids et la taille plus importants du fœtus pesant sur l’appareil urinaire. La miction incontrôlée est le plus souvent provoquée par un effort : tousser, éternuer, soulever quelque chose… Une situation qui peut d’autant plus se rencontrer après l’accouchement, en particulier si ce dernier s’est avéré difficile : utilisation de la ventouse ou des forceps, ou encore déchirure périnéale.
Quand une mauvaise hygiène de vie est en cause
Certaines situations liées à l’hygiène de vie, et donc remédiables, favorisent l’apparition de fuites urinaires :
- L’obésité et le surpoids ;
- La réduction soudaine d’une activité physique ;
- A l’inverse, la pratique intense d’une activité physique qui provoque des pressions répétées sur le périnée : marathon, haltérophilie, trampoline…
- La consommation excessive de liquides, de caféine, d’alcool ;
- Le tabagisme ;
- La prise de certains médicaments comme des diurétiques ou des sédatifs.
Les pathologies pouvant provoquer l’incontinence urinaire
Un certain nombre de pathologies peuvent avoir pour conséquence une incontinence urinaire d’effort ou par hyperactivité de la vessie :
- La constipation chronique ;
- La toux chronique ;
- Un prolapsus génital, plus communément appelé « descente d’organes, favorisé par de nombreux accouchements ou par la ménopause, dans certains cas.
- Une cystite aiguë ou infection urinaire ;
- Une pyélonéphrite aiguë : une infection bactérienne située dans un rein et allant jusqu’à l’uretère. Elle est souvent la complication d’une cystite aigüe.
- Un cancer de la vessie ;
- Un rétrécissement de l’urètre ;
- Une maladie neurologique : sclérose en plaques, maladie de Parkinson, d’Alzheimer, paraplégie.
L’incontinence urinaire comme effet secondaire d’interventions médicales
Toute intervention chirurgicale concernant le petit bassin ou l’abdomen peut causer de l’incontinence urinaire par la suite. Cela peut également être le cas après une chirurgie de la prostate et une radiothérapie du bassin.
Comment soigner l’incontinence urinaire en fonction de sa cause
Vous souffrez d’incontinence urinaire, avec des conséquences sur votre qualité de vie ? Il est nécessaire de consulter votre médecin traitant ou votre urologue, afin d’en déterminer la cause et de vous recommander la prise en charge adéquate. En fonction de votre situation, votre médecin peut être amené à vous prescrire un examen des urines, une échographie abdomino-pelvienne, ou encore un bilan uro-dynamique.
Modifier votre hygiène de vie
Si les fuites urinaires sont liées au surpoids ou à l’obésité, il est nécessaire de perdre du poids. Arrêter de fumer est bien sûr particulièrement recommandé, quelle que soit votre situation.
Si c’est une constipation chronique qui est l’origine de l’incontinence urinaire, un certain nombre de mesures hygiéno-diététiques peuvent être mises en place avant la prescription d’un traitement médicamenteux.
La rééducation périnéo-sphinctérienne
Il s’agit du principal traitement en cas d’incontinence urinaire d’effort, bien qu’elle soit également recommandée en cas d’incontinence urinaire par hyperactivité de la vessie. Elle est réalisée par un kinésithérapeute ou par une sage-femme s’il s’agit d’une incontinence pendant la grossesse ou après un accouchement. Elle a pour but de renforcer la solidité des muscles du périnée au sein du plancher pelvien. En parallèle des séances, des exercices à effectuer vous-même aussi souvent que nécessaire vous sont expliqués par le professionnel de santé.
Les traitements médicamenteux
Les traitements par médicaments ne sont prescrits qu’en cas d’incontinence urinaire par hyperactivité de la vessie ou incontinence urinaire mixte. En effet, ils ne sont pas efficaces en cas d’incontinence urinaire d’effort. Ceux-ci consistent en la prise d’antispasmodiques, dont l’objectif est de diminuer les contractions et les spasmes des muscles digestifs et génito-urinaires.
Autre traitement possible pour les femmes : un traitement local vaginal par œstrogènes, en cas d’incontinence liée à la ménopause et accompagnée de sécheresse vaginale.
Incontinence urinaire : quand la chirurgie est-elle recommandée ?
Si les fuites urinaires persistent malgré les différents traitements mis en place, une intervention chirurgicale peut être proposée. Plusieurs techniques sont alors possibles :
- La mise en place d’implants de renfort ou bandelettes sous-urétrales, en soutien à l’urètre pendant l’effort ;
- L’installation de ballons qui s’ajustent pour comprimer l’urètre juste après la vessie ;
- Des injections d’agents comblants au sein du périnée et de l’urètre ;
- La mise en place d’un sphincter urinaire artificiel.
Des techniques plus spécifiques peuvent également être proposées en cas d’incontinence urinaire par hyperactivité de la vessie :
- Une neuromodulation (stimulation effectuée à l’aide d’un courant électrique continu) des racines nerveuses sacrées. Situées dans le bas du dos, ce sont elles qui innervent la vessie et les muscles de l’appareil urinaire.
- Des injections de toxine botulique (une substance sécrétée par une bactérie) dans le muscle vésical.
Quelle que soit la technique utilisée, l’intervention se déroule généralement en ambulatoire. Un rendez-vous de contrôle est prévu un mois après l’opération, puis dans un délai d’un an.