Maternité : comment réagir en cas d’allaitement difficile ?

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Près de 67 % des femmes allaitent leur bébé en France, d’après une étude du Ministère de la Santé. Un pourcentage plutôt à la baisse, notamment en raison des difficultés qui peuvent être rencontrées. Quelles sont les causes d’un allaitement difficile et comment y remédier ? Décryptage.

 

Allaitement : le choix idéal pour votre bébé

Quelle que soit sa durée, l’allaitement est toujours bénéfique pour votre bébé et représente le choix d’alimentation idéal. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) recommande l’allaitement exclusif durant les 6 premiers mois de vie du nourrisson et d’allaiter 2 ans au total, en parallèle de la diversification alimentaire.

 

L’allaitement présente de nombreux bienfaits pour le bébé et pour sa mère :

  • Le lait maternel contient tous les éléments nécessaires au développement et à la croissance du nourrisson, dès sa naissance.
  • Sa composition s’adapte en fonction des besoins du bébé : selon son âge ou son état de santé (si votre enfant est atteint d’une affection, le lait maternel se modifie de manière à lui fournir les anticorps nécessaires pour le soulager !) mais aussi au cours d’une seule tétée : au début le lait est plus riche en lactose, puis en graisses.
  • En outre, le lait maternel protège le bébé contre les infections et les risques d’allergie, grâce aux anticorps que sa mère lui transmet. Ainsi, les bébés allaités subissent moins d’otites, d’infections intestinales ou respiratoires.
  • L’allaitement protège votre enfant sur le long terme : les enfants et adolescents qui ont été allaités sont moins sujets à l’obésité, puis au diabète à l’âge adulte.
  • Les bébés allaités subissent également moins de troubles intestinaux tels que les coliques du nourrisson, car le lait maternel est facile à digérer. C’est la raison pour laquelle il est particulièrement recommandé aux bébés prématurés.
  • D’un point de vue émotionnel, l’allaitement aide le bébé à se sentir rassuré et réconforté : cela nourrit aussi sa confiance en lui et son besoin d’affection.
  • Du côté de la mère, l’allaitement lui permet de mieux récupérer suite à l’accouchement : l’utérus reprend plus rapidement sa place.
  • Cela diminue les risques d’apparition de certaines pathologies : cancer du sein et de l’ovaire, maladie cardio-vasculaire, endométriose, diabète.
  • L’allaitement possède également des vertus émotionnelles pour la maman : cela renforce ou contribue à créer son lien d’attachement avec son bébé, du fait de la libération d’hormones contribuant au bien-être, comme l’ocytocine.

 

Mais attention, cela ne signifie pas que l’allaitement au biberon soit mauvais pour votre bébé, loin de là ! C’est avant tout votre choix de maman et uniquement le vôtre.

 

Allaitement : des débuts souvent difficiles

Même si le corps se prépare à l’allaitement dès le quatrième mois de grossesse en fabriquant le « premier lait » (le colostrum), réussir à allaiter n’a rien d’inné. Apprendre à allaiter se fait donc souvent sur le tas après l’accouchement, ce qui peut donner lieu à des difficultés diverses.

 

D’un point de vue biologique, si vous souhaitez allaiter votre bébé, rassurez-vous : votre corps est conçu pour y parvenir. Dès sa naissance, il peut bénéficier des bienfaits du colostrum, riche en protéines, en anticorps et facile à digérer. Plus le bébé est mis au sein, plus la montée de lait apparaît rapidement : d’abord le lait dit « de transition », suivi du lait maternel en tant que tel. Cette montée de lait survient au bout de 24 à 48 heures après l’accouchement si le nouveau-né tète le plus souvent possible.

 

Allaitement difficile : pourquoi ?

Bien que le déroulé de l’allaitement soit naturel, plusieurs difficultés peuvent le perturber. A commencer par le manque d’informations à ce sujet !

 

Les causes les plus fréquentes d’un allaitement difficile sont :

 

#1 De mauvaises positions d’allaitement

Allaiter (et téter), ça s’apprend ! Certaines positions d’allaitement, pourtant parfois recommandées, ne facilitent pas toujours une bonne prise au sein de votre bébé. A terme, elles peuvent aussi provoquer chez vous des raideurs voire des douleurs au dos, aux épaules ou dans les bras.

 

La position idéale pour inciter votre bébé à prendre le sein consiste en fait à le porter comme si vous souhaitiez le mettre en peau-à-peau. Puis, inclinez-vous en arrière, après avoir installé coussins et oreillers autour de vous, de manière à être la plus soutenue et confortable possible. Cette position semi-allongée est finalement comparable à celle que vous aviez en salle de naissance. Votre bébé est alors à plat ventre sur vous : placez-le de manière à ce qu’il se retrouve face au sein et puisse ainsi le prendre seul et le plus naturellement possible.

 

#2 Une mauvaise succion du bébé

La plupart du temps, une mauvaise succion du bébé est liée à une mauvaise position. Mais il se peut aussi que votre bébé ne prenne pas le sein correctement. Pour bien téter, il doit avoir une bonne partie du sein dans la bouche et pas seulement le mamelon. Dans certains cas, si le problème de succion persiste malgré de bons positionnements, il est possible que le nourrisson ait besoin qu’un médecin libère son frein de langue, pas assez mobile et alors qualifié de restrictif. Mais cela reste toutefois assez rare. Parlez-en à votre pédiatre.  

 

#3 Les douleurs et des lésions

Les deux points précédents en sont souvent les causes, mais ces douleurs peuvent aussi dépendre de votre sensibilité et de la force avec laquelle tète votre bébé. Certaines femmes subissent des lésions, plus communément appelées crevasses, des gerçures pouvant parfois saigner. Elles sont dues à une mauvaise succion prolongée du bébé, à de mauvaises positions d’allaitement ou à de fortes pressions de la langue du bébé sur une même zone. Dans ce dernier cas, changer fréquemment de position ou de sein (si un seul est touché, notamment) permet de les soulager plus rapidement.

 

Sachez que ressentir des douleurs au niveau des seins est fréquent durant les premiers temps d’allaitement, même si toutes les conditions sont réunies pour le réussir. Il s’agit d’une étape difficile, mais passagère : accordez-vous le temps de trouver votre rythme et de vous habituer. Lorsque le rythme des tétées est bien intégré et que votre bébé prend tout le lait dont il a besoin, ces douleurs disparaissent spontanément dans la majorité des cas.

 

#4 Les conditions de l’accouchement

Certaines situations d’accouchement peuvent perturber les débuts de l’allaitement :

  • Si votre accouchement a été difficile, avec l’utilisation d’instruments tels que la ventouse ou les forceps pour faire naître votre bébé, ce dernier peut avoir besoin de dormir davantage pour récupérer des forces. Résultat ? En dormant plus, il est moins au sein et se nourrit donc moins : la montée de lait met davantage de temps à arriver et le bébé peut perdre un peu plus de poids que prévu (pour rappel, une perte de poids d’environ 6 à 8% de son poids de naissance est normale pour un nouveau-né).
  • Si vous avez été séparée de votre bébé dès sa naissance, sans avoir eu le temps de pratiquer un peau-à-peau ou de lui donner sa « tétée d’accueil » dans l’heure qui a suivi sa venue au monde. Et ce, en raison d’un accouchement par césarienne ou d’une prise en charge spécifique dont il a dû bénéficier dès sa sortie.
  • Si votre bébé a été refroidi ou a eu besoin de manœuvres de réanimation dès sa naissance, ce qui a pu retarder votre premier contact direct avec lui.
  • Si vous avez subi certaines complications de l’accouchement telles qu’une hémorragie du post-partum ou une rétention placentaire.

 

#5 La quantité de lait

Certaines femmes possèdent beaucoup de lait rapidement. Mais la mise au sein, la prise du sein et le nombre de tétées sont parfois insuffisants pour tout consommer. Il est alors possible de subir des écoulements de lait plus ou moins importants en-dehors des tétées ou un engorgement : le sein est gonflé de lait au point d’être douloureux, rouge, parfois même un peu chaud. Dans ce cas, la solution consiste à extraire ce surplus de lait : en proposant le sein à votre bébé plus que d’habitude ou en tirant votre lait. Attention : ne jetez pas votre lait si vous le pouvez, il est surnommé « l’or blanc », ce qui en dit long sur sa valeur ! Si vous ne pouvez pas le stocker, sachez qu’il est possible d’en faire don auprès du lactarium le plus proche de chez vous. Il bénéficiera à un autre enfant.

 

Une autre conséquence d’une trop grande quantité de lait est le réflexe d’éjection puissant (REP) qui survient lors des tétées et peut incommoder votre bébé. Le débit de lait est alors trop rapide pour lui, formant un véritable jet dans sa bouche. Le bébé ne peut plus suivre le rythme.

 

A l’opposé, la production d’une quantité insuffisante de lait est une situation également possible, qui peut découler en particulier de :

  • L’état de santé de la mère
  • L’état de santé du bébé
  • Les conditions de l’accouchement
  • Des tétées insuffisantes
  • Un allaitement mixte

 

Si c’est votre cas, rassurez-vous, plusieurs solutions permettent de nourrir votre enfant tout en stimulant votre lactation en parallèle, de manière à ce que vous puissiez finir par allaiter exclusivement votre bébé, si vous le souhaitez.

 

Allaitement difficile : comment y remédier ?

Malgré les difficultés rencontrées au début de l’allaitement, aucune d’entre elles n’est irrémédiable et plusieurs solutions sont envisageables.

 

L’allaitement à la demande : à privilégier

L’allaitement à la demande consiste à proposer le sein à votre bébé dès que vous en avez l’occasion, en particulier lorsqu’il se réveille et avant même qu’il ne se mette à pleurer. Car pour stimuler le lait maternel, la clé est de mettre le nouveau-né au sein le plus souvent possible : plus un bébé tète, plus il « appelle » le lait, naturellement. Autrement dit, plus vous mettrez votre bébé au sein, plus il aura des chances de téter et plus vous aurez de chances de fabriquer la bonne quantité de lait.

 

Le peau à peau : un appel à la tétée !

C’est un geste à pratiquer dès la naissance de votre bébé : ainsi posé contre vous, il s’imprègne de votre odeur, des battements de votre cœur, de votre chaleur et vous, des siens. Il dépose ainsi sur vous des éléments dans lesquels il aura baigné pendant neuf mois, en particulier le liquide amniotique. Une odeur qu’il reconnaîtra systématiquement et par laquelle il sera attiré facilitera son attirance vers le sein, qu’il aura le réflexe de saisir, comme tous les petits mammifères. En outre, le peau-à-peau vous rassure mutuellement, crée et renforce votre lien d’attachement : un véritable stimulant pour le lait maternel et un grand bain d’ocytocine, hormone nécessaire à la bonne production de lait, entre autres !

 

Colostrum et lait maternel : des bienfaits aussi pour vous

En cas de lésions et de crevasses aux seins, sachez que vous êtes dotée du meilleur remède naturel qui soit : votre propre colostrum ou lait, dotés de grandes vertus cicatrisantes. Il vous suffit d’en tirer une petite quantité, en déposer sur la zone atteinte et la masser, comme une pommade. Un geste que vous pouvez reproduire autant de fois que nécessaire.

 

Allaitement difficile : les équipements pour vous aider

Les équipements d’allaitement sont variés et adaptés à chacune des difficultés d’allaitement que vous pourriez rencontrer :

  • Le tire-lait peut vous aider à stimuler votre lactation, à stocker du lait en dehors des tétées (notamment si votre bébé doit reprendre rapidement du poids), à alterner les moyens de nourrir votre bébé si vous éprouvez des douleurs, ou à vider vos seins plus rapidement s’ils sont engorgés. Un outil indispensable pour les mères allaitantes, à condition de choisir les téterelles (sortes de « ventouses » faisant partie du tire-lait, à fixer autour du mamelon) à la bonne taille.
  • Les coussinets d’allaitement en coton sont utiles si vous avez beaucoup de lait et subissez des écoulements conséquents en-dehors des tétées. Mais attention aux risques d’assèchement qu’ils peuvent provoquer : pensez à hydrater vos seins en parallèle, grâce à votre propre colostrum ou lait, ou à une pommade spéciale et compatible avec l’allaitement. Demandez conseil à votre pédiatre ou à votre sage-femme.
  • Les bouts de sein ou membranes en silicone, à porter durant les tétées, peuvent soulager certaines mères qui souffrent de douleurs ou de crevasses. Mais pour cet équipement aussi, la taille doit être adaptée. De plus, votre lactation peut alors être moins stimulée, puisque le bout de sein en silicone agit comme une « barrière » entre la bouche de votre bébé et votre sein.
  • Le DAL (dispositif d’aide à la lactation) est une aide efficace en cas de manque ou de baisse de lactation. Il fonctionne par le système des vases communicants et consiste en un flacon duquel sort une fine sonde qui sera fixée sur le sein. Au moment de téter, le bébé prend cette fine sonde en bouche, en même temps que le sein de sa mère. Résultat ? Durant sa tétée, il reçoit à la fois le lait provenant de ce dernier et le lait provenant du flacon. En outre, les compléments de lait dont peut avoir besoin le bébé sont également placés dans le flacon, ce qui ne menace alors en rien l’allaitement.

 

Allaitement difficile : l’importance de l’accompagnement

Nombreuses sont les mères qui manquent d’informations et de soutien au sujet de l’allaitement. Pouvoir poser toutes leurs questions et être accompagnées quotidiennement par des professionnels spécialisés en allaitement et en lactation est primordial.

Conseillères en lactation, sage-femmes, auxiliaires de puériculture et pédiatres spécialisés en allaitement, mais aussi associations de mères allaitantes ou regroupant des professionnels de santé accompagnants sont d’une aide précieuse durant la période de mise en place de l’allaitement.

 

Si vous êtes enceinte et projetez d’allaiter au sein votre enfant, renseignez-vous avant la naissance sur toutes ces questions et trouvez vers qui vous tourner si besoin, afin de ne pas être prise au dépourvu !